
parce que les meuniers, par-tout avides, élèvent »
le niveau des eaux beaucoup au-deffus & au
loin dans ces prairies. Elles font telles, parce
qu’il n’exifle aucune police publique pour le
creufement des rivières & des rigoles , & fur les
époques de pêcher les Etangs. Les inondations
fréquentes qui ravagent ces baffes prairies, chaque
année, font une preuve de ce trille état
ne chofes.
Les marais, les prairies, maréçageufes, lés
Etangs marécageux, font donc les caufes les plus
réelles de l’infalubrité de la ci-devant Breffe.
Après avoir fait connoître la fituation phyfiqùe
& agronomique de ce pays, on relie bien convaincu
que la loi du 14 Frimaire, exécutée à la
rigueur , pérdroit en effet ce malheureux pays.
Par fon organifation continentale, il fait exception
à toutes les' autres contrées :de la République,
même à celle de Sologne. .
11 rélulte de cette defcription, que ce pays,
pour être cultivé & habité, a befoin d'eaux
rcfervùs ,* puifque la nature lui en a refufé de
vives : que la pluie & les rivières en général
font le réfultat de i’écoulement des eaux d’Étangs,
des filtrations du fol faturé & des marais : que
lans ces eaux rèfervées, les meilleurs prés,, les
prairies, dé-bas-fonds même, difparoîtr.oient &
avec eux lesbeftiaux, les engrais & la population :
que les inondations fréquentes ravageroient infailliblement
les contrées baffe qui font -l.es plus
peuplées & les plus fertiles, telles que les envi-
jons.de Bourg, Poni-de-Yaux, & les rives de
la Saône,.?
.11 réfui te: encore de cêt état de éhofès,- que la
.cu ltu re fo it. par préjugé, foit par une expé1- i
rience ràifonncçr, a dirige fes reffoürcèï fur le i
fol des Etangs , périodiquement couvers d’eau & '
cultivés; qu’on ne peut, fans opérer une difetre :
fâcbeufe , intervertir brufquemenr un iifsge auffi
général, & duquel dépend réx-plé>it'àriôu dès ;
terres. Les Etangs dans la Breffe .'font donc tout à
la fois la caufe & l'effet de la culture qiii3y ïeXïftè,
Le fonds cultivé donne abondamment dés gfains,
des paill es pour former dès engrais pour lés au très
/terres. Le produit neîicomparé-kivec celui- dès
-autres terres eft dans la proportion dé 12 à 3.
En défféchànt tous les Etangs, le fonds Offrir
e z Tans doute pendant fès'premrét'èk.. àiïnées ;
des-récoltes; niais,' privé du dépôt‘vïfeux q u i.
g’y formé, il deviendroit bientôt' cé’que font les ]
autres téfrésït . •. ^ X Z f r
Lés propriétaires, lès colons n’ayant plus,d’in- --
térêt à creufer les vidanges, iaifferoient malgré;
eux fé former des marais., là où il feroit pojffiblel
de n’avoir qu'une maffe d’eau non mal-fanante, r
Il n’eft pas indifférent de, faire;.oonnbître que •
toutes les avoines qui approvifionnent opinai-:
cément les départemens méridionaux,.tiennent -
de la Breffe, où elle croiffent avec une abon-»
dance prodigieufe fur le fol des Etangs defféchés
& renouvellés par les eaux.
Le fort des récoltes fur lès terres non inondées
eft réellement incertain. Les terres.payant pcu.de
pente & d’épaiffeur, on eft obligé de former des
filions-haut & étroits. S’il furvienr des pluies
après les femaillés; avant que la terre ait pris
dans cet état de la ' confiftance , avant que les
racines du bled aient lié & fixé autour dJelles la
terre qui les-couvre, le deffus s’échappe dans la
raie & dégarnit le bled qui foulent jaunit & languit,
& fouvént encore eft plutôt atteint par les
gelées & détruit fans retour.
