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le blanchiment ro'pcté des parois du navire avec la chaux, des
lavages fréquents du fond de la cale au moyen des robinets et du
jeu des pompes , une continuelle préoccupation de l’état de santé
de ces malheureux ; l’administration nécessaire de laxatifs, indiqués
dans une circonstance où le défaut d’exercice continu entraînait
des constipations opiniâtres; tout devint inutile, à partir
du moment où des pluies sans fin nous forcèrent à laisser les
condatntu's dans l’inlérieur du navire et dans une inaction perpétuelle.
Ces liommes ne possédaient point assez de linge pour se
changer aussi souvent que cela eût été nécessaire, s’ils eussent
partagé les travaux du bord avec l’équipage, pendant tout le
temps que dura le mauvais temps ; nous étions donc forcés de les
maintenir en bas. Les chaleurs de l’été nous avaient épargnés,
l’hiver nous fut défavorable ; des cas de fièvre typhoïde ne tardèrent
point à se montrer.
Malgré la pluie, les panneaux et les manches à vent étaient
disposées de manière à rester, les premiers toujours ouverts, les-
secondes toujours en place ; les courants d’air passaient avec
force d’un panneau à un autre ; à peine la température différait-
elle de deux degrés dans la cale et dans la batterie ; tous les matins,
les lits de camp étaient enlevés et aucun débris ne pouvait
échapper aux yeux tles balayeurs. Aucun linge sale ne scyournait
en bas; il était aussitôt lavé par les infirmiers , séché à l’air, ou
s’il pleuvait, sur le four, lequel était dans la batterie. Toutes les
mesures étaient prises contre une infection ; mais elles ne furent
pas efficaces contre la fièvre typhoïde. Quelque renouvelé que fût
l’air, il ne pouvait l’étre assez promptement pour que les exhalaisons
animales ne fussent aussi promptement renouvelées que
formées; or, cette circonstance, jointe au défaut de lumière et
d’exercice,nous exposait infailliblementaux atteintes de la fièvre
typhoïde.
Les fièvres typhoïdes ont une origine beaucoup plus physiolo
gique que physique ou miasmatique; elles dépendent beaucoup
de l’imperfection des fonctions ; cependant, elles compliquent
quelquefois le typhus : c’est ce que j’ai pu vérifier pendant une
épidémie du typhus du bagne de Toulon. J’ai trouvé deux cas
de dothinentérie, sur vingt cadavres dont je fis l’aulopsie avec
. es plus grands soins , et la loupe à la main : les deux sujets porteurs
des traces de cette complication ne dépassaient, ni l’un ni
l’autre, l’âge de trente ans.
Les prétendues épidémies de typhus qui poursuivent les armées
en marche, ne sont que des épidémies de fièvres typhoïdes : elles
sont le résultat naturel des souflrances, de la fatigue et des priva
tion
Pendant la guerre de Java, les soldats hollandais étaient fié -
quemment atteints de dothinentérie à forme un peu cholérique,
elle débutait par de violentes coliques ; son apparition coïncidait
avec celle de la dyssenterie ; la dyssenterie de l’Inde mériterait en
effet la dénomination de dyssenterie folliciileiise.
Sans avoir eu l’occasion de l’observer, je suis certain qu’elle ne
manquerait pas de revêtir cette forme, même en Europe, si une
armée était exposée aux fatigues des opéraiions militaires au
milieu de marécages, pendant les chaleurs de l’été. En Afrique, il
doit y avoii’blen des occasions de faire de semblables observations.
A 1 époque oü j’avais flionneur d’être attache au service de
M. le docteur Le Gris , alors second médecin en chef de la marine
au poi-t de Brest, j’observai, pendant cinq mois, de quatre à
cinq cents cas de dothinentérie ; généralement les ouviaers que
la n.ilure de leurs travaux retenait au bord de la rivière du port;
les charpentiers occupés à la construction ou à la réparation des
vaisseaux, nous offraient de ces débuts auquels j’avais imposé
sur mes feuilles de clinique le nom de début cholérijonne.
J’ai pu aussi vérifier, pendant celte épidémie, ce que déjà
j’avais constaté dans différentes circonstances , soit dans les hôpitaux
de Lyon, soit dans ciaix dt> Paris, que les lésions du typhus
sur les viscères n’expliquent point la mort; je n’en excepte point
l’état des méninges; en un mol, l'autopsie ne saurait donner une
idée des symptômes observés pendant la vie.
Le tyiihus commun est la triste conséquence d’un empoisonnement
miasmatique ; mais l’étendue de cette lidèction est bornée à
celle des habitations de i’homme; elle peut affecter une maison,
un hôpital , une caserne, une école, une forteresse, une porliou
de quartier, une ville, mais jamais au delà , parce qu’il n est jamais
le résultat d'une infection provenant des dispositions géographiques
d'un canton , encore moins d’une vaste région.
Ce n’est p a s q u e l’on n’observe souvent quelques cas épars au -