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E C L IP T E , E c l ip t a .
Genre de plantes de la famille des Corymbi-
fères , & voifin des Bidens ; il eft compofé de
plantes herbacées de peu d’apparence , & remarquables
par leurs femences nues portées par
un difque couvert de paillettes.
EJpèces»
i . E clipte droite.
Eclipta ereda. L. q* De l’Amérique.
2. Eclipte ponéluée.
Eclipta pundata. L. © Dès lieux inondés &
maritimes de Saint - Domingue & de la Martinique.
3. Eclipte couchée.
Eclipta profiata. L. © Des Indes orientales,
dans leyardins & les terres abondantes en
ferreau.
&. Ecliptica Rumpk. D’Amboine & de la Co-
chinchine oùLoureiro la défigne fous le non d’fs-
clipta ereda.
Ces trois plantes font des herbes dont les tiges
fe ramifient & portent leurs fleurs à Fai {Telle des
feuilles fupérieures : les feuilles font d’un vert
foncé , âpres au toucher , d’une forme entière, j
quoique dentées fur les bords ; lorfqu’on les
frôifle , elles rendent un fuc noir qui les
eoîore lorfqu’on les fécher Cette couleur, qui eft
très-pénétrante', eft employée aux Indes pour
teindre les cheveux -, elle leurs donne, même
à ceux qui font gris de vétnffé, une teinte noire
très - belle. La faveur de l’Eciiptë- couchée eft
déiàgréable ; cependant les habitans de l’Ifle
Baleya la mangent comme oîéraeéé , en la
mêlant avec d’autres- herbes.
Culture.
Les Ecîiptës aoutent leurs graines dans nos
climats, même en pleine terre lorfque Fan-
remue eft belle. Cependant il eft toujours bon
d’en avoir en, vafe pour les placer fous chaiïis
ou dans l’orangerie , lorfque des froids hâtifs
viennent interrompre dé bonne heure Ta végétation.
On feme les graines au prinrems, fous chaflist
lorfque le jeune plant à acquis de là force , ôif
le lève, eu laiffanr, autant qu’on le peut ,' de.
la terre autour des racines/,.& on le met dans
la place qu’il doit occuper pendant l’ été. Il,
fleurit vers ta- fin de cette faifon.
Lés Ecliptes ont peu d’apparence & ne font
gué res cultivées que dans lès Jardins de Botani-
qu>* : la petite fie de leurs fleurs les exclùd des
parterres. (X. J£e y n ie r .')
E C L
ECL ISSE, qu’on nommé en certains endroits
Cageret, Cabaret •; c’cft un moule »à-fromage ,
dans lequel on làiffe égoutter lie1 petit lait. Il
y a des Edifiés rondes, en coeur, quarrées Sic.
Elles font faites ordinairement de bois, & ail
fond .garnies d’olier & à claire voie * on fe fert
aufli d’Eçliffes de faïence. On doit les tenir toujours
très-proprement. ( T e s s ier . )
ECOBUE. Infiniment propre à écobuer, ou
à peler la terre pour la brûler & en répandre
les cendres. Voye\ le Didionnaire des outils &
injîrumens aratoires. ( T e s s ie r .')
E C O B U E R .
« C’eft enlever la fuperfide dun terrein ,
chargé de plantes à un ou plulieurs pouces d’épaifi
feur, couper ces tranches quarrément, en former
de petits fours , y mettre le feu & répandre
enfuite cette terre réduite en cendre fur
le fo l; tel eft le fommaire de l'opération.»
