
par ces mots ; ce qui nous a paru avoir beaucoup
contribué a là mot talitf'dejdites b étés. Le dépôt
des Gobbes a été fait au Tribunal, pour pièces
de conviction.
Sur les informations, Pierre-François Penchon
a été décrété & mis en prifon, puis, après les
formes accoutumées, condamné a fix ans de galères
& en 1*500 livres de dommages &■ interets
envers Jean Laurent. Appel par l’acculé au
Tribunal d’Evreux, - pour être jugé en dernier^
reflort. Ce Tribunal foupçonant , avec raifon,
une condamnation injufte, prononcée par des
hommes peu éclairés, a dabord profité d’un défaut
de formes pour annulier la Sentence du
premier Juge, l’information & le décret de prife-
de-corps, & ordonner la relaxation de Pierré-
Francois Penchon , & vu le grand intérêt public
que préfentoit cette affaire, il a voulu, avant de
faire droit fur le fond, que par le directeur de
l ’Ecole Vétérinaire d’Alfort & ceux des Pro-
fefleurs de ladite Ecole qu’il defireroit s'adjoindre -,
il fut procédé par la voie d’analyfe, ou toute
autre à L’examen des Gobbes, dépofées au greffe
du Tri bunal pour en reconnoître la compofition
& favoir fl elles étoient l’ouvrage de l’homme
& l’effet d’un maléfice., ou une Ample opération
animale, & qu’ils donnaflent leur avis fur .la
poffibilité ou l’impoflibilité de faire périr les
animaux herbivores, fpécialement les moutons,
par dès Gobbes quelconques, &c.
L'examen des Gobbes a été fait à 1 Ecole Vé*
térinaire juridiquement & dansTes formes rigou*
reufes de Droit,' en préfence d’un homme de
L o i, repréfentant Penchon & de Jean Laurent.
M, Chabert, direCleur de cette Ecole, a donné
une confultation qu. contient dés"expériences,
& la Société d’Agriculture, invitée par M. Chabert
, a examiné la confultation, a donné fon
avis, & approuvé le rapport de deux- commiflaires
quelle avoit nommés pour lui en rendre compte.
Le Tribunal faifi de toutes ces pièces favorables
’ à l’accufé j a condamné les Laurent, pere & fils,
fes dénonciateurs, à 1500 livres de dommages
& intérêts envers Penchon ; il a ordonné- l'im-
preffion du-jugement à leurs frais jufqu’à 260-
exemplaii es, pour être' diftribués par Penchon,
& lui- fen ir de réparation , condamné lefdits
Laurent aux dépens envers Penchon, fupprimé
les -Mémoires des Laurent* comme injurieux &
diffamatoires, & enfin, pour donner à cette
affaire toute la publicité que Futilité générale
demande , 4 e Tribunal a arrêté qu’un extrait dû-
procès-verbal de l’examen des- Goblfés, fait à
l’Ecole Vétérinaire, ainfi que la confultation de
'M. Chabert, & l’avis de la Société d’Agriculture,
fuffenr tranferits à la fuite du jugement-, comme
en faifant partie,.& que le tout fût imprimé-
en placards & jufqu’à éoo exemplaires, pour être
affichés & diflribués. dans toute l’étendue des diftria
d'Èvf mx & de Bernay, & notamment dans
la-ville de Beanmont-le-Roger, & en la paroill«
de La Neuville-du- Bofc.
Les Juges étoient M. M. Bourlet-Vallée, Le
Boulanger, Damille Ville-Morin, Buzot, Du-
to c q i Branley, Engren, Le R o y , Prfilent.
Il réfulte de l’examen des Gobbes, fait à 1E-
cole Vétérinaire, qu’elles ne contenoiènt aucun
poifon, ni minéral, ni végétal -, mais quelles
étoient composes de laine, de débris de végétaux
& de matières terreufes; quelles n étoient
point enduites de poix , ni de b ra i, & que la
matière qui lés enveloppoir, étoit le produit des
fucs de la Caillette, quatrième eftomac des
moutons., -
Je vais tranferire prefqu’en entier la confub
tation de M .-Chabert & le rapport des-commit
faites delà Société d’Agriculture, parce que c eft
dans ces pièces , que fe trouvent les expériences
& les obfervations, propres'à détruire le préjugé,
trop répandu & trop enraciné fur ces prétendus
empoifonnemens de beftiaux par le moyen de
et Nous avons ehoifi-, .dit M. Chàbért, deux
jj brebis., dont l’une jouiftoir de là-meilleure
jj fan té y & l’autre étoit affeéféè d une toux
jj féehe,&avoir la refpiranon-très-laborieufe,.
