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ablutions d’eau froide n’eurent pas lieu comme au baptême de la
ligne; la température était loin d’y convier les acteurs : mais ils
s’en dédommagèrent copieusement par des ablutions intérieures
d’un autre liquide plus récbaulïant. Cependant tout se passa parfaitement
bien, et il n ’y eut aucun désordre.
Le 21, dès une lieure du matin, je profitai d’une jolie petite
brise du S. E ., pour cingler au S. S. O. vers la terre. Pour y parvenir,
nous avions à traverser une chaîne immense de grosses
glaces en forme de tables et des plus fortes dimensions. Je cherchais
des yeux le canal le plus ouvert et le moins périlleux. De
deux à six heures, nos corvettes défilèrent tranquillement dans
ces détroits de nouvelle espèce. Quelquefois les canaux n’offraient
pas plus de deux ou trois câbles de largeur, et alors nos navires
semblaient ensevelis sous ces resplendissantes murailles de lo o à
i 5o pieds de hauteur verticale, dont la masse énorme semblait
p iê te à nous anéantir. Puis, le canal s’ouvrant tout à coup, nous
passions subitement dans des bassins plus spacieux , environnés
de glaces aux formes bizarres et fantastiques, qui présentaient le
spectacle le plus merveilleux, et rappelaient involontairement ces
palais de cristal et de diamants jadis si communs dans les contes
de fées.
Un ciel pur, un temps délicieux, une brise à souhait, nous
servirent admirablement dans cette audacieuse navigation. Nous
sortîmes enfin de ces canaux tortueux et resserrés, dont les hautes
parois nous avaient longtemps dérobé la vue des terres, et nous
nous trouvâmes sur un espace relativement dégagé, d’où nous
pûmes contempler la côte dans toute son étendue visible.
Distante de nous alors d’environ 8 ou lo milles, c’était un immense
ruban de terre, s’étendant à perte de vue du S. S. E. à
1 0 . S. O., liaut de 200 à 3oo toises, entièrement couvert de glace
et de neige qui en avaient complètement nivelé la cime, tout en
laissant subsister les ravines sur la pente des terres, ainsi que
les baies et les pointes au rivage. Tantôt ces glaces n’offraient
qu ’une nappe plane, uniforme, d’une blancheur terne et monotone;
tantôt leur surface était sillonnée, hachée, trouée, tourmentée
comme si elles avaient subi 1 action d’une violente convulsion
ou d’un dégel subit et irrégulier dans ses effets. Un grand
nombre de montagnes de glace, récemment détachées de la côte,
n’avaient pas encore eu le temps de s’en éloigner, et en défendaient
le plus souvent l’approche.
Cette solide barrière nous interdisait tout progrès vers le sud;
mais le méridien sans déclinaison devait se trouver peu éloigné
dans l’ouest. M. Dumoulin avait déjà observé près de 86 degrés
d’inclinaison, et je pouvais essayer du moins d’approcher du
fiole magnétique austral, autantque les terres me leperraetiraient.
D’ailleurs une jolie petite brise de l’E. S. E. semblait sourire à ce
projet.
Je mis donc le cap à l’ouest, et nos corvettes défilèrent le long
de la terre à 5 ou 6 milles de distance, saluées de temps eu temps
par le cri rauc[ue des grotesques pingouins, auxquels nos matelots
répondaient de leur mieux. A midi, d’excellentes observations
donnèrent 66 degrés 3o minutes latitude sud, et i 38 degrés
21 minutes longitude est. Toutes les boussoles des navires affolaient
d’une manière étrange, et sur XAstrolabe il n’y eut que le
compas renversé de ma dunette qui continuât de marquer la route
avec une certaine précision. Notre nouvelle découverte s’étendait
donc précisément sous le cercle polaire antarctique, puisqu’elle
courait à peu près E. etO. En outre, nous étions p eu éloignésdu
pôle magnétique.
A cinq heures du soir la brise fit place au calme, et j’en profitai
pour expédier MAI. Dumoulin et Coupvent sur une très-
grosse glace, à 2 milles de distance, afin d’y exécuter les observations
d’inclinaison, déclinaison et intensité magnétiques tout à
leur aise. Ces opérations leur prirent trois heures entières , et ils
rentrèrent à bord à neuf heures trente minutes, très-satisfaits de
leui station. Jusqu’alors nos yeux, armés de toutes les lunettes
du bord, avaient interrogé minutieusement tous les accidents du
sol, et n’avaient pu y saisir un seul point que la glace eût laissé à
découvert. Malgré l’invraisemblance d’une glace c o m pacte de i 5oo
pieds de hauteur, on eût pu conserver encore quelques doutes sur
l’existence positive de la terre. D’ailleurs, je tenais infiniment à
pouvoir offrir à nos géologues des échantillons de cette portion de
notre globe,les premiers, sans aucun doute, qui auront été soumis
aux regards des hommes.
Enfin, vers cinq heures trente minutes, après diverses déceptions
occasionnées par les fausses annonces des hommes en vigie ,
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