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fnlter le Journal de Phyfique, année 1787^. ^ ans
ce même Mémoire, j’étayois ce fait par cl autres
obfervations qui paroiflent contraires au fexua-
lifme des plantes de ce genre.
Une autre obfervation, que j’ai pareillement
confignée dans ce même Journal, concerne le
Lichen radie iformis de Scopoli , que j’ai- vu, en
très-grande abondance , fur les bois- d etançon-
nement des Galeries de Sainte-Marie aux mines.
Ce Lichen, que Scopoli n’a pareillement vu
que dans les Galeries de mines, ell-il porté dune
mine à l’autre par la domination des graines?
O u bien tire t-il fon origine de la décoinpofiiion
lente du bois fur lequel il le forme ? Il en eft
de même des autres produirions végétales fou-
terraïnes, qu’on obierve clans toutes les fouilles.
Sont - elles portées dans les fouilles nouvelles,
par des véhicules extérieurs? Sont-elles le résultat
d’un concours de circonftances analoguesdans
toutes ces polirions? Queftion à réfoudre.
D’une Galerie à une autre il peut exifler
quelques relations ; mais lorfqu’on ouvre une
mine dans un pays où il n’en exiftoit pas, quel
véhicule y porte les graines ? Il y a huit â dix ans
qu’on a ouvert une mine de plomb, en Galènes,
près de Sollingen •, il n’en exifte aucune dans les
environs, à une grande diftance. Un an apres :
fon ouverture, j’ai vu des produirions végétales
fur les bois d’étançonnement, qui font femblables
â celles des mines des autres pays. Preuve qu’elles
étoienr des produits de ce genre de pofiùon, j
, Voici un fait qui peut encore être rapporté ;
au même principe, quoique relatif à des priantes
nullement Cryptogamiqu.es ; je l’extrais des
Tranfaâions phylofophiqu.es , année 1730 , n.°
413, pag. 280 : Cramer eft l’Auteur de cette
obfervation. Un de mes amis a fait déterrer
» des tuyaux de Fontaine, de bois de Frêne,
» qui étoient en terre depuis environ douze ans.
» On les laiffa dans une cour non pavée, où
» ils achevèrent de pourrir 1 mais il fortit à la
j? même place une petite forêt de Frênes, qui
7> font actuellement dans un état floriffant, &
» hauts de trois ou quatre pieds. Il eft remar-
» quable que plus de cinquante jeunes Frênes
j> ont pouffé clans l’endroit où les tuyaux avoient
» été, & qu’il n’en a pas crû un feul dans le
» refte de la cour. Il n’y avoir aucun arbre de
» cette efpèce à une grande diftance, & la cour
y étoit dans l’intérieur de la ville,
Encore un fait, & je conclus : je le tranferis
en entier, parce que cette obfervation, confignée
dans le Journal de Phyfique, année 1786,
offre des détails très-circonftanciés fur une pro-
1 «ludion vraiment finguîiére, qui, par la pofition
où elle fe forme, indique affez clairement fon
origine & la manière dont elle fe compofe. Les
' idées qu elle m’a fuggérée peuvent très-aifémeru
l ’appliquer aux produCtioas analogues qui naif-
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fent dans des fîtes cl.fférens, ou avec des conditions
acceffoires qui multiplient leurs formes.
^ Pendant plufieurs années, j’ai obfervé une
production qui porte tous les caractères des végétaux,
excepté la forme régulière ; ce qui la
voile en quelque forte à nos yeux r elie eft rare,
du moins mes recherches ont été înfrutfueules
jufqu’à préfent, excepté dans le lieu où d abord
fe favois découverte. Comme tous les faits nouveaux,
ou peu communs, qui frappent 1 Ob-
fervatcur, font naturels, mais produits par une
combinai fon de caufes difficiles à rencontrer;
j’ai cherché à pénétrer celles qui peuvent être
réunies'dans cette circonftance. Cette production
reffemble à une gelée de couleur blanchâtre,
quelquefois tirant fur le fauve-, on peut ia
comparer au. frai de grenouille pour la denliré
& la réfiftance élaftftjue. A l’oeil nud, elle ne
préfente aucune trace d’organifation , excepté
quelques traits d’une.teinte plus foncée, & des
véficules plus clairs. Cette matière eft également
facile à féparer dans tous les fens, & ces traits
foncés ne préfentent aucune réfiftance. Vue au
microfeope, elle paroît par tout à - p e u - p r è s
i également tranfparente ; & tout ce qu’on yoyoït
à l’oeil nud, paroît plus diftinétement, mais auili
peu organifé. Elle a cette forme au printemps,
& au commencement de l’été -, mais pendant les
faifons plus fèches , l’eau furabondante, & en
général les matières évaporabies , s’échappe, &
cette plante prend une apparence différente. A
mefure que le liquide fe diflipe, les fibres pa—
roiffent davantage, & acquièrent de la denfiré.
