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 lésion pieds ; & de » là vient que lesjms font le degré de la Terre d’une grandeur ;  
 les ^autres d’une autre, ceux-ci .lui donnent 15. lieues Efpagnoles ÿceux -là.i 6 ,  
 la plûpart dix -fept  demie ;  quelques-uns dix-huit  & quelques autres  du* 
 vantage.  Ces différences procèdent  de  deux caufesy  l'une,  dont  nous  oisons  
 déjà parlé,  de ne pas /avoir  le nombre de ftades que contient une lieuej f  autre  
 du  peu  d'accord qu'il yla fur la lieue même que  les  uns font plus  longue  que  
 les autres :  mais communément  on croit en Efpagne que ij% lieues répondent à  
 chaque degré de la Terre, fans qu'on en ait d'autre raifeh que  l'opinion  commet*  
 ne.  La  , if Efpagne,,  du-moins  cêlle  de CafiiHe,  a  £5000..pieds-,.dont 
 trois font une vare.,  comme il pamt par lesmefures qui ont  été faites pour  re*  
 gler les jurisdiStions des Audiences Royales,  &? fuivant la mefuré faite  depuis  
 Madrid jufqu’à A kala de Menares ,  pour /avoir je ce lieu étoit dans les cinq  
 lieues de la jutîsdiStion des Alguazils.  On a fait la même mefure depuis Val-  
 ïadolid jufqu’à Tordefillas,  l'une £? l'autre Villes font hors des cinq  lieues ,  
 ainji chaque lieue a  15000. pieds de long. 
 On voit par ce paflàge que du  teras de Cespèdes on doutoit de la grandeur  
 du degré, & qu’en le faifant de i^^Heues, c’étoit pour Raccommoder  
 •à l’opinion commune, qu’onfoivait  aveuglément »puisqu’elle n’étoit fondée  
 fur aucune obfervation. On voit auffi que la tiéued’ Efpagne.eû: uneme-  
 fure déterminée, & qu’elle eft derrjooo. pieds,.oude5ooo. vares.Le Bachel 
 i e r ^ ”  Perez de Moya la fait auffi de là même grandeur dans ion Traité  
 de Géométrie Pratique &   Spéculative,  écrit  en  1573.  où  il  dk  au liv»  
 a.  chapitre  3.  pag.  97.  La  lieue  Efpagne  efi  de  $oô&i  vares  qui  
 font  1500o.-pieds.  Cda  étant,  il  n’effc  pas  douteux que  l’opinion  vulgaire, 
  qui  fait le degré  de  177  lieues d’Efpagne ,be mérite pas  qu’on  s’y  
 arrête,  & que, pour  vérifier Je nombre qu’il en contient exa&ement,  il  
 faut peler peur prémier principe que la lieue d'Efpagne  a 50010,  vares. 
 Je  fai bien qu’il  y a plufieurs fortes  de  lieues  en  Efpagne,  comme  la  
 lieue  de  Valence,  de  Catalogne,  de  Bifcaye.  Mais  il, n’efl  ici  queflion '  
 que, de. la Heue de  Cajlille,  qui fe prend en  général pour  la  lieue  d’-Ef  
 pagne.  Nos  loix font-fouvent mention du Migère ou Mille qui contient  
 1000* pas,  &  elles difent formellement que  la  lieue  contient  trois  Mi*  
 gères ou  trois mille pas.  Ceft donc avec raifon que  Cespèdes  dit  que  la  
 lieue <f Efpagne doit  être  de  1500.  pieds,  ou  trois  mille  pas,  chaque  
 pas de cinq pieds,  &   chaque  pied  de quinze  doigts.  A  l’égard,déJ la  
 vare,  nous  avons  dit  qu’elle contient  trois pieds,  ce  qui doit  s’entendre  
 dit pied mefuré  d’un  homme,  comme  s’exprime  la  loi,  &  il  efi:  
 rare qu’un  homme  ait  le  pied  plus  long  que  la  troifième  partie  d’une 
 va- 
 E T   P H Y S I Q U E S .   Liy. Vir.  SECr.  ifl.  *33 
 -Vare:  d’ailleurs.  ç ?#   l’uiage  ordinaire  à  Madrid  de  compter  la  vare  
 pour trois pieds*,  Toutefoisjious remarquerons-que Don Antonio de  GU-  
 ftagnete, fanges Proportions Mla mefure des Vaffeaux, ouvrage publié par  
 •ordre du  Roi,  dit pag,  14.  que la Coudée Royale  comprend deux tiers  de  
 la  vare  de  Cafiiüe,  mefure  à'Avila,  & plusd’ufie des trente-deux  par-  
 ’  ries dés  deux  tiers,  c!eft-,a-dire de  de  ajoute  à  la  pag. 
