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VOYAGE DANS L’OCKANIE,
8" Si le navire est réellement infecté, il faut se hâter de le fuir
aussitôt, car l ’ohligation imposée de rester à bord devient une
cruauté sans excuse.
Les cordons sanitaires ne sont bons qu’à une chose , c’esl à empêcher
de pénétrer dans le lieu infecté ; car la sortie en doit-être
libre , l’autorité ne doit intervenir que pour régler l’émigration
et pour empêcher l’encombrement des fugitifs sur un seul point.
9® Les lazarets ne devraient être que des avant-ports où chaque
bâtiment déposerait ses malades, excepté les blessés et les affections
légères, et d’où il prendrait immédiatement l’entrée. La
raison de ce conseil est que l’encombrement des maladies graves ,
dans les hôpitaux , nuit à ceux qui s’y trouvent et à ceux qui y
ari'ivent. Mais il est une autre raison , non moins bonne, pour
retenir les malades arrivant de la mer dans les lazarets : c’est que
l’air de la terre est toujours nuisible aux malades sérieusement
atteints , qui viennent du large. 11 faut donc les éloigner, le plus
possible, de l’atmosphère étouffée de la ville, et à pins forte raison
de celle d’un hôpital. Ainsi, dans mon opinion , les lazarets
devraient être de vastes et beaux hôpitaux situés sur des points
élevés au bord de la mer, ou sur des îles , mais en libre communication
avec la cité voisine.
10® Quant à l’assainissement des bâtiments qu’il est bon d’exiger
en prévision d’un nouveau voyage, il devrait être imposé par
des règlements ; mais il faut bien qu’il s’opère à l’intérieur du
port, puisqu’il ne peut être complet qu’après le déchargement.
Or, ces déchargements occasionnent tous les ans quelques cas de
typhus sporadiques parmi les matelots : il serait convenable que
ces malades fussent aussi envoyés au lazaret. L’air le plus pur
possible est le moyen curatif le plus efficace de toute affection
par infection ’ .
A ce propos, je dirai que des navires, mis en quarantaine
pour un temps assez long, fournissent toujours, au moment du
déchargement, beaucoup de malades, sans que l’on semble se
rappeler que ces navires ont été mis en état de suspicion. Cela pa-
Le grand air, l’air sans cesse renouvelé, est le moyen de guérison le
J)ius efficace de ces affections : les fenêtres doivent être constamment ouvertes.
Ce que je dis ici est le résultat de mon expérience.
RENSEIGNEMENTS.
raît une chose toute naturelle, car d’autres navires, qui n’ont
point subi de quarantaine, envoient aussi, au même moment,
beaucoup de malades à l’hôpital; ainsi, sans qu’on y pense, on est
en droit de ne pas s’effrayer des maladies du navire d ’abord suspecté
et si inutilement séquestré.
11® Après deux ou trois ans de campagne, il n’est point de
cale qui ne soit plus ou moins malsaine ; mais remarquons qu’un
prétendu foyer d’iufectiou aussi circonscrit, aussi peu étendu,
ne saurait infecter une ville, imprégner de miasmes toute l’atmosphère
qui l’environne : il a donc falluimagineiTacontagion,
car il faut bien expliquer comment le mal s’est étendu ; mais ce
mode de propagation trindividu à individu serait une hypothèse
fort séduisante, s’il n’était trop lent. Ce n’est point ainsi
c|ue procède la nature. Comment expliquer l’illusiou des esprits
à cet égard? le voici : toutes les fois qu’une épidémie générale se
déclare, tous les médecins de la ville, quelle que soit son étendue
, assistent à la fois à son invasion : dans l’espace de vingt-
quatre heures , les praticiens les plus répandus de chaque quartier,
ont été témoins des pi’emières atteintes du fléau. Les
épidémies miasmatiques ont toujours une étendue proportionnée
à l’étendue des causes d’infection et à celle des vents qui les transportent,
si le mal ne se développe pas suiTe lieu même où naissent
ces causes ; c’est un fait qui peut être constaté facilement dans une
ville comme Paris, où l’instruction des médecins permet partout
des renseignemets parfaitement exacts ; la moindre anomalie
dans l’épliéméride du jour ne leur échapperait sur aucun jioint.
11 ii’en fut pas de mémo, malheureusement, pour toutes les
villes un peu étendues, qui furent tour à tour l’objet d’enquêtes
médicales : on ne s’abouche guère qu’avec les médecins
les plus en renom, il serait même souvent inutile de faire autrement
’ . Il devient alors très-difficile de remonter à la source de
l’invasion : on subit nécessairement et presque à son insu Pin-
fluence de quelques opinions ; les archives elles-mêmes sont ré-
* ïl y a quelques années seulement que le nombre des praticiens distingués
était généralement assez limité dans les villes secondaires d’une
foule de pays. Je reconnais avec plaisir que la véritable instruction devient
plus commune, et qu’elle se répand partout.
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