Enfin la plante, parfaitement defféchée, ell d un
blanc éclatant, formée de fibres affez coriaces,'
qui font entrelacées : elle reffemble à uneelpece
de papier, mais d’un tiffu lâche, les fibres étant
entières & moins mèléec. En prenant cette forme
elle diminue de volume, au point que 1 épaiffeur
de trois ou quatre pouces fe réduit à une ligne
ou deux. « „ . ...
ci Ce végétal a beaucoup de refiemblance avec
Jés confèrves -, comme elles, fon enfemble eu
formé de fibres entrelacées, liées par une ftibf-
tsnce gélatineufe -, comme elles, elle habite les
eaux*, comme elles, en fe defféchant, fes fibrès
paroiffent davantage. Mais ici ces propriétés font
extrêmes ; la gélatinofité eft fi grande, que les
fibres font pielque invifîbles, & la diminution
de volume dans la déification plus confidérablê.
Si les deferiptions des Botaniftes étoient plus coitf-
plettes, je croirois reconnoître cette plante defi*
féebée , fous le n/ 212c de l’Hifloire des plantes-
fuiffes de Haller ; mais il eft difficile de s’en
affurer. Cette produ&ion végétale, ou eonferve,
puifque fon air l’en rapproche, croît dans un
feul endroit où je l’ai vue : c’efi à- deux petites
lieues au - deffus de .Vevey , près d’un village
nommé Brent j le lieu même fe nomme le Se*
que pliau, le rocher qui pleut* Les idées que
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vais propofer fur fa formation, exigent une
defeription du lieu ou je lai recueillie. Ceft
au-deffous d’une grotte formée dans le tuf, &
fur la pente d’une roche de même nature, qu’elle
croît. L ’eau qui découle continuellement de la
voûte, forme de-petits réfervoirs, qui s’épanchent
fur cette roche, & y forment différer*s.ru nieaux. j
On peut ob fer ver que cette eau dépoli une |
matière calcaire très- abondante, & farine des j
incruftations de moufles très-belles. La grotte
eft fur le" penchant «’une montagne médiocre- |
■ ment haute, mais .très7 nfarécàgeufe dans cette j
partie3 & à peu de1 diftance de-là on connoit
des fources foufrées. Je dois remarquer auffi
que les grottes dans le tuf, & les incruftations
. font très-communes dans tont'ce quartier, mais
je n’ai vu cette eonferve que dans ce feul en-' .
droit : il eft vrai que nulle part ailleurs je n’ai retrouvé
cette pente adoucie & nue, qui vraifem—
blablement facilite fa formation. Ailleurs l’eau^ j
tomboir par chute,, ou fe raffèmbloit en nappe,
quelquefois fe dilfipoit dans les terres marécageules
qui formoient la bafe. 33
ci II eft difficile de concevoir un végétal d’une
organifation plus fimple, s’il exiftoit une
chaîne des 'êtres,^certainement ici Teroit un des ,
derniers chaînons. Cette grande unité d’organi-
fation nous offre quelques idées fur la manière
dont elle eft formée. Cerie plante, & en général'
les conferves, paroiffent produites par_ la juxtaposition
de la matière organifée, fans intus-fuf-
ception, fans dilatation de germes, fans fécondation
même. On apperçoit facilement les loix
d e ’ cette formation dans cette eonferve; elle
paroît compofée dé couches parallèles art courant
de,l’eau, & d’autant plus épaiffes, que l’eau, par
la nature de fon mouvement, permettoit le
dépôt des matières. Ce dépôt infenfible fuit dans
fes formes le même ordre : qu’on fe repréfente
un ruiffeau qui coule fur un rocher raboteux,
& dont l’eau commence à geler ; l’enduir de
glaces’épaiflit, mais inégalement, fuivant l’inégal
mouvement de l’eau, & cette "couche fuit dans
fon enfemble la forme du rocher primitif. Cette
eonferve imite parfaitement le tableau que je
préfente, & vraifemblabletnent doit à la même