« On écobue de deux manières, ou à bras
d’honime, en fe* Ervant de l’Ecobue, nommée
Trauque dans quelques-unes de nos Provinces,
ou avec la forte charrue à verfoir, ( Voye^ ce
mot ) là dernière eft la plus économique , &
n’eft pas la meilleure. »
» On écobue ordinairement les friches chargées
de bruyères & .de'mauvaifes herbes : les
piairies deftinées à être converties en terres à
grains, au moins pendant quelques années : les
luzernières, les e (parce très qu’on veut dérompre
&c. Le grand ai t. de l’écobuâge. eoclifte à en—'
lever feulement la portion de terre pénétrée
par les racines portion Amplement rerreufe
devient inutile. »-
ce Le grand art eft encore de conferver à-
ces tranche; toute la terre, attachée aux racines,
foie q-u’on les enlève avec FEcobue ou avec la-
charrue. On les. coups enfuite quarrément, &
après les avoir laifié lécher _ait; foleil,. elles font
difppfées les unes fur les autres, ou quarrément
ou en rond, & forment de petits fourneaux. Il
faut obférver q u e . la partie inférieure de la-
tranche, foir.à l’extérieur du fourneau, & que.
la fupérieure chargée, d’h e rb e s fo it dans Tintée
rieur. On met le feu au milieu de ce fourneau’
rempli d'herbes ou de feuilles,, & la petite ouverture
qui lui- fert de.porte, eft prefque bou-
I chée., afin de ne point établir de courant de
flamme , mais un feu étouffé qui gagnera len—
rement de proche -en proche ,. &. confumera,
les racine; jufqu’à l’extérieur 4e la tranche. On,
doit phifieurs fois dans la journée vifuer, fes-
foumeaux, afin de hpueher.-exactement les ger->
curés; eu crevafle? qui.s’y formerontfurement,
fi- le feu a trop d’aéliviré. La fninée pénétrera
, la terre , comme L’eau pénètre une éponge , &
fe diflipera peu-à-peu dans le vague de l’air.
J ’ai vu des Agriculteurs mouiller extérieurement
res fourneaux avant d’y mettre le f d i , & pétrir
la terre tout autour. Cette opération eft
fort bonne, lorfque beau eft dans le voifinage :
on lute, pour ainli dire; les tranches les 11 nés
contre les antres; car c’eft toujours'dans leur
point de réunion que la flammé s’ouvré un
paffage , lorfqifon ne prend pas 'cette précaution;
ou dû moins lorfque la terre n’eft pas
affez ferrée.dans ces endroits, s? , *
ce Ceux qui veulent promptement faire fécher
les tranches de ' terré , les réunifient les
unes contre les autres par leur fommet, & ainli
difpofées elles4 forment un triangle dont le fol
eft la bafe. De cette manière-, elles font de
tous les côté; -environnées d’un courant d’air,
qui aidé-par la chaleur du foleil, accélère 1%-t
vappration de l'humidité; Si on eft moins preffé,
cette opération eouteufe éftinutile,' le foleil feul
fuffit, excepté dans les provinces naturellement
froides, ou fous un ciel pluvieux. >5
ce Plusieurs jours après , lorfque: les fourneaux
ne fument plus |ij&' fur-tout lorfqu’en tirant
au dehors la tranche qui forinoit la porte, on
ne fent plus'en dedans aucune chaleur, c’eft
le moment de brifer l’ëdifiçé, de l’émietter
& de répandre uniformément les débris fur le
fol. 35
a Les avantages de l’Ecobuage fe réduifent,
ï.° a détruire les mauvaifes herbes & leurs femences
; z.° à fournir un engrais,; Examinons
actuellement lc-s vrais- réfui tais de cette opération,
& qu’elle iéfpèce de rerrein l’exige. 55
ce Lorfqu’on .écobue même à feu lent &
couvé,.on fent au loin une odeur défagréable
de corne brûlée * & fi Fon fe trouve dans l’at-
mofphère :de la fumée1, lès yeux cuifent & larmoient;
c’eft l’effet de l’acrimonie de cetteffu-
isiée. Il s’échappe' donc avec cette fumée, des
principes autres- que ceux de l’eau réduite‘ en
vapeurs. S'ils s’échappent, c’eft donc une fouf-
traCtion réelle des principes dont le fol auroit
été bonifié. Mais quels font ces principes? les
Volatils- les plus aCtifs & les- plus fpiritueux, fi
je puis m’exprimer ainli; c’eft1 la partie huileûfe
& animale, auparavant combinée avec les fels,
& il ne refte plus que les fels. Aéiueilérnent jë
• demandé fi les fels- feùls conftituènt la végétation?
