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coiislaiiiinctil dos vagues éuoruies ({ui agilcnl les navires
sur leurs ancres, cl rendent le séjour du bord
peu favorable à la santé des malades. On a bien construit
à graiid’pciiic im baracliois où peuvent se réfugier
les eiiibarcalioiis ; toutefois l’entrée n’en est
pas toujours libre, car il arrive souvent que la mer
])fisc avec violence sur la rade et la rend iiupralicablo
aux embarcations.
Mon premier soin, une fois que nous fumes mouillés,
fut d’envoyer nos malades à l’hôpital à terre, pour
qu’ils pussent y recevoir des soins et compléter leur
guérison. Plusieurs bommcs, attaqués par la dysscn-
tcric, n’avaient pu se rétablir complètement depuis
notre départ d’Iîobart-Town. Parmi les officiers de la
Zélée, l’état de M. Gaillard n’avait fait qu’empirer ; il
était attaqué de phlbisic, et déjàil ne laissait auxméde-
cins que peu d’espérance de guérison. Abord de l’As-
Irolabe, M. Dumoulin avait éprouvé une terrible rechute
depuis notre départ de Timor; pendant plusieurs
jours, nous avions craint de le perdre. Son séjour à
terre devait activer sa guérison, et cependant les médecins
ne pensaient pas qu’il pût opérer son retour
en France sur nos corvettes. Pour ma p a r t, les
souffrances ne me laissaient plus aucun repos; la
goutte s’était fixée aux intestins, et j’éprouvais des
douleurs extrêmement vives auxquelles je m’étonne
d’avoir pu résister. Toutefois, je ne voulus point
descendre à terre avant d’avoir vu embarquer tous
les malades pour l'hôpital de la colonie.
A trois heures de l’après-midi, je fis saluer de neuf
coups de canon le contre-amiral gouverneur, je passai
la soirée à recevoir la visite des officiers des n a vires
sur la rade, qui m’apprirent les plus récentes
nouvelles de la France. Chacun de nous employa ,
pour ainsi dire, celte journée à lire les lettres de sa
famille, dont le nombre fort heureusement était
considérable. J’appris surtout avec une satisfaction
bien vive les promotions de grade de plusieurs officiers
de l’expédition, pour lesquels j’avais sollicité depuis
longtemps la bienveillance du ministre. Malheureusement
toutes les demandes que j’avais faites
dans le cours de la campagne n’avaient point été également
accueillies. MM. Tardy de Monlravel et Ma-
rescot avaient seuls été promus au choix au grade de
lieutenant de vaisseau. C’élaienl là des récompenses
bien méritées; mais en rejetant les demandes que j’avais
faites en même temps pour les autres officiers de
l’expédition, c’était établir une distinction fâcheuse et
qui aurait peut-être pu produire le découragement,
si les travaux de la campagne avaient dû se continuer.
Dans tous les c a s , ces nominations, auxquelles venaient
s’ajouter celles deMM.Duroch, Gaillard, Boyer
et de Flotte, par rang d’ancienneté, furent reçues avec
joie par tous mes compagnons de voyage. Tous les
officiers et les élèves, unis entre eux par une cordiale
amitié, si favorable au succès des expéditions lointaines,
se réjouirent sincèrement de l’avancement
dont quelques-uns d’entre eux avaient été l’objet.
Je ne pus descendre à terre que le lendemain;
j’étais d’iine faiblesse excessive; toutefois j’éprouvai
m