temps que le latin et le grec. A huit ans et demi, il
traduisait Homère, Virgile, Tacite, et étudiait l’arabe
et le chinois. Pauvre enfant ! qui devait grandir
au milieu de celte atmosphère toute chargée de sciences
et de la gloire qu’elles rapportent; qui devait marcher,
si jeune encore, de triomphe en triomphe, jusqu’à
Page de seize ans, âge heureux où la vie est si belle,
où tout sourit et enchante; et qui, arrivé là, devait
mourir si misérablement au milieu d’une partie de
plaisir......
L ’éducation de cet enfant devint, pendant cinq ans,
la plus délicieuse distraction de l’amiral. Peu à peu,
il lui communiqua son amour pour les sciences et
cette ardeur infatigable pour le travail qui ne l’a pas
quitté. Avec quel bonheur le père ne voyait-il pas la
jeune intelligence de son fils embrasser tant de connaissances,
sans en êtioe fatiguée! Sans doute, bien des
fois, au milieu de ses leçons si variées et si savantes,
le marin, vieilli dans les fatigues e lle s labeurs, se
prit à rêver à son enfance à lu i, si studieuse et si
remplie, et, bien des fois, il dut reporter avec amour
ses regards sur cette tête chérie qui lui promettait tant
et devait si peu tenir !
Cependant son activité ne se ralentissait pas. La
publication de son dernier voyage était poursuivie
avec une rapidité bien faite pour étonner les plus féconds
écrivains. Un grand nombre de mémoires furent
lus par lui à la société de géographie, et en pai’courant
tous ces ouvrages , on est étonné d’y retrouver cette
netteté de style, cette chaleur littéraire qui eussent fait
de d’Urville un grand écrivain peut-être, s’il n'eût
de préférence cherché la gloire du marin audacieux
et du savant.
Ce qui surtout à cette époque contribua à répandre
ses travaux et à rendre son nom populaire ,
fut celte immense publication presqu’entièrement
sortie de ses mains, et qui parut sous le titre de
Voyage pittoresque autour du monde. Cette oeuvre
dont d’Urville conçut le plan général, dont il fournit
tous les matériaux et écrivit le dernier volume, vint
attirer tous les regards sur l’Océanie, cette partie du
monde habitée par quelques sauvages, et jusque-là
connue des seuls savants; et en même temps qu’elle
jetait une grandelueur sur les connaissances géographiques
, elle répandit aussi une auréole de gloire sur le
front de celui qui avait doté sa patrie de si précieuses
richesses.
Ce nouveau et légitime succès, joint à des études
longues et sérieuses qu’il avait entreprises sur les langues
des différents peuples, études que sa mort a laissées
incomplètes et inachevées, firent concevoir à
l'infatigable marin un nouveau plan de découvertes.
Il s’agissait tout d’abord d’un simple voyage autour
du monde, à travers les îles sans nombre dont la
réunion forme l’Océanie.
Après avoir formulé le plan de sa nouvelle campagne,
basée sur les recherches de linguistique qui l’occupaient
principalement, Dumont-d’Urville quitta
Toulon qu'il habitait depuis quelque temps, et où sa
vaste intelligence trouvait peu d’aliment dans le