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298 V O V A G iè D A NS L ’O CK A rS lE ,
repousser toute parole à moi prêtée, ou de détruire toute niuit-
vaise impression qu’une interprétation défavorable a peut-être
laissée dans votre esprit.
Fortement préoccupés et même vivement affligés de la position
dangereuse dans laquelle se trouvent nos deux amis, MM. de Lafarge
et Goupil, M. Jacquinot jeune et moi cherchions à saisir
toute chance de les sauver. Ne voyant à notre portée aucun port
plus voisin que la Rivière des Ciguës , c’cst vers ce point, et jamais
vers l’Ile-de-France, dont le nom n’a même pas été prononcé,
que se sont portés nos voeux ; mais M. du Bouzet, consulté
par moi, nous a désillusionnés d’un mot, et dès-lors il n’en
a plus été question.
Je connais trop bien, mon commandant, les exigences do service
et ce que je dois <à un chef et à moi mémo, poui- qu’il me
soit jamais venu à l’esprit de vous adresser, par M. Leguillou ou
par écrit, une demande que je regarderais comme une grave infraction
aux règles de la discipline et attentatoire à rhonneui-
d’un officier. Si donc nous avons parlé d’une relâche dans une
conversation particulière, soyez bien assuré que ce n’était que
l’expression d’un voeu bien iiatnrel, et que rien dans ma conduite,
rien dans mes paroles, n’a pu indiquer jusqu’aujour-
tl’hui uii refroidissement dans mon zèle pour l’expédition el encore
moins la plus légère apparence de découragement. Ce dont
je ne tire aucune vanité , vu ma bonne santé.
Je déplore vivement, commandant, que ma conversation du
3 i octobre, remise en question huit jours après, ait pris un
car.actère si différent de celui qu’elle avait dans le principe et
qu’elle ait compromis non-seulement mon honneur, mais encore
celui de personnes qui y étaient complètement étrangères.
Je suis profondément affecté d’avoir à me blanchir d’imputations
tendant à déconsidérer mon caractère , et j’ose espérer cjue
toute impression fâcheuse disparaîtra de votre esprit après les
explications que M. du Bouzet m’a dit devoir vous donner.
Veuillez agréer, mon commandant, l’assurance du profond
respect de
Votre très-humble et obéissant surbordonné.
L. T ardï dk Montravel.
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RENSE1GNEMENT.S. 299
A bord de la corvette la Zclée, le 9 novembre 183».
Commandant,
A la suite de l’inspection que vous fîtes, le 6 novembre, de
l’équipage de la Zé/ée, M. le commandant Jacquinot nous fit
connaître, à MM. du Bouzet, Montravel et moi, q u u n e démarche
faite auprès de vous, en notre nom collectif, par M. Leguillou,
démarche ayant pour but de manifester le désir de
relâcher à la Rivière des Cygnes ou à l’Ile-de-France, avait causé
en partie votre présence à bord.
Ignorant qu’une semblable démarche dût être faite auprès de
vous , et ne désirant nullement relâcher à la Rivièi’e des Cygnes
et encore moins à l’Ile-de-France, j’ai dû demander compte à
M. Leguillou de mon nom compromis, sans ma participation,par
un acte, que mes collègues désavoueront avec juste raison et
auquel je suis resté entièrement étranger.
Indépendamment des explications que M. Leguillou a données
à MM. du Bouzet et Montravel, ses dénégations complètes
rendent ma justification facile; j’espère donc, commandant,
qu’en vous remémorant les paroles deM. Leguillou, vous vous
rappelerez que je suis resté tout à fait en dehors des causes qui
ont pu vous amener à bord de la Zélée : s’il en était autrement,
M. Leguillou aurait à répondre à l’inculpation de s’èlre servi à
tout hasard de mon nom pour appuyer des opinions qui me sont
totalement étrangères et dont je décline hautement la responsabilité.
En cherchant à me convaincre, M. Leguillou a dû me rapporter
une partie de la conversation que vous avez eue avec lui ;
d’après sa version, mon nom aurait été prononcé par vous seul
en ces termes : Quelque beau parleur comme MM. et M. Coupvent.
J’ai donc lieu de craindre, commandant, que vous me considériez
comme cherchant à discréditer l’expédition ; celte erreur
est si grave, j’y ai si peu donné lieu, que je suis encore a comprendre
d’après quelles données vous avez pu concevoir de moi
une opinion tellement désavantageuse ; j’en appelle au commandant
Jacquinot, à tous mes camarades, pourraient iis citer, dans