elle ne nous a même pas laissé ce fils cliéri par vous
pour rélever dans le récit de toutes les vertus que
nous avons connues.
« Et c’est lorsque nous croyions avoir atteint le
terme de nos souffrances, qu’il nous était réservé d’av
o i r à confier àia terre ces dépouilles glorieuses comme
la plus forte épreuve à laquelle nous puissions être
soumis.
«Adieu donc notre illustre chef! adieu famille infortunée
! nous vous avions offert amour et dévouement,
nous ne pouvons plus aujourd’hui qu’arroser
votre tombe de nos larmes ! »
« Voici le discours de M. Bertbelot, secrétaire-général
de la société de géographie :
« La société de géographie ne pouvait être frappée
d’une manière plus cruelle que par la mort du président
de sa commission centrale. Organe de ses sentiments
et de sa douleur profonde, j’apporte sur cette
tombe l’hommage de ses regrets.
« C’est une bien triste préférence que celle qui est
acquise aujourd’hui, Messieurs, à celui qui vous parla
souvent de l’illustre marin dansvosséances solennelles,
à celui qui était si heureux de proclamer hautement les
succès du savant navigateur, de l’homme courageux
qui fut son ami et qu’il vit débuter dans une noble carrière,
alors que prenait naissance cette marine nouvelle
d’où devaient sortir plus tard tant d’hommes re-
commandables par leur expérience, leur savoir et leur
dévouement à la patrie.
«Emule de gloire des Bougain ville, des Cook, des
Vancouver, des Lapeyrouse, Dumont-d’Urville occupera
un rang distingué parmi les navigateurs qui, depuis
la seconde moitié du dernier siècle, ont le plus
contribué aux progrès de la géographie. Comme le
capitaine Cook, qu’il plaçait toujours en première
ligne , il fit trois fois le tour du monde ; comme lui, il
conçut avec un rare talent des projets de campagne
qu’il poursuivit avec constance et accomplit avec
autant d’habileté que de courage; de même que lui
encore, nul de nos marins n’a plus honoré ce métier
si pénible pour ceux qui veulent en remplir dignement
lesdevoii’s. Ab! Dieu me garde de soulever le voile
funèbre qui couvre cette tombe, pour vous montrer le
déchirant spectacle qui s’offrirait à vos regards! Assez
d’émotions ont affligé nos âmes dans ces jours de
deuil ! Mais dans la destinée de deux navigateurs également
célèbres, il est. Messieurs, une fatale coïncidence
que je ne puis taire : les compagnons de Cook
ne purent rendre les honneurs militaires qu’à quelques
restes mutilés de leur infortuné commandant, et vous
savez tous quelle triste dépouille mortelle nous réunit
autour de ce cercueil— !
« C’est à la mémoire de l’historien qui écrivit l’éloge
de Cook et de Bougainville que nous rendons hommage,
à la mémoire du marin intrépide qui montra de
si vives sympathies pour ses illustres devanciers, à
Dumont-d’Urville , qui retrouva l’ile inhospitalière où
les vaisseaux de Lapeyrouse vinrent se briser, qui éleva
sur les rochers de Vanikoro un modeste monument au