jaune simple avait une marche particulière, comme elle a une
cause tout à faitspéciale. Je compte mettre ces faits clans tout leur
joui-: j ai eu l’occasion de voir ces deux maladies régnant ensemble.
Le typhus comprupié régnait en rade, à bord de quelques
navires chargés de morues; la fièvre jaune simple sévisssait au
même moment sur les oflieiei s et les soldats du 48” régiment, depuis
peu arrivés à la Guadeloupe.
Trois espèces composent le genre anémie : i ” le scorbut par
défaut d’alimeutalioii suffisamment réparatrice ; 2° l’anémie par
défaut relatif d’un air réparateur; 3" l’anemie des mines. Le
scorbut appartient à toute la terre, mais spécialement aux pays
froids ; il y affecte avec prédilection les habitants des [>ays
chauds et tempérés, lors même qu’ils ne sont point dépourvus
d’aliments de qualité passable. La fièvre jaune n’appartient
qu’aux pays chauds et humides; elle n’y affecte jamais, dans
les tropiques, que les habitants des régions froides et tempérées;
hors des tropiques, elle est le résultat d’une augmentation
subite de chaleur insolite, remarquable aussi par sa durée.
Les climats inconstants ont au moins cet avantage, de ne point
craindre ses atteintes ; dans les zones tempérées, ce fléau se complique
souvent de tv|)hns : les villes construites suivant le système
européen réunissent toutes les conditions de cette fâcheuse
com|ilicalion.
L’anémie des mines peut être, à mon avis, le résultat de la combinaison
de l’oxigène de l’air dans les galeries , oü d’ailleurs ce
dernier se renouvelle difficilement. Je ne doute pourtant point
que la respiration à petite dose des gaz méphitiques cpii s’y dégagent,
ne puisse être la cause de la même maladie, comme le
sel contenu dans les viandes conservée-s , n’est pas non plus sans
influer cbnsidérublement sur la production du scorbut maritime.
La fièvre jaune , sous le double rapport de la spécialité de sa
cause déterminante, de la nécessité d’une certaine topograpliie, et
de certaines prédispositions individuelles, peut être rapprochée
du choléra ; seulement sa) cause physique, la cause sine quà non,
est plus appréciable. Cette cause efficiente est un air très-dilate:
et très-chargé de vapeur d’eau ; il faut donc au moins une température
de 25" réaumuriens, chaleur directe, c’est-à-dire préservée
de toute réverbération. Il faut quela ville, ou tout autre
lieiRSoitsurle bord de la mer ou toute autre vaste surface d’eau.
11 esl cependant une foule de l'ieux, dans la zone tempérée, qui
r é u i i i s s e n l c e s c o n d i l i im s e s s e n l i e l l e s .e lq u i c e p e n d a n t n ’o n t jam a is
subi les ravages de la fièvre jaune ; des conditions prédisposantes
sont donc encore nécessaires ? Supposons une ville entourée de
hautes terres ti ès-rapprochées de l’emplacement qu’elle occupe ,
abritée de loules parts de l'agitation croisée des venls, et ne recevant
que ceux de la mer, d’autant [ilus chargés d’humidité qu’ils
seront plus chauds, nous concevons (jne si le iliermomèlre marque
25" sur un point aéré, au large, par exemple, il en marquera
3o° et plus dans celte ville où l’air circule mal, et qui esl exposée
aux mille rayonnements d’une chaleur réfléchie par ses propres
murs et par les fula'ises qui la dominent. Les effets d une pareille
topographie seront encore bien plus rapides si la ville est précédée,
du côté de la mer, par une rade parfaitement enclose et ne
communiquant avec le large que par un étroit goulet ; les eaux
s’y renouvelleront avec difficulté, surtout si elles ne sont point
soumises aux alternatives des marées, et elles y acquerronf une
température qui favorisera plus encore leur évaporation;de plus,
les brises du large s’échaufferont en passant sur les terres qui
entourent la rade, et arriveront ainsi, plus étouffantes encore,
dans la ville, parce qu’elles seront plus chaudes et plus saturées
de vapeur, que si elles arrivaient de la mer sans avoir eu à subir
l’influence de la terre et de la rade.
Celte description n’est pas faite à plaisir, c est celle de la topographie
de la plupart des villes de la zone tempérée nord, qui furent,
à diverses époques , le séjour des épidémies de fièvre jaune.
11 est d’autres dispositions topographiques qui s’éloignent un
peu de cette forme, an premier coup d’oeil ; mais, en les étudiant
bien, 011 y retrouve l’ensemble nécessaire à 1 étiologie spéciale de
la fièvre jaune. Ce n’est pas le cas ici d’entrer dans autant de détails;
je n’ai voulu que donner une idée de l’importance des topographies
et de leur liaison intime avec les causes des maladies
considérées en général.
Quant à la fièvre jaune, on conçoit qu’un air aussi peu vital
que celuiqui résulte des dispositions topographiques queje viens
d’ebaucher rapidement, nuise profondément à la santé lorsqu’on