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mais leur chevelure est plus forte et plus crépue. Tous
mâchent le bétel ; ils fabriquent une grande quantité
de petits étuis en bambou, destinés à renfermer cette
drogue, qui ne les quitte jamais. Sous le rapport industriel,
ils sont très-inférieurs aux autres Malais ; ils
se livrent peu à la culture des terres, et, bien que leurs
îles puissent, comme celles de l’Ouest, produirele café
et toutes les denrées coloniales, ils n’ont à livrer à la
consommation que du maïs et des légumes.
Les buffles, les boeufs et les chevaux sont très-abondants.
L’île de Rotti est surtout renommée pour ses
chevaux; ces animaux, quoique petits, sont vifs et vigoureux.
Ils forment un des articles d’exportation les
plus importants.
Nous nous trouvions à Coupang dans la saison la
plus redoutée pour les fièvres et les maladies qu’engendrent
les pluies et la chaleur. Aussi je ne voulais
faire qu’un très-court séjour dans la baie : trois jours
seulement devaient être consacrés à la relâche. La
veille de notre départ, je reçus la visite de M. Grono-
vius, qui vint m’inviter à dîner à la maison de la résidence,
ainsi que les deux états-majors. Les douleurs
incessantes que j’éprouvais depuis longtemps ne me
permirent point d’accepter cette invitation ; mais la
majeure partie des officiers passa la soirée à l’hôtel
du résident, où M. Gronovius avait réuni toutes
les autorités européennes de la colonie , au nombre
de cinq, savoir : le chef des troupes, le médecin, le
directeur des douanes, le ministre protestant et un
négociant.
M. Gronovius avait été pendant fort longtemps résident
de rétablissement hollandais de Powimwa/c dans
l’île de Bornéo. Il paraissait connaître parfaitement
cette contrée, où il avait résidé plusieurs années.
C’était un homme de quarante-cinq à cinquante ans,
s’exprimant bien en français, et se plaignant hautement
de son gouvernement qui, pour des motifs que
je ne connais pas bien, l’avait brutalement rappelé de
sa résidence pour le placer dans le comptoir peu important
de Timor. Il possédait sur Bornéo, plusieurs
documents assez insignifians du reste, qu’il m’abandonna
facilement, et enfin une carte manuscrite dont
il fit don à M. Dumoulin*. En outre, M. Gronovius
nous raconta une infinité de détails et d’anecdotes recueillis
pendant son séjouràBornéo, dans lesquelles il
usait sans doute largement de la liberté qu’il avait de
ne pouvoir être contredit. Pendant le dîner qu’il offrit
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Juin.
* Ces renseignements ont été insérés dans le septième volume.
La carte dont il est ici question a aussi été gravée, et fait partie
de l’album pittoresque et non point de l’atlas hydrographique
du voyage. Depuis son impression, plusieurs personnes dont les
noms jouissent à juste titre d’un très-grand respect dans les
sciences, m’ont écrit que cette carte n’était point à la hauteur des
connaissances actuelles; je crois donc devoir déclarer ici que, sauf
quelques légères cori'ections, dans le tracé de la côte, faciles à
reconnaître, cette carte a été gravée telle qu’elle m’a été donnée
par M. Gronovius, elle n’a été publiée par moi qu’à titre de renseignements^
et uniquement pour sauver de l’oubli un document
qui peut, je crois, malgré des travaux plus récents et plus exacts,
êü’e utile aux personnes qui s’occupent de la géographie de cette
vaste contrée, encore si imparfaitement explorée. V. D