l 6 \ V O Y A G E AU P EROU.
B m ç i ï ï que Javois fur mon bord en qualité de Pilote, .Rapprît cette par-
tîèulaftüé ; & ne'voulant pasy ajoûtef fetfans examen & avant d en a-
vok fait l’expérience, jim vins Æverfes fois à f épreuve furdes perion-
nés quifouifeoient cruellement de cernai, & e e fo t toujours avec un foc-
cès étonnant. Je fis part de ce fecret à plufieurs perfonnes, qui en firent
des expériences très-heureufes; avecéetteparricdarité,,qü’après avoir appuyé
l’os en queftion fur la dent malade, ladouleur diminuoit peu^à-peu| la
îtérf©nne; s’aioupifloit j s’esdormoit & fie fevefiloit délivrée de toute doàMur- -
le remarquai que cettematferefppngieufe qui oocupoitl’efpâee de la racine,
sküfloit peu-à-peu , &s’amolliffbitunpeu plusqu’à?ordinaire ; ce qu’on ne
fauroit attribuer uniquement à l’humidité de laboudhe, puifque ce qiriyentre
eft dur &compaa:epomme de l’ivoire: -d’oujinfereque cetosaénevertu.
attraélive pour l’humeur qui caufe le mal des riènts, & que l’attirant ^
foi peu-a-peu , il la communique à M matière renfermée dans fa racine..
Cet cw ou ergot a communément deux pouces & demi de long, dont un.
demi-pouce entre dans la chair de l’animal. Dans fia grofleut il a quatre,
lignes de large à chaquefaCe du triangle. Ce Poiffon n’eft pas moins a-
bondant que les autres efpéces. : . A.
Pour comprendre quelle quantité de PoifTon on trouve fur les cotes de
ces lies, 2 fuffirade dire qü’ ch deux heures le ‘ïhatin & en deux autres*
heures le fifir, avec fiept ou huitfenn®s,i on en-prenoit affea pour raila^-
fier nos équipages, & ?qu’il en reftoit encore pour faler.' Les: principales
fortes étoient, les Morues,-Mes Berrugats, le Poiflon aux ergots dont.
jevïehs de parler, les Soles, les Turbots, les Jurelles, les Hohrirs^&Ç.
•fans compter fe fretin qni foifonneautour’ des Vaifleaux j^/de qui eft d autant
plus extraordinaire , que cette quantité prodigieufe de Loups marins
qu’on voit fur le rivage de ces Iles ne fe nourriffent que de Podlons ; ce
qui en confomme autant que fi l’on y pêehoit eoiÂiriüellement.^
Tous ces Poiflons font fi excellens, qu’il feroit difficile dë dire lequel eit
le meilleur. Les Homars ont une demi-aune dé long. Ils font très-bOiw
quoiqu’un peu coriaces. Le Berrugat eft un grand Poiffon .à écai es
très-bon. . , .«•
Nous reliâmes à l’ancre dans la Baye de cette Ile jttfqu au 22 ote fonder,
Nous la parcourûmes en long & en «large, examinant avec foin les
lieux où- les Ægîois avoient efeleurs habitations, pour» voir' ü nous ne
trouverions pas quelque marque fecrette qu’fis pouvoient avoir laiffée pour,
donner quelque avis à ceux de leurs gens qui dévoient encorer entrer dans
cette Mer. Un Navire marchand que le Préûdênt du.Chili ayoit
VOYAGE AU PEROU. LiV. IL C11.IV. î?
ché dans cette vue quelques mois avant notre arrivée, avoit trouvé deux
bouteilles avec un papier écrit en chiffe dans chacune: mais pour nous,
nous ne découvrîmes que les pieux des Baraques qu’ils avoient faites, &
ries petits ponts qu’ils avoient conftruits pour paffer les crevaffes, avec
quêlques îautres veftige& de cette efpéce: c’eft pourquoi ayant fait nos
provifions d’eau & de bois, nos deux Frégates remirent à la voile fur les
trois heures du foir , faifafit route versf Ilede éfe. Marie, où. nous arrivâmes
le 5 de; Février s & après l’aVoiï reconnue nouai continuâmes notre voyage
& vinmesmouiller le mêm^jour'âd^t heures 8c demie du foir à Puerto
: Tomé; qüi eft dans la Cote Orientale de-la Baye de la Conception.
En partant de Vile de Juan Fernandez, nous portâmes d’abord à l’E. |
S. E, & comme les vents le m&intenqient conftamment entre S. 8c
•S. Jfe: apas-resriiâmeirie bord, & continuâmes à gouverner d’O . S. O.
jüfqa’à S. S. O. Le,27 étant déjà par les.35 rieg. 334 miri. de latitude, &
« deg. à l’oçcident du : Méridien i de PEè 'â ^ u k é '^ Juan Fernandez,
nous nous apperçûmes que le vent couroit du Sud vers Sud -Oué'ft, fur
quoi nous portâmes a l’E. & a E. S; E. juïqu’aü ÿ i que nous nous trouvâmes
par lè? 36 deg. .23. min. de latitude, à 15 èù '20 Eèues àù Nord-Ouëft
du Port.de la Nous eûmesce jOftrdàuné brame qui dûfeit depuis
vingt-quatre heures, 1 fit épaiffe que d’une Fregate .on ne pouvoir voir
l’autre j quelquefois feulement on appercevoit-les ftammes -& les banderol-
les, & l’on reconnoiffoic que lés deux Vaiffeaiix n’étoient qu’à la detni-
portéë ;Hu canon Eun. de l’autre:- cela f jointe éeqfuè hëUs- étions- fous lè
vent du Port, nous obligea à; arriver vent-^MerëV'^hàï^Vôh^ôous approcher
delà côte jufqu’au5,que le brouillard fie diflipâ fur les neuf heures
& demie du matin. Alors nous reconnûmes à ho« Ou 12 lieües de nous
la pointé àa Ccrniéro au S. S. E. & le cefltre de EIlede<Sfe. Mark oxL N.
E. |N . Nous formâmes rie voile, & à 11 heures du jour les Fregatés
mirent eû travers ayant la pointe de Rtitftétië âü S.'-|S. E. à èifeiroôqùa-
tre lieùes de diltanee, la JN. E. 8c
la pointe du Sud dê l’Ue û.o Sté. Marie à quatre liebès- N. E. Gelledu
N. au N. N. E. 8c un- écueil qui pcùoîÊ plus avance dhris la Mer au
N. iN . E. Nous mîmes nos chaloHpes en Mer£-& les envoyâmes recOÛ-
noitre 111e , avec, ordre de nous rejoindre dans la Baye de la Conception.
Cependant nous remîmes nés voiles au vent ; & profitant d’un vént
frais de Sud-Sud-Eft nous entrâmes à midi dans la Baye où nous jettâ«*
mes l’ancre.
Dm Jwge Juan trouva par fa route que file de Ste. Marie, qui eft
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