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le principe qu’aucune glace d’une grande étendue ne peut se former
en pleine mer, et qu ’il lui faut toujours des points d’appui
solides pour lui permettre de s’établira poste fixe. Ainsi, dans les
régions polaires arctiques, on voit, en hiver, de grandes étendues
décotes entièrement ensevelies sous d ’épaisses croûtes de glace,
ainsi, même dans les régions septentrionales de la France, on
voit après d’abondantes chutes de neige suivies d’une forte gelée,
on voit, dis-je , les inégalités du sol s’effacer peu à peu , et souvent
disparaître complètement sous les couches de neige qui les
recouvrent. Seulement, dans cette hypothèse, j ’avoue qu’il est
difficile de s’expliquer la parfiiite uniformité des couches de glace
qui formaient notre grande muraille. Je ne saurais admettre que
des masses aussi gigantesques soient lo produit d’une seule ann
é e , et 1 on devrait y distinguer l’apport des années successives
par des couches plus ou moins inclinées [à l’horizon.
Quoi qu’il en so it, après avoir couru à l’O. S. O. l’espace de
vingt lieues, cette falaise glacée prit tout à coup sa direction au
S. 0 . Il était alors dix heures du soir; je continuai ma route au
S. 0 ., m’attendant à la retrouver au jour le lendemain matin.
Mais le 3i , à trois heures du matin, quoique j ’eusse piqué au
sud, nous ne Irouvâmes à sa place qu’une formidable chaîne de
grosses îles de glace; et plus lo in , au S. 0 . , nous retombâmes
sur une véritable banquise qui régnait désormais aussi loin dans
r o . et le N. 0 . que la vue pouvait s’étendre du haut des mâts.
La variation , de N. E. q u ’elle é ta it, était devenue N. 0 . , et
même assez forte. Nous avions donc dépassé, dans ces journées
tempétueuses, le méridien où la déclinaison était nulle. MM. D u moulin
et Coupvent pensaient avoir recueilli des documents suffisants
pour déterminer la position du pôle magnétique austral à
moins d’un degré près , et ce pôle ne pouvait se trouver que sur
la terre Adéhe elle-même, ou du moins sur les glaces compactes
qui l’accompagnent.
Je jugeai donc que notre tâche était remplie. \dAslrolahc et la
Zélée pouvaient se retirer de la lice, après avoir fourni pour leur
part un contingent honorable à la géographie e tà la physique.
Sans contredit, il n’eût pas été impossible de pousser plus loin à
l’ouest, d’y tracer une plus grande étendue de la banquise, peut-
être même d’y retrouver la terre; car je pense qu’elle environne
la majeure partie du cercle polaire , et qu’elle finira presque toujours
par se montrer aux yeux du navigateur assez beureux ou
assez téméraire pour franchir les masses déglacés accumulées qui
la ceignent d’ordinaire, pourvu toutefois qu’une banquise rebelle
et insurmontable ne vienne pas frustrer tous ses efforts;
mais je pris en considéi’ation l’état des équipages, de celui de la
ZeVe¥ su r to u t, bien plus faible encore que celui de XAstrolabe.
Je pensai qu’il y aurait de la cruauté à abuser de leur courage
et de la confiance qu’ils m’avaient témoignée, en me suivant jusqu’ici
sans murmurer, si je voulais les enti-aîner à des périls sans
cesse renaissants. Je réfléchis que des travaux importants et une
longue navigation réclamaient encore leur concours et leurs
forces pour buit mois au moins. E nfin , je puis l’avouer sans
rougir, j ’étais moi-même très-fatigué du rude métier que je venais
de faire, et je doute fort que j’eusse pu y résister longtemps.
A in si, le 1®'" février l 84o , par 65" 20' latitude S. et 128" 21''
longitude E ., je dis un adieu définitif à ces régions sauvages et je
mislecap aunord, pour rallier Hobart-Town. J’avaisprisie parti
de faire une seconde relâche dans cette colonie, afin de procurer
quelques jours de l’epos et des rafraîchissemen ts à nos marins avant
de les conduire à de nouvelles fatigues. Certes, ils avaient bien
mérité cette petite douceur, car il est impossible de déployer plus
de courage, de résignation, et même d’abnégation et de mépris de
la mort qu’ils ne l’ont fait dans les moments les plus critiques.
Notre retour s’accomplit sans difficultés et sans incident remarquable.
Les vents de l’est et du N. E. continuèrent de nous
contrarier durantquelques jours; mais ceux de l’ouestleur ayant
succédé nous poussèrent rapidement vers Hobart-Town, où
nous sommes arrivés le ¡7 février au soir. Les glaces nous ont
suivis encore assez longtemps, et nous avons vu la dernière parle
parallèle de 57° de latitude S.
Dans cotte courte, mais pénible et périlleuse campagne, tous
les officiers, élèv-s et médecins des deux corvettes , sans exception
, ont parfaitement fait leur devoir, et je n’ai que des éloges à
donner à leur conduite.
Cependant je dois signaler ic i, d’une manière toute particulière,
les noms des personnes q u i, demeurées fidèles à leurs man-
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