128 NOTICE BIOGRAPHIQUE.
loiite la délicatesse qu’il avait apportée dans sa mission.
« Mon cher capitaine, dit Charles X avec effusion
« de coeur, et en serrant les mains de d’Urville, il
« m’est agréable de vous témoigner de nouveau toute
« ma gratitude, et de vous remercier de toutes les at-
« tentions et de toutes les complaisances que vous
« avez eues pour moi et pour toutes les personnes de
« ma famille. Il est impossible d’avoir rempli votre
« mission avec plus d’bonncur et de délicatesse; je
« suis ravi d’avoir fait votre connaissance, et j ’espère,
« si jamais nous nous revoyons, être â même de vous
(( le «prouver plus dignement que je ne le puis faire
« aujourd’bui '. »
Le 25 août, l’escadrille rentrait à Cberbourg, après
avoir débarqué, sur les plages de Portsmouth, toute
la famille exilée. Cette mission, délicate et difficile,
avait été si dignement remplie par le capitaine d'Urville,
que tous ses amis s’attendaient à le voir honoré
de quelque récompense si bien méritée.
Seul, et ses écrits en font foi, il n’avait jamais rien
espéré de la mission qui lui avait été confiée; son
amour du devoir, son dévouement à sa patrie, l'avaient
seuls poussé à ne pas décliner la tâcbe pénible
de conduire dans l’exil la famille déchue ; car il prévoyait
à l’avance, que cette mission, loin de lui faire
honneur ou de lui porter profit, lui attirerait de nombreux
désagréments , et l’exposerait â toutes les in-
* Textuel (Voyage inédit du capitaine Dumont-d’Urvillc en Angleterre
pour y conduire Charles X et sa famille.)
justes accusations des partis. Ses prévisions se réalisèrent
pleinement ; il était à peine rentré en France,
que sa conduite était soumise, par les partisans de la
légitimité, â de fausses et injurieuses interprétations, et
quelques mois après, il fut complètement oublié. Ses
amis en éprouvèrent un grand désenchantement. Pour
lui, douloureusement fixé depuis longues années sur
ce qu'on doit attendre de la reconnaissance des bommes,
il revint paisiblement et avec bonbeur, comme
il le dit, à ses moutons , c’est-à-dire à ses cbères études
, à ses travaux géographiques.
Tout entier, dès lors , à ces occupations, il se renferma
dans une grande et laborieuse solitude. Entouré
de sa femme , de ses enfants, dont l’un , Jules,
était déjà un prodige de savoir, il s'estimait parfaitement
beureux. Cette vie de famille, si calme, si monotone,
si modeste, était pourtant pleine de charmes pour le
marin hardi et aventureux, pour le navigateur infatigable
, qui avait si souvent livré sa vie aux vents et
aux îlots. Seul, et dans le silence du cabinet, il rêvait
néanmoins, au milieu de cette existence paisible
, d’autres voyages, d’autres dangers. Mais il avait
encore sept années à attendre, avant de voir ses voeux
se réaliser.
Il était le seul précepteur de son fils, dont il avait
fait, à l’âge de six ans, une sorte de phénomène de
science. Jules n’était déjà plus un enfant, à cause de
son application constante à l’étude et de la variété de
ses connaissances. A cet âge où d’ordinaire on est si
peu avancé, il apprit les éléments de l’anglais, en même
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