taniment, les poussent h se réunir pour pouvoir mieux
se défendre.
« Le sel et le tabac sont les denrées les plus avidement
recherchées par ces sauvages. Au dire de
M. Gronovius, le climat de Bornéo serait très-sain,
mais la petite vérole y ferait constamment des ravages
affreux. »
Dans la soirée, je reçus le capitaine Moyle, qui,
depuis nous , avait visité le port Essinglon pour y
porter des boeufs. Les nouvelles qu’il me donna sur
l’établissement anglais étaient des plus désastreuses.
Il paraît qu’après le passage de nos corvettes, un violent
coup de vent avait assailli cet établissement, et
y avait fait des ravages affreux. Tout avait été détruit.
La maison du gouverneur elle-même avait été, disait-
il, transportée à plus de vingtpas de la position qu’elle
occupait ; tous les arbres avaient été abattus, les embarcations
brisées sur la côte. La corvette le Pelaurus
avait été jetée dans la vase du rivage, d’où elle n’avait
été retirée qu’à force de temps et de travaux, pour
être enfin jugée incapable de reprendre la mer. Le capitaine
Bremer avait quitté la colonie avant le désastre,
e t, placé à la tête d’une division navale, il était
allé prendre part aux évéments survenus en Chine.
Nous apprîmes aussi que, dans le mois de novembre
1839, à la suite d’une forte éruption du volcan de
Ternate,un violent tremblement de terre avait ébranlé
cette île jusque dans ses fondements, et avait détruit
en entier sa jolie ville, en ensevelissant sous ses ruines
im grand nombre des habitants. Malheureusement
M. Gronovius n’avait que fort iieu de détails sur cet
épouvantable desastre, et nous ne pûmes rien apprendre
sur le sort des nombreux amis que nous
avions faits lors de notre passage dans ces îles.
Le 26 juin, nous devions mettre sous voiles. La 2g
longue campagne des corvettes VAstrolabe et la Zélée
était alors réellement terminée ; il ne nous restait plus
qu’à regagner laFrance,etdésormais notre navigation
n’offrait plus de difficultés. Lemandat de l’expédition
étant accompli ; je résolus de m’entourer de tous mes
compagnons de voyage, afin de les mettre à même
d’apprécier les résultats de la mission avec toute connaissance
de cause. A huit heures du matin, je réunis
chez moi tous les officiers et élèves des deux navires
sans exception, et là, après leur avoir annoncé mes intentions,
je leur donnai connaissance des instructions
d u ministre .J’avai s usé 1 argement de la latitude qu’elles
m’accordaient de modifier à mon gré l’itinéraire qui
m’avait été tracé. Je devais à mes compagnons de route
de leur expliquer les motifs qui m’avaient guidé, et je fis
suivre la lecture des instructions qui m’avaient été
données de quelques mots dans lesquels je résumai
toutes les opérations de la campagne, en comparant
les points que nous avions étudiés et qui n’étaient point
compris dans notre itinéraire, avec ceux que nous
avions laissés de côté *.
* Nolo sur les opérations de la campagne de /’Astrolabe et de la Zélée^, lue
p a r le commandant de l'expédition à toutes les personnes des deux états-
majors réunies dans sa chambre, le 26 juin 1840^ à huit heures du matin.
Maintenant, messieurs, jetons uii coup d’oeil rétrograde sur la