trois quarts-d’licure sur le même bord. Il est plus large que dans
le premier et le deuxième g ou le t , quoique la carte ne l’annonce
pas ; le courant de flot commence à devenir moins fort, el à quatre
heures , nous trouvant par le travers de la baie S/uardo, nous
y sommes entres et avons mouille par dix-huit brasses, fond
d’argile blanche , semé de roches détachées du fond.
Dans cette baie, qui est très-grande, on est à l’abri de la mer;
mais le vent souffle avec force, lorsqu’il vient des montagnes situées
au S.-O. et à l’O. La tenue est bonne; on doit éviter de
passer sur un banc de goémons qui est à l’entrée, au milieu de
la passe. Ou peut cependant le ranger de près , car nous avons
trouvé quinze brasses d’eau à son entour. Nous avons sondé
toute cette baie et sommes restés convaincus que le meilleur
mouillage est dans le fond de la baie, par quinze et dix-huit
brasses de fond d’argile sablonneux, plus sur bâbord que sur
tribord, en allant vers le fond.
Il se trouve, tout à fait dans l’intérieur, un amas de rochers,
les uns à fleur d’eau, les autres élevés au-dessus de son niveau.
Cependant, avec une embarcation , nous avons fiût le tour de la
grande île qui forme la baie. 11 y a une baie plus ouest, mais la
tenue doil y être mauvaise ; nous n’y avons trouvé que des fonds
de roches.
Le mercredi 11 janvier, nous avons de nouveau mis à la voile,
et aidés d’une belle brise d’E. et S. E., nous avons longé de
très-près la cote méridionale du détroit ; elle est très-saine partout,
et nous avons aperçu partout des ports qui paraissent
bons , mais le vent élant favorable, nous en avons profité et continué
notre route pour le cap Pillares, où nous étions à quatre
heures du matin, le 12. Les courants étaient faibles dans ce moment,
probablement parce que nous étions dans les mortes marées.
La terre est élevée des deux bords, et ne présentait aucun
danger à l’approcher. Nons avons trouvé plusieurs enfoncements
semblables à des canaux, et qui n’étaient pas portés sur notre
carte.
Observations sur les vents , les courants et les vues de cotes.
Pendant le temps que nous avons louvoyé à l’entrée orientale
du détroit de Magellan, nous avons resenti des courants assez
flot et de jusant, portant toujours dans la direction du chenal, ou
à peu près. Lorsqu’il vente de l’O. ou du S.-O., la mer est très-
grosse, surtout pour un petit bâtiment. Nous avons reçu souvent
des paquets de mer sur le pont. On doit alors aller mouiller dans
le N.-E. du cap des Vierges, à un mille de terre.
La côte du nord est élevée et plate. Un seul monticule la
dnmûie. Dans tous les endroits resserrés, les courants sont
très-forts ; nous avons eu lieu de le remai’quer, surtout au premier
goulet, vis-à-vis l’anse de la Possession. La côte méridionale
est peu élevée, jusqu’au cap Orange.
Dans le premier goulet, les côtes sont un peu escarpées et un
peu élevées. En sortant de ce goulet pour aller dans le S .-O., on
doit faire en sorte de ne pas trop se laisser affaler dans l’entonnoir
que forment l’île des Pingouins et la côte de la Terre de Feu.
Le courant y passe avec force.
Depuis la pointe ouest du premier goulet, la terre est peu élevég
jusqu’au cap Saint-Grégoire ; seulement sur la côte, car dans
l ’intérieur elle est monlueuse.
Dans la baie Saint-Gregoire, nous n’avons pas éprouvé de
grands courants ; mais dans le second goulet, le flot a été fort;
les terres sont, comme dans le premier, assez élevées.
Quand on vient de l’est, on doit faire attention de ne pas prendre
pour l’entrée du second goulet le fond de la hnïe Saint-Grégoire.
La terre y est peu élevée, et ferait croire qu’il y a passage,
à cause de la haute montagne taillée à pic que l’on voit dans l’intérieur,
et que l’on pourrait prendre pour le cap Saint-Grégoire.
Depuis notre second mouillage à l’est de l’île Magdcleine, jusqu’au
cap Froward les courants ont peu influé sur notre route.
La terre de la cote de Feu est basse au bord de la mer, et très-
haute à plusieurs milles dans l’intérieur ; mais celle de l’ouest est
très-haute, et peut être rangée de très-près.
JLisqu’au cap Froward,\cs deux côtes sont très-boisées, excepté
sur le sommet des montagnes, toujours couvert de neiges.
Depuis le cap Froward jusqu’à la sortie du détroit, les vents ont
une force extraordinaire quand ils sont d uN . -O , , de l’ouest et du
sud. Les courants prennent aussi de la force dans cette partie ; les
terres sont très-hautes des deux bords, couvertes de bois, et leur
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