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Alors nous rcntnimes sur nos navires, le capitaine Jacquinot
et moi n’en sortîmes plus tlurant les trois jours que nous passâmes
encore à Solo, plusieurs de nos officiers allèrent cependant
à'ierre et furent bien accueillis par les Datou ou chefs. Déjà
même ils paraissaient convaincus que nous n’étions pas Hollanda
is, et semblaient disposés à se confier à nous ; mais je ne jugeai
pas que ce point valût une plus grande perte de temps pour l’expédition
; j’avais à peu près atteint le but q u e je me proposais en
allant à Solo; j’avais montré et fait connaître h ces peuples notre
pavillon , et il y a lieu de penser qu’ils le respecteront en le revoyant
plus tard ; j ’avais reconnu la nature des produits que l'île
pouvait fournir; en fin , j’avais fixé nos idées sur la puissance
tant préconisée de ce roitelet de brigands , pompeusement décoré
du titre de sultan , et dont les sujets ne lui obéissent à peu
près qu’autant que cela leur convient.
Le 25 au matin, ayant remis à la v o ile, nous terminâmes,
dans cette journée et les deux suivantes, un travail hydrographique
sur l’archipel Ao/o,qui aura d’autant plus d’intérêt, que
tout ce qui existe sur ces parages est encore fort inexact.
Le 28 au soir, j’ai mouillé sur la i-ade de Samboangan, principal
établissement des espagnols sur la vaste île de Mindanao.
J’ai consacré huit jours à cette station.
M. Dumoulin y a exécuté une série complète de variations
diurnes de l’aiguille aimantée, désirées par les physiciens.
MM. les naturalistes ont exploité toutes les richesses que cette
terre presque inconnue leur a offertes, nos montres ont été réglées
, et l’équipage a joui de quelques jours de repos dont il
avait besoin.
Rien de plus aimable, de plus obligeant que l’accueil que
nous avons reçu de M. le gouverneur de celte place , le lieutenant
colonel don Manuel Sanz et de M. le commandant de la
marine, don Manuel de la Crux.
Le 3o juillet j’ai passé l’inspection générale des équipages des
deux corvettes placées sous mes ordres , et je vous adresse avec
ce rapport les résultats de cette opération.
Demain, 6 août, je remettrai à la voile, je traverserai ïArchipel
des Carohnes,¡0 couperai, si je le puis, l’équateur par i6 o degrés
longitude E.; je cinglerai au S ., etje toucherai à Wangaroa&uv
la Nouvelle Zélande. Enfin, je compte me trouver, au mois de
décembre prochain , à port Jackson.
Agréez, etc.
Rade de Samarang, Astrolabe, le 29 septembre 1839.
Monsieur le Ministre,
L’expédition quitta Samboangan le 6 août au matin , ainsi que
je vous l’annonçais , je me dirigeai vers l’est pour rentrer dans
\'Océanie, déjà j’eus quelques difficultéspourmerapprocher delà
pointe sud de Mindanao ; mais une fois parvenus à ce p o in t, au
lieu des venls et des courants de l’O. à l’E. sur lesquels j’avais
droit de compter à cette époque de l’année, je ne trouvai que des
folles brises ds l’e st, des calmes et surtout des courants très-
violents qui me renvoyèrent en peu de jours fort loin dans
l’ouest.
Je ne jugeai point à propros de perdi’e davantage un temps
précieux dans une lutte aussi stérile que pénible dans ces brûlants
parages , et je me rabattis sur le détroit de Makassar-, dans
ce long canal notre navigation fut encore bien contrariée par les
vents et les courants constamment contraires. Cependant en mettant
à profit les moindres déviations du vent, surtout en mouillant
à propos presque tous les soirs ; le i8 septembre, dans la
matinée, nous doublâmes la pointe S. E. de Bornéo, et le jour
su iv an t, dans la soirée , nous prîmes de nouveau notre point de
départ devant la pointe Salatan, pour les côtes de Java.
Cette partie laborieuse de notre campagne aura valu à la navigation
plus de 120 lieues des côtes de Bornéo, tracées dans le
plus grand détail et sondées avec un grand soin. Deux excursions
à terre ont aussi produit à l’histoire naturelle des objets
intéressants.
J’ai mouillé à SamarangXo 24 septembre, e t je compte en repartir
le 3o septembre au matin , je franchirai le détroit de la
Sonde, passerai peut-être deux ou trois jours sur un point de
Sumatra, puis conduirai directement l’expédition à Hobart-Town
où je compte me trouver sous deux mois environ, et par conséquent
dans l’été de l’hémisphère austral.