• me dit-il, la trouvait excellente; il croyait qu’elle guérissait bien
« des maladies. » Me voyant insensible aux avantages qu’il énumérait,
le vieux soldat finit par me proposer un singulier mar-
vhé : celui d’un verre de cette eau contre un verre d’eau de vie.
Pendant que j’attendais le retour de mes compagnons, dispersés
dans les environs , madame Torbett me donna quelques détails à
peu près insignifiants sur l’empereur. Elle n’habitait pas à celte
époque cette maison, qui était confiée à une vieille négresse. Cette
femme avait souvent reçu la visite de Napoléon et de ses compagnons
de captivité. Elle rapportait qu’un jour il laissa couler ses
larmes devant elle ; ce qui, je l’avoue, me paraît peu probable.
MadameTorbett possédait une bague contenant des cheveux de
Napoléon. Elle la montrait avec empressement à ses visiteurs.
Cette précieuse relique était une recommandation nouvelle à
ajouter à toutes celles éparses sur la table. La bague est large.
Une glace carrée la surmonte et laisse voir au-dessous quelques
cheveux parfaitement noirs.
A trois hèures, nous nous acheminâmes vers la ville en silence
et d’un pas rapide, comme pour échapper à nos impressions. Le
temps , déjà mauvais le matin , devint détestable. Les hautcui’s
étaient couvertes par un épais brouillard qui limitait la vueàquinze
pas. Des bouffées d’unventglacialprécipitaientdesbancs de brume
dans les ravins ouverts sons nos pieds , où ils évoluaient c o n fusément
et donnaient aux paysages de bizarres aspects. La
brume ne cessa qu’au moment où nous atteignîmes les régions
plus basses. Là, le ciel s’embellit un peu. Nous ressentîmes l’in fluence
du soleil caché jusque là, et en même temps nos pensées,
occupées jusqu’alors des lieux que nous venions de visiter et des
souvenirs qu’ils rappelaient, prirent un autre essor, à la vue de
VAstrolabe et de la Zélée, qui, dans peu de temps, devaient nous
ramener au port après une si longue absence !.......
(A/. Desgra-.')
NOTICE BIOGRAPHIQUE.