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m e n t surtout les deux premiers, sujets d’un vrai mérite et qui
avaient conservé le zèle le plus louable pour la mission pénible,
mais glorieuse, à laquelle ils avaient voué leur existence. Vous
pourrez vous rappeler, Alonsieur le Ministre, que de Taïti et
depuis lors à diverses reprises, je vous avais demandé le grade de
lieutenant de vaisseau pour M. Marescot, et j ’allais vous faire la
même proposition en faveur du digne et infortuné Lafarge.
Dans les premiers jours de décembre, la fureur du fléau s’apaisa;
mais nous conservâmes une vingtaine de malades, dont
plusieurs encore gravement atteints : en arrivant à Hobart-Town,
ils ont été sur-le-champ envoyés à un hôpital installé à terre, où
ils recevront les soins nécessaires à leur lâcheuse position ; l’état
sanitaire de M. Goupil, dessinateur de la m issio n , m’obligera
peut-être à le renvoyer immédiatement en France ; heureusement,
cette perte sera compensée par le travail du jeune Lebreton, dont
je vous ai déjà entretenu, et qui m’a promis de redoubler de zèle
et d’ardeur pour suppléer au vide laissé par le dessinateur en
titre.
Je ne compte m’arrêter à Hobart-Town que le temps nécessaire
pour les réparations de l'Astrolabe, et rafraîchir un peu son éq u ipage.
Mais les pertes que nous avons essuyées, le nombre de malades
déposés à terre, me forcent à modifier mes projets. Le capitaine
Jacquinot, malgré qu’il lui en coûte de se séparer de m o i,
même pour un court espace de temps, va rester ici avec la Zélée le
temps nécessaire au rétablissement des malades.
Pour m oi, après une relâche de vingt jours au plus, et après
avoir pris sur \a Zélée sept ou buit bommes valides, je vais remettre
à la voile et profiter de l’été austral pour pousser une nouvelle
pointe et aller reconnaître le point d’ariêt de la banquise, sur le
méridien delà Tasmanie. Dans ces parages où nul navigateur, pas
même Cook, ne s’est avancé au-delà du 55® degré de latitude, il
m’a semblé que ce serait un point de géographie important à résoudre
que de fixer la limite des glaces, limite que nous avons vu
régner si constamment dès les 63® et 64° degrés de latitude sud ,
entre les terres Louis-Philippe et celles de Sandwich.
Au reste, mon intention n’est nullement de séjourner cette
fois dans ces parages rigoureux, je me replierai immédiatement
versleuord, je visiterai, si le vent me le permet, les îles Macquarie
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PIECES JUSTIFICATIVES. 179
ou Auckland, puis j’irai reprendre la Zélée à la Baie des Iles de la
Nouvelle-Zélande, fixée comme point de réunion ultérieure. De
là, l’expédition effectuera son retour en France par l’est ou par
l’ouest, suivant les circonstances et l’étal des équipages. Selon
toute probabilité, nos navii’es rentreront au port au mois de sep-
tem br prochain.
Les comptes régulièrement expédiés en France, de chaque relâche,
ont pu vous démontrer, Monsieur le Ministre, combien
ont été modiques nos dépenses en pays étranger, avec quel soin
nous avons ménagé les vivres, les agrès, les voiles et toutes les
l’essources mises à notre disposition, en un m o t , combien nous
avons été avares des deniers de l’Etat. A moins de malbeurs imprévus,
j’espère toujours qu’à notre retour eu France, les d é penses
occasionnées par notre mission dépasseront de bien peu
celles qui aui’aient été indispensables pour le service ordinaire.
Veuillez agréer, etc.
Hobart-Town, le 31 décembre 1839.
Monsieur le Ministre,
Dans la lettre que j’ai eu l’honneur de vous adresser, en date
du i 5 décembre, et qui a dû vous parvenir deux ou trois semaines
avant celle-ci, après vous avoir rendu compte des événements
de la campagne, depuis le départ de jusqu’à
notre arrivée à Hobart-Town, je vous annonçais que mon intention
était de laisser la Zélée à Hobart-Town avec tous les malades,
tandis que je pousserais seul, avec XAstrolabe, une pointe
au sud.
Contre mon attente, il nous a été possible de rencontrer quelques
hommes, pour remplacer en partie les vides laissés dans nos
équipages par les morts et les malades. M. le capitaine Jacquinot
m’a promis d’être lui-même prêtà remettre à la voile pour l’époque
que j ’avais fixée, et il m’a témoigné tant de regrets d’être obligé
de me quitter dans cette nouvelle phase de notre navigation, que
j’ai fini par accepter sa compagnie. Une autre considération, bien
puissante pour me décider, était la certitude que l’absence de la
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