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258 VOYAGE DANS L’OCÉANIE.
digécs sous rinfluence de quelques personnes haut placées dans
l’opiniou publique : vous ne voyez donc qu’un coin du tableau,
car ceux qui vous servent de guides sont eux-niêines dans ce cas.
Quelque célèbre que soit un médecin , il ne saurait, en effet,
avoir été appelé à la fois de tous les points de la vdle ; l’épidé
mie marche donc pour lui dans l'ordre et en proportion des secours
qu’on réclame, de lui successivement. Des praticiens moins
connus font souvent devancé dans les quartiers populeux et ont
déjà vu les prodromes de l’épidémie, quatid il commence aussi
à en distinguer les premières traces parmi les membres de l’aris-
tociatie. Il importe donc que les médecins se rapprochent, que
les sociétés médicales se multiplient.
Peu éveillés sur la gravité d’un mal, qu’on n’apprécie pas bien
encore, les malades s'empressent peu de se faire transporter aux
hôpitaux; les premiers qui s’y rendent, sont disséminés dans
plusieurs hospices ; on les oublie, parce que des faits plus frappants
fixent bientôt exclusivement les esprits. En effet, toutes
les villes importantes ont toujours un quartier moins saiubre
que les autres ; le plus grand nombre des malades qui encombrent
bientôt les hôpitaux proviennent surtout de ce point de la
ville : ce fait se présente en saillie, on s’y attache comme à toute
circonstance remaïquable ; on prononce que l’épidémie a commencé
dans tel quartier et s’est ensuite répandue par contagion.
Si ce quartier accusé est le port, on prouvera facilement que la
contagion est émanée d’un ou plusieurs navii-es, car il est bien
probable alors que le premier ou l’un des premiers malades aura
été un matelot. C’est précisément ainsi que cela se passe, et voici
pourquoi.
Les quais , ce qu’on nomme le port dans les villes maritimes ,
lors même qu’ils appartiennent au beau quartier tie l.i ville, sont
les aboulissanls des égouts ; les odeui s les plus infectes s en exhalent
habituellement. Si à cettecircoiislancefâelieuse vient sejoindre
l’influence générale de la mauvaise constitution de l’atmosphère,
on concevra que ce quartier soit un ties premiers maltraités.
Or, ce qu’on admettra fiicilemenl pour le port, il faudra bien
l’admettre pour les marins occupés à vider d( s cales plus ou moms
malsaims, suivant le genre de chargement, et suivant le degré
de propreté du navire, mais qui, certes, ne passeront jamais pour
RENSEIGNEMENTS. 259
des lieux salubres. Au milieu de toutes ces conditions, il y a trois
chances contre une pour que ces hommes h.dhtués à fair pur de
la mer, plus sensibles par conséquent a une infection ([u à un
changement de climat, soient les premières victimes du fléau qui
va frapper la ville entière.
Si à ces difficultés de découvrir la vérité, si à ces apparences
trompeuses viennent sejoindre les erreurs, les préjugés du temps,
qui forment nécessairement les opinions de tous ceux qui n’ont
eu ni le temps, ni les occasions multipliées de s’occuper de ces
sortes de questions, on concevra que l'on admette la contagion
comme étant le mode de propagation de toutes ies maladies épidémiques
par empoisonnement miasmatique. Ce qui, sauf une
seule exception , la variole, est une grande erreur. Les quarantaines
sont donc nuisibles, puisqu’elles ne sont point utiles.
12'^ Ou ne doil pas regarder comme épidémiques ces rougeoles
et ces scarlatines qui ne manquent pas d affecter, (¡ik lie que soit la
saison, les habitants de la campagne qui viennent habiter nos cités;
il en esl de même de celles qui affectant les conscrits dans les casernes.
On ne saurait non ¡ilus accuser la contagion en pareil cas,
car aussitôt que ces jeunes militaires lombent malades, on les dirige
sur les hôpitaux; souvent ces maladies n’existent point en
ville, ou s’y présentent de la manière la plus isolée , lorsiju elles
font de véritables ravages dans les rangs de la jeune garnison.
A cet égard, nous léions remaniuer (jue les dispositions des casernes,
comme celles des hô[jitaux, sont exli êmi im iil tlefeelin uses
et que le progrès attend la de grandes aiiielioratioiis. La divisirni
des s dies et la facilite d’etahlir partout et à volonté des eou.anis
d’air, voilà le principe general (ira doil présider aux consli ne-
lions des liôpi.aux, des casernes, des colleges , d e secóle s , des
asiles, e tc ..., des prisons même, tons lieux q u i devienuent lmp
fre(|ueri:meiit eneore des ftiyers d’inleeliou Ajoutons encore c[iie
le choix du fieu de coustruelion est aussi de la plus haute im-
poiTaiice.
Les conscrits, comme tons les compagnards, sont victimes de
leni' delànt d habitude pour l'air des villes et |Jour celui des ea-
serm s. C’est aiiisique les Eiiropriens norivellemeiit arrives aux
Antilles sont affectes de fièvre jaune, sans (jue l'on [luisse considérer
comme une épidémie la- maladie qui ies décime. C esl tout