Ballmrst. Au milieu de ses savantes reclierclies, l’histoire
de l’homme ne resta pas indifférente à ses yeux;
et les ti’ibus sauvages de l’Océanie, l’étude de leurs
moeurs et leur langage, vinrent apporter un nouvel
aliment à ses observations.
Enfin, le 2/| mars i 825, la Coquille venira. dans le
port de Toulon , après avoir tenu la mer pendant
près de trois ans. Elle revenait chargée de riches dépouilles,
où toutes les sciences allaient retrouver leur
part. Le gouvernement, voulant reconnaître les services
rendus par l’expédition , ordonna la publication
du voyage sur une échelle splendide , publication qui,
nousl’avonsdéjàdit, n’estpas encore terminée. A son retour,
d’Urville publia séparément plusieurs fragments
sur ses travaux particuliers pendant le voyage de la
Coquille; et comme un éclatant hommage rendu à ses
travaux, l’Académie exprima le voeu, dans sa séance
du 24 août de la même année, de voir publier la
Llore des îles Malouines, qu’il avait composée pendant
le cours de la traversée.
C’était une première justice rendue au véritable talent
de d’Urville, justice qui devait être bientôt
entière; une oi’donnance royale du 12 novembre
1824 lui conféra le grade de capitaine de frégate. Il
était temps enfin qu’un peu de faveur vînt entourer
le pauvre lieutenant, jusque-là laissé dans l’ombre,
et dont le coeur, à ce délaissement, s’était bien ulcéré
et bien gonflé d’amertume. Ce fut aussi une
consolation pour le père, déjà malheureux ; car, à son
retour à Toulon, d’Urville n’y avait plus retrouvé
son fils. Pendant son absence l’enfant avait péri sous
les yeux de sa mère, dont l’excessive tendresse et les
soins minutieux n’avaient pu le sauver. Ainsi, aux
déceptions sans nombre qu’il avait éprouvées, à ces
dégoûts qui si souvent avaient été sur le point de lui
faire abandonner sa carrière, étaient venues sejoindre
les douleurs de l’affection paternelle, d’autant plus
vives pour cette âme déjà blessée , que sous les apparences
d’un marin brusque, et souvent même bourru,
il cachait le coeur du père le plus tendre et de l’époux
le plus affectueux.
Tout cela, chagrins extérieurs et domestiques, vint
s’effacer un instant devant une faveur nouvelle, devant
un grade nouveau; ce fut pour cet ardent
marin un jour bien doux et bien mémorable, que
celui de sa promotion parmi les officiers supérieurs
de la marine militaire ; car il y avait dans ce grade
qui lui était conféré, toute l’espérance d’une nouvelle
vie; il y avait pour le père, un soulagement
à la gêne de la famille ; pour le voyageur aventureux ,
de nouvelles mers à explorer; pour le savant infatigable,
des contrées riches encore à parcourir;
pour l’intrépide géographe , des découvertes à faire ;
nouveau Christophe Colomb, l’babile navigateur espérait
aller planter son étendard sur un sol vierge
de toute trace européenne! L’avenir était si beau!
il y avait tant de choses dans ce seul mo t, l’avemr
Sans repos, sans relâche, le nouveau capitaine conçoit
le plan d’une deuxième exploration ; pendant le