Je au moindre exercice qu’on lui faifoit prendre.
jj On préfenta à la première deux boules de
jj. fiiaflé d’.une texture lâche & molle, & qui
jj av oient été trempées dans de l’eau falée, eue
jj les refufa d abord -, mais eir les- lui metrant-
jj a plufieurs reprifes dans la bouche, elle les a-
jj mâchées légèrement & les.a avalées, ptel—•
jj quaufli-tôt. On lui en donna deux autres
jj compofées de fa laine & enduites de m iel,
jj qu’elle’ a .prifes & avalées ; ou Un en donna
>j encoredeux autres., immédiatement après,-qui
jj étoient également compofées de fa lame
„ de miel & de f e l , & qn’elle avala avec la
„ même facilité que les dernières , ainli que
„ les deux autres enfin qui étoient également
,, compofées de fa laine & de miel avec addi-
jj tion de farine, jja.
On obfcrva eef animal pendant deux jours
fans qu’il montrât le moindre fymptôme maladif;,
après ce temps, on lui donna deux autres. Gobbesy,
dont laine étoit çompofée de fa laine & de poix
noire, enveloppée enfuite d’une pâte faite avec du
mie!-& ç)e la-farine5ï’autrerCümpofée; comme celleci
‘ "étoit roulée dans le fcL -, celles - ci- lurent
prifes par la brebis avec la même facilité que
les autres; mais en les mâchant elle fentit le
goût de- la poix & les' rejetta aufli-tôt : ce ne fut
qu’à force de les Ui remettre dans la bouche,
quelle les' avala & encore fallut-il la lui tenir
fermée pour en forcer la. déglutition. •#
■ « Nous avons obfervé cette brebis- pendau
plufieurs femaines, & elle n’a montré aucun
fymptôme maladif. »
u Nous avons fouinis-l’autre brebis aux mêmes
expériences; elle a fait les mêmes difficultés pour
prendre les Gobbes, qui n’ont opéré aucun chan
geiiient quelconque, ni en bien, ni en mal , fur
fa fan té ; elle a continué de toufler comme de ,
coutume, & en tout n’a rien montré.dô particulier.
Nous les avons biffées a peu près deux
mois dans cet état,.à compter du premier jour
de cette expérience, après lequel rems nous les
avons fait facrifier, qûoiquc jouifi’ant d’une très-
bonne fan ré. »
u Leur ouverture n’a montré aucun veflige de
Gobbes ; & nous avons trouvé tous les vifeères
dans un état tel que nous avions lieu, de lef-
perer, d’après les Agnes extérieurs de fanté que
donnoit la.première brebis, & ceux de maladie
qu’offrait la fécondé. . , . '
Nous avons voulu pouffer ces expériences plus
loin encore fur une autre brebis qui jouiflait au fit
de la meilleure fanté. On lui a fait prendre deux
Gobbes çompoféesde pâte ordinaire , garnies d une
couche de poix noire & recouvertes en fuite de
miel & de farine; dans le centre de chacune de
ces Gobbes, ily avoit deux grains & demi d Àrfenic
en poudre;.elle â refufé & rejetté plufieurs fois ces
corps , & ce n’efi qu’à force de les lui remettre
dans la bouche & de la lui tenir fermée qu il a
été pofliblé de les. lui faire avaler ; elle a mangé en
fuite comme de coutume & n’a montré pendant fix
jours confécutifsT'aucun fymptôme maladif ;.nous
lui avons enfuite donné dix grains de ce même Ar-
fenic dans une feule Gobbe préparée comme les
précédentes, & quelle n’a avalée qu’avec les
plus grandes difficultés. Pendant les huit jours'
qui ont fu iv i, nous n’avons remarqué aucun
fymptôme maladif. Nous lui en avons enfuite
donné vingt grains préparés comme ci-devant
& qui n’ont pas plus produit d’effet , car pref-
qu’auffitôt elle a mangé comme à l’ordinaire &
n’a donné lieu pendant huit jours a aucun fymptôme
de maladie; àprès ce teins nous avons
augmenté la dofe d’Arfenic de dix grains, non-s
