les Ennèmis entroiënt dans la Ville, tout le monde-e’ëtoit levé danstia
derniere confufion, & avoit fui épouvanté I fans autre habillement que
celui que chacuiravbit'dans fon lit , c’eft-à-dire en chemife ; ne fongeant
t^fa mettre leur perlonne> en fureté, & nè Tachant li -l’Ennemi étbîc
dans ou dehors la Ville, fort oit foible,- fi l’on pouvoit lui faire réfiflan-
ee od1 non-, tant leur terreur avoit i^fùbite.
Le-Gontrolleur de Piura, Don Nicolas de Salazar*, que Tes fonctions a-
vbient appellé à Payta, moins troublé que les autres & avec plus dè présence
d’efprit, le jetta dans le petit Fort, la feule défenfe de-cette Vil-
lote;. il -n’étoit. accompagné que de fon Nègre.
côté-où-ils entendoient lesbruif.des rames da Bateau qui-avanjoit-, ^ -tirèrent
deux ou<ti?ois coups. » Le Bateau parut skrrêter-; mais le Çontrol-
leur fe voyant feuTdans le Fort avec fort Efclave, fentk bien qu’il ne lui
icôit pas poffiblè^del-éontinuer à faire feu^ ;n?&ofitâidI dè^p^qaë.
‘monde; & voyant que tous les habitans avoiditpris la fuite, il abandonna
léFort $-&fè-mit enjureté. ' Les Anglais -voyant qaëleFQrthéflblt de tirer^
foupçonnerent ■ une* partie .de ce . qui fe paHbit ; ils débarquerent à demi-
lieue audMord de-la.Ville j.&-y marchèrent tout dè fuite, trouvèrent a-
i3andonnée,-'&- ^efipaxerent du Fort, dans feqüehik^>«inrënto%)tit\iiè
jefte de Èrhuit jufqu’au jour fans ofer en', ibrtir-, de peur dpiquelque ejtù-
bufcade de la part des nôtres. Ceux-ci s3éioiçnt -retirés-fur leWau'tid’uhh
CMine. qui eft -au |Sedida.la Montagne de Ja- Sijla \ \ entré'-eette.'Mqnta-
gne. & la-Villey ils-ufe. tenoient-là tous enfemble, 'exceptéJe&Efclavesi
qui à la faveur des ténèbres, entrèrent hardiment dans les maifons ^.prirent
’ les armes & les .habits de leurs Maîtres, & î^ui: ce. que fobfcurité de -la
nuit leur permit d'emporter, & cachèrent dans lej^ledes effets que par
leur pefânteur ils né puient porter au haut de la.'Montagne. '
- PaytdéSit-alors rempli .de Firmes, tdeFrpitsï; d»’Eau;d|-^ie tgu)p%- y
.avoit amaffésy en partie pour être tranlportés ,dansieFa?yS;des Montagnes
par Hwra, & en partie- pour Panama. -Outre ces m'archandjfes. il yjavqit
qhelqüeiqiMtitéd’Or & d’Argent.' Les.An'gkis. fortir.ent' du F&rtaufïltôc
qu’il fut grand jour;, & voyant la iolitude qui régnoit dans. toùjted^iVille,
ils- fe hâzardei^t% .entrer dans les* inaifons, qui font avïtabt-.-de^njagazis«
d l matchandilèsiL-bjentôt Iil&s rencontrèrent les futailles: d‘Ep?dffvie &
devin; & comme gens qui depuis lbng-remsn’.étpien|£ig.tr^ <|âns-unPor.o
]k>ur fe refaire, «St qui manquoient de. tout, ils fe'livrèrent à leur appétit,
avee-fi peu-de prudence, que. la plupart fe foulèrent. au .point que-las
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Mulâtres & les Nègres Efclaves les voyant dans cet état, oublièrent leur
crainte, & fé mêlèrent avec les Ennemis, fe familiarifant avec eux jus-
qu’à boire enfemble : peu à peu ils les amuferent de maniéré que, pendant
que'quélqües-uns d’eiitr’eux chopinbient avec les Anglais, les autres
emportaient les hardes de leurs Maîtres, & de. bonnes fommes d’argent
qu’ils càchoient dans le fable. ' Les Ennemis ne laifferent pas d’enlevèr
^Uèlqiiés vi^es <Stiprôviïions , qu’ils transportèrent dans leur chaloupe «Sc
de-là au Vaifleau; mais la quantité n’en fut pas confidërâblé, vu que ceux
qui étaient chargés de cette befogne étoient aufli altérés «que ceux du
Fort, & ne buvoiênt pas moins largement.
Les'habitans, & les autres gens qui étoient fur la hauteur dont nous
avons parlé, manquant de tout y avoiént d’abord dépêché un Courier au
Cèriégidôri ÉêPktm ^B^ T^üan de Finatea y Tèrres originaire des Canaries
j qui 'ràffdmbla avec beauamp’ d’ardeur «St de promtitude les Milices
de la-Villede Piura, & marcha en1 diligence au fecours de Payta. Il avoit
de très-mauvais chemin à faire par des Sablonnieres «St des
Èéferis; cependant il arriva en prefènee des Ennemis le troifiéme ou quatrième
jour de leur entrée dans Pdyta. Les ^Rg/Î&payant remarqué l’arri-
véé de'Ce ‘fêcôurs,: & appris par des ÀTégfèî & les Mulâtres que c’étoient
fes Miliees de Piura qui venoientt tes chaffer de Payta y entrèrent dans une
furie horrible, «St aü-lieii de fe &ettre en devoir de défendre une Place
qu’ils âvoient conquifey ou plutôt furprife avec tant de facilité, ils ne
fbngèrërit qïPà1 enlever én-diligence ittôut^'ce qu’ils purent, & fe rembar-
quererent avec précipitation &comme' dès gens qui füyent. Mais en fe retirant
ils mirëntlè feu aux quâ^e-èoins de ces milérâbles cabanes,- aétion
indigné*qui ne peut jamais faire honneur aux armes d’un Monarque, ni
être juftifiéé par le dépit qu’ils pouvoient avoir conçu ëontre ceux qui
marchdient ,r non p'ôiir recouvrer ces- pauvres chaumines & les rofeaux
dont elles étoient bâties, mais pour attàquër' ceux-^ui s’étoient emparés
dh;F«btt-. - Pêffonnè ne. pou^6it:ife figurer qu’un procédé fi barbare eût été
permis par le Commandant de.fEfeadre-, & m-effet on a fu depuis que
cette aéïion lui avoit fort dépîû.,;
• Le Corrégidor de Piara avoit eu foin' d’envoyer en diligence à Guaya-
quil porteriteinouvelle dé l’accident qui venoit d’arriver, afin qu’on fe pré-
^jkm§àmsr.été M plus éxpofée a.ux entfe-
prifes des Coriaires qui ont* rpyraté dans ces Mers.' Il parôifloit naturel que
les; Ennemis fongeaffent à s’empàrer’-de cette! Ville; & comme on igno-
reit leurs forces, attendu qtf on n’atëoit vu d’autre Vaiffeau que celui qui
i Tome'IL B étoit