Il s’en faut de beaucoup cependant que l’agriculture
& la falubrité, fources premières, fki
bonheur & de la profpérité, foient au meilleur
degré poflible dans là ci-devant Breffe. Les Etangs
y ont été multipliés à l ’excès, parce que des
propriétaires externes, née ou tant-que leur cupidité,
ont formé des Etangs dont ils retiroient tout
le produit, fans avoir à craindre l’influence de
leurs émanation. D’autres, ont trouvé plus d'in- .
térêt à couvrir d’eau leur terrein, quoique
propre d’ailleurs à la culture des'bleds, & môme
à formerdes prés-, afin d’éèhappèr plus-sûrement
à la cupidité du fi(b & à la dîme desj pféïfês-..
Il eft poffiblë, il eft même facile dé concilier
les intérêts de l'agriculture avec la Tàîubrifé de
l’air, en modifiant la loi du 14 Frimaire. Il faut,
pour y parvenir, i.° faire reconnoltrq, dans chaque
Cantonpar dés hommes probes & 'éclairés,
lekErârigs qui font mal-faifans par leur é’tat plus ou
moins marécageux ; défignér ceux qu’on peut,
fans inconvéniens. alterner eri eâü &: en. culture';
5 :° fàcrifierf'cëùx qui ferment marécageux , quand
même ils férviroiènt immédiatement à uùe'utïne ;
4.0 réferver préférablement ceux qui répofent
-filr-un fol fablonneux où ptôrreùxô,' dégàrni
-d’herbes •aquatiques, & dofôtriè-VoluHné ; d’éaii
donne' moins depüife à l'évaporation;-^.0 établir
tune police rigoureufe fur le; curenlertt de toute
décharge des Etangs, foit aux déVeffoirS;, foit-an
-empdtétneiits # forcer tôus les propriétaires inférieurs
d’ouvrir unë: iffije aux 'eaux aftloérttès,
jufqnaux-ruiffeaux, rivières' Où Etangs,* ■ &.? cir-
conferire fous ceux qui feront abfolùment nécef-
faires;, -fiir lefqüels 'lès herbages erbîtrpient avec
plus-'d’abondanGÈ,' avec un léger jfoffé en aval,,
0dont 1 objet feroit de maintenir les eauf en/plùs
: :grandei prof ô a d eh r& ren d re-ainfi les bords moins
chargés de débris, de frai,' de vafè, fufceptiblès
de pitrréfaélion ; 7-.0 ce-feroit encore! de faire
fauter -ions, ces; moulins ,> conftrdits par la puif-
fance féodale- &■ fâcerdotale, pour lefqüels des
. meuniers; avidesinont'élevé les eaux à plufieurs
- pieds au-deffus du ni.reaurdes-terres 18i° d’y indi-
àquen'la forme des moulins qtur dépendent moins
l .d ’eauy'?.* d’gffujenir tous lés propriétaires des
prairies
prairies maréçageufes à pratiquer, de diftance en
diftance, des foffés tranfverfaux, mais obliques;
io.° de preferire, par un règlement févère, les
époques des pêches d’Erangs, pour prévenir les
effets des débordemens & émanations vafeufes.
Ce feroit fur-tout de deffécher les marais im-
inenfes, qui font plus de mal que les Etangs',
qui font pour ce pays de vrais foyers de pefte;
de creufer un canal pouf en recevoir les eaux,
d’y faire affluer des ruiffeaux & rivières, pour le
rendre navigable. Quels bienfaits ce feroit pour
un pays où les chemins font impratiquables , &
les communications fi difficiles; où, fur plus de
40 lieues de long, & 15 à 20 de large, il n’y
a pas de toute! Ces bienfaits ne font-ils pas dus
à un pays célèbre par fon induftrie, qui a tant
fouffert, par toutes les tyrannies poflible; qui
fouffre encore des effets des mêmes tyrannies,
& par un air infalubre ?
Enfin , pour réduire tout ce qui a. été dit fur
cette contrée à un fimple corollaire : en deffé-
chant tous les Etangs, elle fe dépeuple & devient'
marécageufe. En .modifiant la lo i, par des exceptions
afforties à la nature du fol, en defféchant
les marais, les prés & Etangs marécageux, en
prenant des précautions, on peut faire prendre
à cette grande contrée un effor favorable à
l’agriculture & au commerce.
L a B r e n n e .
Departement de VIndre.
