Toutefois, il dut à cette circonstance l’offre (¡ui lui fut
faite, d’entrer comme élève à l’école de Fontainebleau.
Son oncle, de Croisilles, le pressait vivement
d’accepter cette position, qui lui ouvrait la carrière
des armes, si brillante et si enviée à cette époque ;
mais déjà la résolution du jeune d’Urville était inébranlable
; il répondit à l’oiFre qui lui était faite par un
refus formel, et en avouant liautement ses désirs d’entrer
dans la carrière de la marine.
Deux mois après, Jules d’Urville embrassait sa
mère, que son départ pour Brest laissait sans espoir
pour ses projets; il quittait ses parents, ses amis, pour
faire sou premier pas dans la carrière qu’il s’était
choisie, où l’attendaient tant de déceptions et de dangers;
il en avait calculé toutes les chances; peut-être
entrevoyait-il déjà tout ce que l’avenir lui réservait
de gloire et d’honneur, et son âme, un moment
éprouvée par ces tristes adieux, ne tarda pas à retrouver
toute son énergie au souffle des vents de mer.
Au mois de novembre 1807, Jules d’Urville était
reçu par M. Caffarelli, préfet maritime de Bi’est, pour
qui il avait une lettre de recommandation. Il avait à
peine dépassé ses dix-sept ans; son corps était frêle,
mais sa résolution inébranlable. La France ne comptait
pas encore d’école de marine. Seul, et sans appui
assuré, Jules d’Urville venait demander au chef militaire
du port de Brest d’embarquer comme simple novice,
s’il ne pouvait débuter dans la carrière de la
marine par un service plus en rapport avec son éducation,
son intelligence et son instruction. Il fut plus
heureux qu’il ne l’espérait : accueilli avec bonté par
M. Caffarelli, il fut immédiatement appelé à servir
comme aspirant auxiliaire sur VAquilon, le premier
vaisseau qu’il eût v u , et qui était commandé par le
capitaine Maingon, dont la bienveillance devait à jamais
mériter la reconnaissance du jeune officier.
C’était une vie bien nouvelle pour le jeune d’Urville,
que celle que lui avait faite son entrée sur le vaisseau
Y Aquilon. L ’enfant rêveur des premières années, Fé-
colier penseur et morose du lycée de Caen, était, sans
aucun doute, bien mal à l’aise au milieu de ses jeunes
compagnons, peu studieux pour la plupart, et adonnés
à tous les plaisirs bruyants du marin à terre. Aussi,
ses plus douces heures étaient celles qu’il pouvait
consacrer au travail.
Il était, nous l’avons dit, aspirant provisoire; un
concours était nécessaire pour obtenir son premier
grade dans la marine : pendant une année il s’y prépare;
et lorsque les examinateurs arrivent, le nom
qu’ils placent en tête de leur liste des soixante-douze
admissibles est celui de Jules d’Urville. Il abandonne
alors pour quelque temps l’étude des sciences ma thé