: îU..
i* '
toute la partie méridionale était très-vaguement tracée,'surtout
l’intervalle entre le point d’arrêt de Bougainville, et la Nouvelle-
Guinéeétait dcmeuréecomplétement inconnue; seulement la plupart
des cartes y plaçaient un détroit d’assez longue étendue.
Tout en me dirigeant vers le dé/roù de Torrès , je me proposai
de combler ces lacunes géographiques. Le 22 mai, nous attérîmes
au nord de l’île Rosse/, et depuis ce jour, jusqu’au 29 mai,
nous necessâines de suivre la terre de très-près, traçant avec exactitude
les divers accidents dans un développement de près de deux
cents lieues de côtes. Cette navigation exigea une grande vigilance
à cause de la grosse mer, des vents violents de S. E. au S. S. E .,
des grains et des brumes fréquentes, qui nous empêchaient de
découvrir, longtemps à l’avance, les récifs dont ces terres sont
hérissées dans presque toute leur étendue.
Toutefois, à cela près de quelques petites alertes causées par
des récifs isolés, imprévus et souvent assez éloignés de terre,
nous pûmes nous acquitter heureusement de cette tâche.
Dans la journée du 28, nous constatâmes qu’il n’existait pas de
détroit entre la Nouvelle-Guinée et la Louisiade ; c’est un fiût important
que nous serons les premiers à signaler.
Nons traçâmes environ trente lieues d’étendue de la Nouvelle-
Guinée , au-delà du cap Rodney, et près de ce cap les terres
nous offrirent l’aspect d’un des pins beaux pays du monde;
beau champ à exploiter pour une expédition dont l’équipage
n’aurait point encore souffert et qui aurait du temps à y consacrer.
Mais j’avais déjà bien dépassé le terme qui m’était assigné,
e tje ne pouvais me dissimuler qu’il était grand temps d’en finir.
Je fis donc route à l’ouest pour franchir le détroit de Toirés
par la roule la plus septentrionale; je choisissais cette direction
afin d’offrir du nouveau à la géographie, sachant que le capitaine
"Wickam e f d’autres étaient chargés d’explorer les passes du midi,
presque exclusivement fréquentées par les marins anglais.
Le 3i mai et le i®*' ju in, dans la matinée, nonobstant des vents
très-violents du S. 0 . et des brumes souvent très-gênantes, notre
navigation avait été prospère et notre reconnaissance heureuse;
je me promettais même de vider le détroit dès le lendemain matin,
ce qui était une ti-aversée admirable par cette route ; mais trop
de confiance accordée de ma part dans l’esquisse imparfaite
■'tlìlili®
il
tracée par Bligb, f a i l l i t causer l’entière ruine de l’expédition.
Le i®’’ juin, à trois heures de l’après midi, en arrivant près de
l’île PFarrior ou plutôt T'oud , je donnai dans une fausse passe,
et ne reconnus ma méprise que lorsqu’il ne fut plus possible de la
réparer.
Nousmouillâmcs par trois brasses et demie, fond de coraux, et
bientôt les deux corvettes touchèrent assez fortement; les équipages
exécutèrent de rudes ti avaux pour tâcher de nous tenir à
flot, mais la marée montante brisa nos ancres dans la nuit, entraîna
les deux corvettes et les fît monter toutes les deux sui un
banc de coraux. A la bassemer suivante, la Zélée, qui avait monté
en entier sur le récif, se trouva n’avoir que six pieds d eau à t ii-
bord et quatre à bâbord, et elle ne prit qu’une bande modérée,
mais VAstrolabe resta suspendue au bord même du récif, avec
deux ou trois pieds d’eau à tribord seulement, et ayant douze et
quinze pieds à bâbord. Aussi, dans toute la journée du 2 juin,
conserva-t-elle une bande effrayante qui, à neuf heures du soir,
devint telle qu’elle nous fit craindre un moment de chavirer complètement
sur le bord du récif; heureusement le flot suivant la
redressa. Le 3 ju in, au matin, la Zélée se remit à flot; et dans la
nuit suivante, en faisant au cabestan des efforts désespérés, 1 As trolabe
quitta elle-même sa triste position, et fut remise à flot dans
un canal étroit où nous étions du moins, hors de danger. Il nous
fallut ensuite plusieurs jours pour reconnaître et sonder avec soin
les canaux tortueux et étroits qui pouvaient nous remettre sui la
bonne voie. Enfin, le 9 juin ce travail fut terminé. \dAstrolabe
laissa sur le récif sa fausse quille etsacontre-quille tout entières,
mais sans faire une goutte d’eau de plus qu’auparavant. Les deux
corvettes ne perdirent ni ancres ni chaînes, mais plusieurs ancres
eurent leurs pattes cassées. Le 12 ju in, nous vidâmes heureusement
le détroit, après avoir terminé une reconnaissance qui rendra
celte traversée aussi facile à ceux qui suivront nos traces,
qu’elle a été pénible pour nous.
Afin de procurer des rafraîchissements aux deux équipages, je
me dirigeai vers Coupang-sur—Tanor, ou nous mouillâmes le 20
ju in, et d’où nous repartîmes le 26, avec tous nos hommes bien
portants, à l’exception de quatre oiucinq personnes maladesMéja
depuis longtemps ; les vents d’est nous firent rapidement franchir
lit
r
q;
't'ii
a ' ■
■î'i' .i
, [t . : I
' '¥3
fil (î-v : : î
¥