du reste leur service n’est pas fatigant, et jamais ils ne sont
appelés à faire des courses tlaus l’intérieur. Lu tranquillité
et l’inertie de la population, la rareté des disputes, les crimes
presque inconnus, rien enfin ne réclame l’interveuüou delà force
armée , d o n t, au besoin , on pourrait se passer sans la moindre
inquiétude, mais que l’on conserve comme signe d’occupation militaire,
et pour ne pas donner prétexte «à d’autres puissances de
venir s’y établir,
A la suite des fatigues qu’il avait éprouvées sui la côte de la
Louisiade et dans le détroit de Torrès, le commandant i'î’f// cz7/e
sc trouv a it, lors de notre arrivée à Timor, atteint d’une forte attaque
de goutte , accompagnée de vives douleurs dans les entrailles
; il ne put quitter un seul instant le bord, durant la relâche
, et même sa position nous inspira quelques inquiétudes.
Heureusement, la crise se calma dans la journée du a4, et il put
jouir de quelques moments de repos. Le lendemain, au malin,
avant de signaler l’appareillage, il assembla chez lui les officiers
des deux corvettes, et là, leur fît lecture des instructions que le
gouvernement lui avait envoyées pour la campagne que nous venions
d’exécuter ; chacun put se convaincre, non-sevüemcnt de
la fidélité avec laquelle il les avait suivies, mais encore on put
juger que la masse des travaux exécutés en dehors de ce qui était
ordonné, pouvait à elle seule constituer une expédition glorieuse.
{M. Jacquinot.)
}
Note 2 , page 18.
L’île de Timor est très-ferülc ; elle fournit abondamment aux
besoins desnombreux baleiniers américains et anglais qid relâchent
de préférence à Coupang, oh ils ont libre entrée sans aucun droit
d’ancrage. La pèche du cachalot occupe toujours une soixantaine
de ces navires dans le voisinage de Timor , qui est le centre
de leurs croisièi'es et où ils vicnncn t de temps à au tre se ravitailler.
Ce cétacé, encore très-commun aujourd’hui, depuis la côte gud de
NOTES. 35
’rimov jusqu’au nord de Ternate, route qu’il est obligé de suivre
pour sc rendre de l’Océan indien dans la mer Pacifique, disparaîtra
bientôt sous le harpon infatigable de ces deux nations,
c l les pêcheurs fi’ançais, toujours tardifs, toujours à une distance
infinie de ceux-là, n’arrivi lont que pour glaner avec peine sur
ce terrain déjà moissonné par d’autres. Ainsi ont procédé toujours
nos pêcheurs , ou plutôt nos armateurs qui n’ont pas assez
le génie du commerce, pour courir les plus légères chances d’une
entreprise, hors de leurs routinières spéculations.
Ce que l’on comprend cependant plus difficilement en co r e ,
c'est que les Hollandais qui, les premiers, ont fait dans l’hémi-
sphèi-e nord la guerre aux baleines, qui dans la pèche ont été
longtemps les maîtres de tous, laissent sans s’émouvoir exploiter
par d’autres une mer toute hollandaise. Uniquement occupée de
ses cafés , de son thé, Java ne voit plus que celte double mine à
l’exploitation de laquelle elle sacrifie ses trésors et ses bras,tandis
qu’il lui serait facile, par quelques armements, de l’avir à l’Angleterre
et aux Etats-Unis une source de grandes richesses, Mais
les Hollandais tombent par entêtement, dans les fautes où n ousen-
traîncntnotre insouciance et nos tcrrenrscommcrcialcs. Ilssesont
butés aux sucres, aux cafés et aux thés, et rien ne les en sortira.
Nous avons été parfaitement accueillis à Coupang par le résident
M. Gronovius, homme aimalileet instruit, qu’un long séjour
à Bornéo a mis à même de faire sur ce pays un grand nombre
d’observations ethnologiques, et de construire une carte in téressante,
dontil a doté l’expédition. Ces matériaux sont d ’autant
plms cu rieu x , que M. de Gronovius a eu pendant un
long séjour à Pontianak, et sur divers points de Bornéo, toutes
les facilités possibles de se procurer des renseignements de
toute espèce, suiT’intéricur de cette île, dont les moeurs et les
divisions sont si peu connues. C'est une acquisition précieuse
pour l’expédition.
M. Gronovius nous a longtemps et souvent parlé de Bornéo ,
et m’a presque donné l’envie de visiter des lieux dont il m’a fait
une si brillante description. La conversation de cet homme aimali!