l’avons enveloppé de papier & de poix noire ;
cette Gobbe ne fut avalée par l’animal qu’avec
les plus grandes difficultés & par force; pendant
huit jours nous n’avons rien remarqué de particulier
; nons avons porté enfuite la dofe jufqu’à
quarante grains d’Arfenic qu’on lui a fait
avaler comme auparavant & avec les mêmes
difficultés ; pendant fix. jours elle n’en parut
nullement affeéfée, ce qui nous détermina à
augmenter la-dofe de dix grains fans que cela
donnât lieu au moindre figne maladif. Nous avons
enfuite porté la dofe jufqu à • foixante grains ;
puis, à un gros; enfuite, à quatre fcrupules
St-enfin à cinq fcrupules que nous lui avons fait
• prendre de la même maniéré qu’auparavant*
le même jour elle n’en parut point affectée,
mais le lendemain matin elle but beaucoup plus
qu’à l’ordinaire ; fou poulx étoit concentré,
petit ; le furlendemain elle perdit entièrement
l’appétit*, fon poulx éfoit très-petit, très-concentré;
elle regardoit de temps en temps fon
flanc gauche , & refla dans cet état'une journée
emière. Le lendemain on la trouva morte ;
elle.avoit fianté, fes crotins étoient mous & point
moulés, w
« A l’ouverture du cadavre nous avons trouvé
dans ie bonnet, les deux dernières Gobbes qu’on
lui avoit fait prendre; l’une étoit intaéle, & l’autre,
à demi défaite, avoir répandu une partie de
l’arfenic dans les alimens., & fur les membranes
du fécond eftomac. Celui-ci étoit enflammé
dans prefqüe toute fa partie inférieure au point
d’avoir acquis une eouléur de rouge brun. La
partie inférieure & moyenne de. la veflie conique
gauche de la panfe avoit une tache de cette .
nature, de huit à neuf pouces de circonférence. »
« Il réfulte de toutes les expériences auxquelles
nous nous fommes livrés, que les Gobbes qu’on
donrieroit aux moutons, dans le deffein de les
empoifonnerj feroientdivifées& atténuées comme
tle s alimens dont ces animaux fe nourriflenr,
& qu’elles feroient enfuite expulfées au dehors
avec les excrémens auxquels elles fe combinent
le plus communément fous une forme extrêmement
déliée , lorfqu aucune caufe particulière,
qui-agit fur les efiomacs, ne /aciliie leur formation.
Dans les cas au contraire, où cette caufe
exifteroit, alors les Gobbes arrivant dans la panfe,
: ou le premier eftomac , & paftant enfuite dans
le bonne)/, s’y diviferoient, comme cela a conf-
tament lieu, pour arriver brin par brin dans le
. feuillet & enfuite dans la caillette, où on les trouvé'
le plus communément, & où on en a trouvé dans
le mouton dont on rapporte l’ouverture dans le
troifième. procès-verbal, où il èft dit qu elles ont
été retirées de la molette , ce qui fignifie formellement
la caillette. Les Gobbes quelques pe-
tites qu’elles foient ne peuvent jamais arriver
dans le feuillet, ou troifième eftomac, fans être
entièrement divifées, parce que ce vifeère ne
communique au bonnet, ou deuxième eftomae,
qu’à brfaveur d'une petite gôutière qui ne permet
le paffage qu’à des corps très-fins & -très-
atténués. Il s’en fuit donc que la matière qui
fert de bafe aux Gobbes qu’on a trouvées dans
les eftomacs des moutons, qui font ici_l’objër de
la caufe qui nous oècupe, y eft arrivée peu à-
peu fous forme de filament de laine brute ; que
cette laine s’y eft a Semblée & agglutinée par le
fuc gaftrique, & a formé le corps ovoïde dont
il sagix. Si les Gobbes reftent dans la caillette
1 & ne pénétrent pas.au-delà de ce vifeère, c ’eft
que fa grande cou 1 bure eft en - contre-bas; que
-- fon ouverture poftérieure eft recourbée en contrer