simplement l’action d’un climat étranger sur des exotiques. Ce
sont là ties dispositions organiques particulières qui ne consli-
iLient pas des épidémies. Les causes endémiques , qui n’agisseut
que sur des individus transplantés tout à coup au milieu de conditions
géographiques ou topographiques nouvelles, simulent
quelquefois une épidémie ; mais le médecin ne doit pas être dupe
de cette apparence : il doit hien distinguer l’état normal de la
constitution sanitaire du pays, d’un événement qui dépend des
individus et non d’une modification dans l’état de l’air. Aussi,
hieii que, d’un autre côté, fos causes qui sont endémiques sur un
point quelconque, puissent ailleurs devenir épidémiques, en
se réunissant hrusquement là ou la topographie n’admet point
ordinairement leur existence simultanée ; cependant, les résultats
sont si difï’érents dans l’une ou dans l’autre circonstance , qu’ils
doivent être distingués par des dénominations diiïérenles. Dans
lia cas, il 11’y a qu’exception à l’état général de la santé publique,
les étrangers seuls subissent l’effet de l’endémie; dans l’autre, i ly
a calamité publique, tout le monde peut être atteint de l’épidémie.
La scarlatine, la rougeole , la variole, les fièvres typhoïdes épidémiques
produisent des effets eiFrayants sur les individus qui
n’habitent pas ordinairement les grandes cités. Elles sévissent sur
toute une ville., sur tout un canton, elles n’épargnent aucun âge,
et leur malignité se montre surtout dans les hôpitaux, les prisons,
les casernes ; la mortalité est grande ; les angines gangreneuses
tuent alors beaucoup de monde, surtout les vieillards.
Ou n’a point non plus assez étudié les causes spéciales de ces
épidémies , elles se montrent là où survient brusquement un surcroît
de population, par suite d’occupation militaire , par exemple;
elles se montrent dans des villes assiégées où la souffrance et
les dangers de la guerre, multiplient les maladies parmi les habitants.
Elles paraissent vers la fin d’hivers rigoureux, pendant
lesquels on a pris des mesures minutieuses pour se gai'anür du
froid, sans se préoccuper des moyens d’aérer ircquemment. Elles
peuvent régner avec le typhus et avec les fièvres typhoïdes.
Ce simple aperçu prouve combien il importe que les médecins
ii.xeut leur attention sur l’étiologie des maladies par inféction, car
c’est le seul moyen de prévenir, plus que par des conseils vagues
et généraux, sinon toujours le ma l, au moins les épidémies.
L’épidémie de variole dont j ’ai déjà fait mention, et qui se développa
en 1825 à la Pointe-à-Pître, dut son existence à deux
causes : à l’encombrement de la population et ensuite à la conta«:
gion. Le quartier des Abîmes n’était pas encore construit, et la population
fixe de la ville augmentait rapidement à l’époque où le mal
se montra ; les arrivages étaientconsidérables, et un grand nombre
de nègres, parmi lesquels il en était beaucoup de la côte d’Afrique,
travaillaient en ville au transport des marchandises. L’épidémie
débuta en partie par ces malheureux ; elle fut terriljle pour eux,
il en mourut le plus grand nombre. Mais il ne faut pas croire
que les premiers malades furent exclusivement des noirs : j ’étais
en position de voir toutes les ramifications du mal à son début, et
lorsque je fus appelé en ville pour donner mes soins à des vario-
leux, soit nègres , soit blancs , j’avais déjà constaté, trois jours
avant, à f hôpital maritime et militaire, deux cas de variole. L’un
de ces malades était un militaire du 45®, l’auli’e un matelot. Peu
de jours après M. Ménier, jeune capitaine au long-cours, qui
arrivait de France, était affecté de varioloïde. Ce jeune marin
avait eu la variole dans sa jeunesse. Ceux qui ne furent pas atteints
de variole ou de varioloïde furent de rares exceptions ; cependant
, excepté les nègres nouveaux, tous ces malades avaient
été vaccinés , plusieurs avaient eu la variole , quelques vieillards
avaient été inoculés.
i 3® La fièvre jaune , que j’ai malheureusement observée sous
toutes les formes , n’est point à mes yeux un typhus ; elle est au
typhus ce qu’est le scorbut proprement dit à la même maladie ;
elle peut en être aussi une complication. Le typhus compliqué de
scorbut ne constitue point une espèce ; il en est de même du typhus
compliqué de fièvre jaune.
La fièvre ja u n e , telle que nous la présentent toute l’année les
Européens récemment arrivés aux Antilles , n’a pas le même aspect,
alors même qu’on l’observe pendant l’hivernage , que celle
qui complique le typhus. Cependant ce sont précisément ces différences
qui ont conduit à ce résultat, que la fièvre jaune est un typhus
: on a hésité longtemps à se prononcer sur sa nature, mais
l’observation de ces sortes d’épidémies mixtes a décidé les auteurs.
Ce fut ainsi qu’elle devint typhus; et, afin d’aider à se le bien persuader,
on a fini par ne plus voir que la marche de la fièvre