Il exifte encore, dans le département de l’Indre,
fur parties des diftriéts du Blanc,- Chàtillon &
Châteauroux , une contrée remplie d’Etangs :
moins étendue que la Breffe & la Sologne, elle
leurreffemble par la nature du fol, dans fa couche
inférieure. Elle peut contenir environ 12 lieues
quarréés. Le cjefféchemenr des Etangs y a excité
des réclamations, comme dans les deux dernières
contrées. Elles, portent même le caractère
d’une néceffité plus impérieufe^fous le rapport
de l’ordre phyfiqùe , en ce que l’affluence des
eaux n’y eft pas accidentelle.
La ci-deVant Brenne eft un vafte plateau, dont
les pentes .peu prononcées s’inclinent dans deux
baffins principaux. L’un confine à la Creufe ,
l’autre eft coupé par un vallon affez fpacieux,
dans lequel coule la rivière de Claije. Ce dernier
eft le plus fort réceptacle des eaux d’Etangs.
Toutes les eaux ont leur direélion de left à
l ’oueft.
La Baffc-Brénne eft habituellement inondée,
parce qu’elle eft dominée par. des ,fources, &
récoulement des eaux d’une vafte étendue de
bois & forêts. Pour y exercer, avec quelque fuc-
cès, là culture, il y a fallu retenir & modérer le
cours'des eaux. Telle eft l’origine des Etangs
Agriculture Tomç IV*
multipliés qui y exiftent à la file les uns des
autres, plus encore que dans les aunes contrées.
Le fol inférieur eft communément une couche
de glaife, compaéle & imperméable à l’eau. La
furface eft, dans les endroits, une mince couche
de terre végétale, qui n’ademet que la culture de
quelques graminées. Dans d’autres, la couche
luperficielle n’eft que de fable, que le tems & la
culture ont plus ou moins végétaiifé; Mais dans
la plus grande partie, le fol n’eft' qu’un fable
exceffivement ténu, s’agglutinant fous l’eau
comme à l’air. Il ne faut rien moins qu’une culture
opiniâtre, & beaucoup d’engrais, pour la
rendre produétible.
Si le fol, dans ces parties applaties, eftingrat»
il y a auffi des parties qui font fertiles. Telles
font celles qui fe trouvent au-deffous des côteaux
'cultivés; celles qui font dominées oif entourées
de bois. Le détritus des végétaux y a été. plus
accumulé, & le cultivateur n’a pas: manqué de
i confier ces récoltes à ces cantons favorifés/ •
La partie ouverte d’Etangs' eft réellement une
contrée ftérile. A peine la couche de terre végétale
eft-elle fenfible. De grandes & immenfes
bruyères les circonfcrivent. Les eaux n’y peuvent
chârier’ aucuns débris de Végétaux , ni de terre
meuble, qui augmente &' enrichiffe le fol des
Etangs. Ils n’offrent pas , comme en Breffe, les
reftources de la culture, après les pêches.
Comme dans les autres pays d’Eta.ngs, l’origine
de ces retenues d’eau a été raifonnée & néceffitée
par la nature même du fol, par le défi r de con-
ferver des propriétés inférieures , de conftruire
des ufines & pratiquer dés irrigations fur la cime
des deux baffins , ^où les pentes font incertaines,
la retenue des eaux en plus'grande m’affe a été
abfolument néceffaire, pour abreuver les bef-
tiaux, & pour tous les ufages domefiiques. Mais
auffi , ces retenues utiles ont été multipliées par
le befoin d e 1 poiffon, rendu néceffaire par les
caftes du ci-devant clergé. L ’intérêt a profité de
ces befoins, & la cupidité en a fait conftruire
à l’excès.
Des moulins, des ufines., des forges ont été
conftruits au-deffous des plus grands réfervoirs.
Leur utilité a en quelque forte fanélionné leur
exiftence. Ces condruélions font d’autant plus
maiheureufes pour l’agriculture & la falubrité de _
ce pays, que les Etangs réfervés font p/écifément
ceux fur lefqüels il s’élève le plus conftamment
des brouillards ou des émanations méphitiques.
Affujettis au fervice des ufines, ils éprouvent
des retraites d’eau fucceflives qui , pendant
les chaleurs, donnent plus d’aélivité à l’évaporation
& à la putréfaélion. Us font encore ceux
fur lefqüels l'agriculture pourroit s’exercer fruc-
tueufement, parce qu’ils font placés ordinairement
dans des vallées ou près des bois, où ia chute
S s