voila donc de grands frais , de fortes dé-
penfès faites, uniquement pour fe procurer un
peu de cendVe-chargée de fel. Je ne crains pas
d’avancer, i.° que l’Ecobuage détruit les parties
animales, contenues dans la terre les,
parties huileufes des 'plantes ; 2.® que de leur
union avec les fels, la feve eft formée 7 3.0 que
le fel réfultant de cette opération eft plus nui-
fible qu’utile ; fila terre fur laquelle ori le répand
ne contient pas des (ubfiances huilèufes
& animales ; 4.0 que de la chaux -pulvérifëé'&
répandue fur le fol produifent le même effet;
5.0 que l’Ecobnage dans les Provinces voifines
de la mer eft confidérable, parce que la terre
eft chargée jde .fels, & quelle a befoin de fubf'
tances' graiflèiifes & Imileiifes. L ’Ecobuage oans
aucun de ces cas n’eft avantageux; 6.° que le
le. vrai, le feul & unique mérite de cette opération
, eft de priver la terre d'une grande quantité
de mauvaifes graines , & de la purger du
1Chiendent. ??
Des efpeces d e terreins à écobuer.
ce Plu fieu rs auteurs peu partifans de% l’éco-,
buagë, ont dit que la terre fe cuifoit en manière
,de briques, & d’autres, qu’êile fe vitrï-
fioit ; c’eft poufter la chofe à’ l’excès, ou ne
pas avoir l’idée ede l’opération. Un feu couvé
a trés-peu d’aélivité ; il faut un .grand courant
de flamme fourenu pendant plulieurs jours, pour
cuire hî brique , & fi on veut vitrifier les terres,
le feu doit être bien autrement violent & plus
long'; enfin , le feu pouffé à, fon plus haut degré,
on parviendrai vitrifier l’argile. Peut-on
faire la plus légère compar.aifon des petits fourneaux
d’écôbuagé , à ceux de chimie ou des
arts ? on veut renchérir fur ce qui a été dit
& l’on ne fait ce que l’on dit.
Des ter reins maigres.
ce t.® PJiis ils font maigres, monis ils font
chargés de fubftancès huileufes & animales, &
c’eft précifément parce qu’ils font pauvres en
principes qui conftituènt la terre végétale , qu’ils
font maigres ; . les ‘écobuer , c’e ft. les. amaigrir
encore, jj
ce Les terreins maigres & à bruyères, font
p-efque tous ferrugineux , & l’expérience la
plus décifive a démontré que.route la aerre fe r -
rugineiife devient plus fté r il e . 'après l’irîci n é ratio
n. Les terreins font maigres, parce qu’il y
a peu de liaifon entre leurs molécules. Ecobuer,
c’eft détruire enc.ore plusle lien de.leur.adhéfion. »
Des terreins f o r t s .
ci 2.0 Us font ou Tecs. o1i liiimidés, ou ar-
• gilleiix en differentes' proportions.
a Plus un fol , eft naturellement fec , phis.
il a . bèfoin d’engrais qui tiennent les parties
dïvifeès ; ‘les feh & les cendres produits par l’é-
cbbuage , font une pèîite, reftburce, La quantité
d’herbes , de racines qui les a fournis, enfouies
dans la terre par lès labours,, agiroient
mécaniquerhent pendant beaucoup plus de te ms,
fournirpiciît au fol la même quantité de fels ,
& ce qui vaudroit encore mieux, les fuhfiances
huileufes & favon’neufes, qui ont déjà fervi à
leur végétation. 35
ce L’écobuage des «terreins naturellement humides
, ne me paroît pas contraire aux bons
V ij