caufe cette reffemblanee. On a déjà pu entrevoir
que j’attribue la formation de cette plante à une
dépofition des eaux , aufti lente qn’infeniible ;
en - effet~ cette forme paroît l’anncr.cer. La maffe
entière de cetre confer.ve reffemble au frai de
grenouilles; elle en a le vifqueux, l’élafticiîé ,
tous caraélères qui annoncent la préfence du
mucilage ppefque pur, & délayé dans une maffe
d’eau confidérablê. Sa décoloration paroît confirmer
côtte idée. Le mucilage, fuivant toutes les
apparences, eft le fondement de fon organifation ;
il eft le germe de la reproduction & celui dé la j
nourriture. Dans cette plante il eft prefque pur, 1
A uniquement compofé de la matière primiti- J
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vement organifée -, il y apporte ^ette,.!e? (îai\cAe
à fe lier qui forme fon effet]ce, & qu il fuit dès
que l’eau , accumulée dans fes imerftices, ie
dillipe. A mefure que l’évaporation s’exécute, les
mailles fe refferrenr, & les fibres, en devenant
vifibîés, fe conluiident. Cette tendance du mucilage
à prendre une apparence fibreufe, paroît
clairement dans' le' dcfléchtment, fou naturel,
foit artificiel; des végétaux & des animaux, fur-
tout à celui qui fnccède à la vétufté. Le mucilage
perd le volume de liquide qui le pénétroit,
& prend la texture fibreufe : ibuvent elle paroîl
d’ci le-même, mais toujours une fraôture nous la
fait appercevoir. Dans un végétal, U liquide ne
s’élève qu’infenfiblement, & peut être diffipé
en grande partie à mefure ; aufti, excepté quelques
plantes des pays chauds, elles ne confervent
qu’une quantité de liquide très—médiocre, mais
fuffifante pour s’oppofer à une trop grande cohé-
fion, qui nuiroit à la circulation de la fève. Dans
les plantes ligneufes, les pouffes de l’année ont
cette fragilité, mais,elles la perdent à mefure
que le rapprochement s’opère. Je dois remarquer
que n’on-feuîement c’eft le defféchement,
mais aufti ’ l’interpofition de nouvelles molécules
qui durcit cette efpèce de végétaux. Dans les
plantes fugitives, dues à une aggrégation momentanée,
comme les Biffus, Conferves. Champignons,
Moiliffures, & c . , fur-tout dans l’efpèce
dont je traite ic i, ce dégagement n’a pu s’opérer
aufti' rapidement, & ces plantes confervent plus
ou moins la confiftance molle & vifquenfe du
mucilage délayé. Plufieurs obfervations paroiflent
venir à l’appui de cette idée. 53
ce Cette plante, defféchéerapidement, prend
une teinte brunâtre ; expofée à l’aérion du fe u ,
elle fe bourfouffie, yépand une fumée noire, &
une odeur d’huile brûlée ; avant de s’enflammer,
elle prend une apparence charbonneufe. Con-
fervée dans l’efprit-de-vin , elle y diminue de
poids & de volume., parce quelle perd l’eau
quelle contient ; mais en même temps elle y
prend une confiftance plus grande. Dans les
différens morceaux que j’y ai plongés, j’ai reconnu
une différence de diminution, d’autant
moindre, que j’avois plus exprimé le liquide. Il
étoit aufti facile de faifir la différente force de
l’eTprit-de-vin, fuivant la dofe du liquide qui
s’y éton mêlé. De toutes ces obfervations, j’ai
pu conclure que l’efprit-de-vin n’a aucune
aériôn fur cette plante, comme fur tout ce qui
eft mucilage. ïj
ci II eft naturel d’expliquer d’oiV provenait
cetre quantité de mucilage dans un feul lieu, &
quelles circonftances favorifoïent ion aggrégaïionr
en forme régulière. Nous-avons vu dans la def—
cription que j’ai donnée de cette grotte , qùe
lésincrufiations de mouffes y font très-abondantes.
En e ffe t, leur accroiffeuient rapide pourroit
étonner un homme peu accoutumé à voir la