 27.  en pariant.di la  Quille d’un Vaifleau,  quieÏÏefera formée de quatre pièces, 
  ^qUeleg jointures auront  8.  pieds de long,  qui font  4.  Coudées.  Donc  
 fôivanr  eèt  Auteur,  le  pied  efi:  la moitié  d’une"Coudée,*  o u j f8de  la  
 vare,  &   plus  grand  que’ la troifième.tpartie  de yf de  vare;  mais com-  
 inë  la pratique de Madrid efi:. de  prendre  la  troifième  partie  d’une  vare  
 pour  un  {ïied,&   que cela  eft  fuivr par presque401?«  les  Ecrivains,  tant  
 anciens que  modernes,  il efi:  à  croire  que Don Antonio de  Gafbagnete fe  
 méprend  quand  il Compté le pié pour lamoitiéde  la  Coudée.  On  peut  
 même  aflurer qu’il  efi: moindre, . puisque la (Coutume  ordinaire  étant  de  
 divifèr  la  vare  eu  48,  doigts, il s’efifoit-due  la troifième partie de la même  
 vare  efi:  de-feize.doigts,  &   la  Loi  ne  compte  le  pied  que  pour.  
 3u'nzÊ.dqigts^  ïnais  ii y ^apparence  que  lès  doigts',  dont la > Loi parle,  
 ne  font  pas  les  mêmes  que  lés  ,48.  que  la  vare  contient :  car  puisque  
 c ’en le flile' erdinaMdes-Juges de  compter la  lieue  legale de1 5000. vares, 
   il  y  auroit nécefiairement contradiélion  dans  ce  calcul,  fi  le  pied  
 ne faifoit pas  la troifième  partie de  la vare. 
 Quelques  Auteurs  modernes,  en  admettant  cette lieue  pour  la  lieue  
 ê'Efpàgnf, 'en  difiïnguent  de  deux'fortes,  .l’une  commune,  l’autre Géo-  
 grapbique i  mais'ïi  y a  apparence que'  cette  difiànftion  n’a  jamais  exillé  
 quddlns’leüfe’dlfvéaü : car que veulent-ils qù’on entende par lieue  com-  
 muùe?  ■  cëlle  qtfils  croient  être  en  ufage  dans  tout  le  Royaiftne,  ou  
 cétte-ëtendue de’ chemin que les Muletiers &  autres gens peu verfés dans  
 les mefures  prennent  pour une lieOe.Au premier cas, on nie qu’il y ait une  
 pareille  lieue  commune;  &   au  fecond, bien  loin d’être  commune,  elle  
 fera  particulière &  variable  félon les Provinces;  fouvent  dans  la même  
 Province  la  première lieue efi  plus  grande .que  la  fécondé,  &   celle-ci  
 épié la troifième ;   felon  Je  Reglement  des  Polies. 
 A l’égard de la lieue Géographique , elle n’efl; pas appuyée fur des  fon-  
 demens  plus  folides;  car fi je ne me arompe ,  ils-ne  Eont ainfi nommée  
 què pour  l’avoir  vue  dans  les  Cartes  Géographiques,  fabriquées  par des  
 Etrangers fur la  foi de quelques Auteurs Efpagnols, qui  affinent,  comme*  
 s'ils l’avoient mefuré, qu’il y a dix- fept lieues & demie à'Efpagne au degré.  
 Tom.II.Part.il.  •  G g  Tout