n ' ¥-■
lu i' ?
I 3 .• >-‘/I' !’
toujours preuve, le 16 du même mois, les deux navires
dcqà désignés, pins la flûte la Seine et le cuUer
le/îdiieMrn’attendaient plus pour mettre à la voile que
leurs illustres et infortunés passagers.
De tous les voyages commandés par Dumont-d’Urville,
celui qu’il fit en Angleterre, à cette époque, pour
y conduire Charles X et sa famille, est le seul qui
n’ait pas été publié dans tous ses détails. Nous avons
sous les yeux un manuscrit qui a été terminé le 7 janvier
1831, et dans lequel Duinont-d’Urville a réuni
lui-même, dans le but évident de les rendre publiques,
toutes les circonstances de cette traversée. Cette
mission , la seule ayant un caractère évidemment politique
à laquelle il ait coopéré, est celle qui a donné
aussi lieu au plus grand nombre d’accusations portées
contre lui; il n’y a pas fort longtemps encore, que
dans un journal, organe ordinaire du parti légitimiste,
on lisait une lettre, attribuée au duc de Bordeaux, dans
laquelle de graves reproches étaient adressés au commissaire
du roi, sur sa conduite auprès des princes déchus
, pendant leur traversée de France en Angleterre;
il nous eût donc été bien agréable de pouvoir répondre
victorieusement à toutes ces injustes accusations, par
le récit officiel de ce qui s’est passé à bord des navires
américains, sur lesquels s’est embarquée la famille déchue
; mais les événements de i 83o sont encore trop
près de nous, pour publier dès aujourd’bui ces mémoires,
sans réveiller des susceptibilités et des passions
déjà assoupies. Nous nous contenterons donc de
donner un aperçu rapide de ce court voyage, d’après
la relation officielle qui est entre nos mains.
Le 16 août, à deux heures de l’api’ès-midi, toute la famille
des princes déchus s’embarqua sur le Great-Bri-
taïn. Entouré par un équipage étranger, et sansmoyens
pour faire respecter ses ordres, dans le cas d’une révolte
en ffiveur du prince détrôné, Dumont-d’Urville avait
fait à l’avance le sacrifice de sa vie pour assurer le succès
de la mission qui lui avait été confiée. « Si vous aper-
« cevez un pavillon rouge en tête du mât, avait-il dit
« aux capitaines des navires de guerre, la Seine et le
(( Rôdeur, chargés de l’escorter, tirez quelques boulets
(( à toute volée; mais si, par l’effet d’une drisse de
« hune coupée, vous apercevez le hunier venir en bas
« brusquement, il y aura urgence , et alors vous vous
(( approcherez du Great-Britain, et vous tirerez à le
« couler bas avec tous ceux qui le montent, sans vous
« occuper de moi. »>
Du moment où la famille royale mit le pied sur son
bâtiment, commença la tâche véritablement difficile
du marin si peu courtisan. Que d’intérêts opposés ne
fallait-il pas concilier, que de passions devaient être
étouffées, combien surtout ne devait-il pas assouplir ses
manières brusques, dompter son caractère indépendant
!
On mit à la voile, et dès la première heure il donna
une preuve manifeste de sa complaisance, de sa sollicitude
pour tout ce qui pouvait rendre plus doux le sort
des princes infortunés.
Le Great-Britain était sous voiles, et il allait augmenter
sa toile pour sortir de la rade, lorsque Dumont