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84 NOTICE BIOGRAPHIQUE.
« dit-il dans un de ses manuscrils% je crus enfin que
« je ne pourrais jamais trouver l’occasion d’exécuter
« les projets qui m’avaient poussé dans la marine, et
« je n’aspirai plus qu’au moment où je pourrais quitter,
«l’ingrate et pénible carrière que j’avais embrassée.
« Mais l’ambitieux Napoléon venait de lasser la for-
« t u n e . ), A c e t t e époque, e n e f f e t , e l l e v e n a i t d e d é s e r t e r
ses drapeaux à Moscou; une suite non interrompue de
désastres amenèrent sur le sol français les bordes ennemies,
et le béros qui si longtemps avait fait trembler
tous les souverains de TEnrope , fut à son tour obligé
de déposer la couronne impériale. Les Bourbons
reprirent les rênes de l’Etat, et, à la suite du traité
à jamais déplorable de Paris, les mers furent enfin ouvertes
à nos vaisseaux, si longtemps bloqués dans nos
ports.
Le vaisseau la Ville de Marseille fut destiné à conduire
le duc d’Orléans à Palei’me, et à l’en ramener
ensuite en France avec toute sa famille. Dans cette
courte campagne, qui ne dura que quatre jours pour
aller et buit ou dix jours pour revenir, il put enfin se
faire une idée de la navigation. « Je sentis effective-
« ment, dit-il, qu’elle devait être dix fois moins insi-
« pideque le service infiniment désagréable que j’avais
« fait, durant six ans et demi, dans les rades, et qm
« m’avait si profondément dégoûté de la manne. » Du
reste, pendant cette courte traversée il ne vit que la
ville de Palerme; il aperçut de loin les côtes de Sar-
* Introduction aux Souvenirs d'un Voyage autour du monde (Mémoires
inédits).
m
NOTICE BIOGRAPHIQUE. 85
daigne, celles de la Corse et de l’île d’Elbe. Pour la
première fois , il approcha la famille d’Orléans. Quinze
ans plus tard, il devait la revoir assise sur le trône de
France, au retour du voyage qu’il avait exécuté sur
les côtes d’Angleterre, afin d’y déposer dans l’exil
Charles X et sa famille, après la révolution de juillet
i 83o.
Au retour, la Ville de Marseille fut désarmée, et
Jules d’Urville se trouva de nouveau réduit au service
du marin à terre. « Je ne fus point facbe, dit—il, de
« respirer quelque temps l’air pur des champs, après
« le séjour que je venais de faire sur les planches du
« vaisseau; d’ailleurs, je renouvelai connaissance avec
« l ’un de mes anciens camarades de lycée, l’ingénieur
« de Cerisy, qui, plus heureux que moi, avait été ad-
« rais à l’école Polytechnique, et qui, en outre de ses
« travaux obligés, s’occupait avec ardeur d’entomo-
« logie. Il me communiqua le goût de cette science.
« J’arpentai rapidement, et sans relâche, les ravins, les
« montagnes, les forêts voisines de Toulon, et bientôt
« je réussis â me former une collection assez complète
« des espèces circumtoulonnaises. »
Au mois de mars i 8i 5 . Napoléon abandonnant sa
retraite sur l’ile d’Elbe, débarquait nuitamment sur les
côtes de Provence. Pendant cent jours encore il fut
maître de la France ; l’Europe entière était en feu.
I.’enthousiasme du peuple français était au comble: il
avait suffit â l’empereur de déployer ses aigles pour voir
se grouper autour de lui les militaires de toutes armes
qu’il avait si souvent conduits â la victoire. Jules d’Ur