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152 VOYAGE DANS L’OCÉANIE.
médecins, au repos et à l’influence d’une navigation jusqu’à présent
peu pénible , comme il y avait lieu de l’espérer, la maladie
s’est aggravée de plus en plus, les poumons ont été attaqués, et
l’état de M. du Parc, est aujourd’h u i tellement critique, que les
médecins ont déclaré qu’il aurait fort peu de chances pour
échapper à notre tentative vers les glaces du pôle austral, tandis
qu’il pourrait y en avoir de nombreuses en sa faveur dans un séjour
convenable à terre, et au milieu des ressources qu’il pourrait
y trouver; devant une pareille considération, malgré l’envie
que j’avais d’abréger, le plus qu’il m’était possible, ma traversée
jusqu ’à la terre des Etats, j’ai cru devoir faire le sacrifice de deux
ou trois jours, pour déposer M.du Parc sur un point central de
notre station du Brésil, où j’ai remis cet élève aux ordies de
M. le contre-amiral commmandant la station, qui lui donnera la
destination la plus convenable. Heureux si je puis, par cette précaution,
conserver à la marine et à sa famille un sujet qui, sous
tous les rapports, promet de devenir un très-bon officier. . .
(Jorrette VAstrolahe, 25 mai 1838, à la mer.
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En terminant ce rapport, vous me permettrez de rendi’e de
nouveau un témoignage authentique de ma satisfaction pour le
zèle, le courage et les talents déployés par tous mes collaborateurs.
M. le capitaine Jacquinot s’est montré tel que je le connais
déjà depuis bientôt vingt ans, parfait sous tous les rapports.
MM. Dubouzet et Roquemaurel nous ont admirablement bien
secondés.
MAI. Demas et Montravel , chargés des montres marines,
par les circonstances les plus dures, par les temps les plus
rigoureux, ont poursuivi leurs délicates observations avec une
assiduité sans pareille; et tous les autres officiers, médecins et
élèves ont parfaitement fait leur devoir.
Pour 'les observations de physique et le tracé des glaces et
des côtes, M. l ’ingénieur-hydrographe Dumoulin, n’a laissé absolument
rien à désirer, et il a mesuré la hauteur et l’étendue
de près de trois cents des principales glaces que nous avons
vues.
Sur la Zélée, M. Goupil emplit ses cartons de tableaux préc
ieu x , et sur VAstrolabe, le jeune chirurgien Le Breton, qui a
un talent remarquable dans ce genre, exécute aussi à ma demande
des dessins charmants.
Au milieu de ces motifs de satisfaction, je n’éprouve qu’un
seul regret véritable : c’est de n’avoir pu faire gagner à nos équipages
la prime qui leur était annoncée. Bien certainement, les
malheureux ont cent fois plus travaillé, plus souffert, et cent fois
plus mérité cette récompense que si nous eussions trouvé
la mer libre; ca r , dans ce cas, quinze jours d’une navigation
paisible et exempte de dangers eussent suffi pour nous
conduire jusqu’au yS® degré , et nous en ramener. Naturellement
insouciant de son avenir, comme vous le savez bien,
amiral, le matelot attache peu de prix à l’argent pour l’argent
même ; aussi les nôtres ont bien vite oublié la prime, après en avoir
plaisanté durant quelques joui’s. Mais je ne l’ai pas oubliée ; je
n’oublierai pas non plus les épreuves terribles auxquelles je les
ai soumis. Plusieurs d’entr’eux ont des familles auxquelles ces
indemnités feraient grand bien. Vous verrez ce qu’il sera possible
de faire pour eux, et je m’en rapporterai entièrement à vos
sentiments d’humanité, s’il vous est pei’mis de suivre leur inspiration.
W;ii
Valparaiso, 25 laai, au soir.
J’an-ive à Valparaiso et j ’y suis accueilli par la plus terrible
nouvelle : un nouveau coup vient de me frapper dans mes plus
chèi'es affections, et les suites en seront peut-être encore plus funestes
pour m o i... Pour mes efforts futurs c’est un triste encouragement.
N’importe, amiral, je remplirai, jusqu’au b out, si j’en
ai la force, le mandat que j ’ai demandé et accepté; à Sincapour,
je m’acquitterai de mon mieux de la commission que vous m’avez
donnée. En partant d’ici, je me dirigerai immédiatement sur
les îles Gambier, où nos missionnaires ont formé un établisse