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Août.
26 VOYAGE
de dislancc , la haute montagne de la Table , et, désormais
libres de toute inquiétude, nous entrâmes
dans l’Allantiijue , en mettant dii ectement le cap sur
l’île de Sainte-Hélèiie.
TScpicmbrc. Le 7 Septembre, la vigie signala la terre devant
nous. Le ciel était couvert, et une lirume épaisse
couvrait tous les sommets de l’île Sainte-Hélène.
Enfin, à dix heures et demie, nous doublions la
pointe N. E. de l’île, et bientôt nous aperçûmes les
maisons de James-Town. Mais là , une fois abrités
par la terre, nous ne pûmes plus avancer qu’à l’aide
des rafales souvent violentes qui s’échappent soudainement
à travers les ravins de ce rocher stérile;
à midi, nous étions mouillés, e t, quelques heures
après , nous pouvions librement descendre à terre.
Je n’avais d'autre but, en mouillant à l’île de Sainte-
Hélène, que de remplacer l’eau qui avait été consommée
et qui nous était nécessaire pour continuer
notre roule. Pendant mes voyages précédents, soit
à bord de la Coquille, soit à bord de VAstrolabe,
j’avais visité tous les points de l’île, où s’attachent les
souvenirs ineffaçables du séjour de riiomme le plus
extraordinaire des temps modernes. Aussi, je me bornai
à faire quelques courses dans la ville, pendantquc
tous nos officiers se hâtèrentde faire le pieux pèlei'inage
de Long-Wood, pour visiter les lieux rendus à jamais
célèbres par l’exil de l’empereur. On nous apprit que
l’on attendait tous les jours la division commandée
par le prince de Joinville , qui devait venir chercher
les nobles dépouilles dont l’ile de Saiule-îlélènc était
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dépositaire. Des ordres venaient d’arriver d'Augle- isio.
terre, afin de Iiàler les dispositions nécessaires pour re.
rexbumalion des cendres de Napoléon. Quelques
jours en co r e , et il ne devait plus rester à Sainle-
Hélène , à ces lieux si souvent visités par tons les
voyageurs, que l’intérôt qui s attache toujours aux
'grands événements et aux scènes sur lesquelles ils sc
sont passés.
J’avais appris que nos matelots avaient manifesté
le désir d’aller à terre pour visiter le tombeau et la
maison occupée par l’empereur; je me hâtai d’aller
au-devant d’un désir si kigitime, en accordant des
permissions générales à nos équipages pour se rendre
à terre par bordée. Le 8 , dans l’après-midi, malgré 8
lin temps incertain, on voyait de la ville, sur les flancs
des montagnes qui l’entourent de tous côtés, les marins
de Y Astrolabe et de la Zélée se diriger pieusement
vers la vallée de Long-Wood; inatgçë cette permission
générale et les cabarets sans nombre de la
ville, je dois dire à la louange de nos matelots que
non-seulement je n'eus pas le moindre désordre ;i
réprimer, mais je n’eus encore aucun reproche a
leur adresser.
On me montra à terre le char funèbre qui avait
été disposé pour le transport des cendres de Napoléon
jusqu’aux abords du rivage, où le cercueil devait
être remis entre les mains du Prince. Ce char
n’avait rien de remarquable, si ce n’était d’avoir été
construit dans l’île meme, on il est difficile de trouver
des ouvriers.