calme qui l’avait p)-écédée , nous tira promptement d’embarras.
Ce travail l în i , j’allai mouiller devant la délicieuse île de Ter-
rtale, où nous passâmes trois jou r s, parfaitement accueillis par
les autorités du lieu , qui nous procurèrent le plaisir de passer
une soirée cbez le sultan de Ternate, soirée qui fut très-agréable,
en ce qu’elle nous donna l’idée du degré de civilisation auquel
ces peuples étaient parvenus, avant leur conquête par les E u ropéens.
Enfin, le 4 lévrier, à m id i, nous avons mouillé sur la rade
à'Amboine y où nous avons été accue illis, comme de coutume,
par les autorités hollandaises, avec la plus grande cordialité
Elles se sont, sur-le-ebamp , empressées de fournir à tous mes
b esoins, et ont poussé l’obligeance jusqu’à partager avec nous
ce qui restait dans leurs magasins. Aussi je compte repartir
d'ici à peu près complètement pourvu sous tous les rapports.
Mon intention est de l’eraettre à la voile le 18 février au malin.
Je visiterai la rivière Dourga, où les Hollandais eurent
un établissement qu’ils ont abandonné depuis deux ans ; puis
je lancerai les corvettes dans le détroit de Torrès. Si le mauvais
temps , les récifs ou les maladies m’opposent de trop grands obstacles,
je me replierai sur les Moluques, et j ’utiliserai, du mieux
qu'il me sera possible, la fin de la campagne au profit de la
navigation et des sciences.
Abord des deux corvettes, tout le monde se porte b ien , et je
suis le seul dans un état de santé moins satisfaisant. Le zèle des
oibciers se soutient, et la masse des travaux recueillis est déjà incalculable.
Cependant je me contenterai de vous envoyer d’ici un
calque de notre travail sur les îles Salomon, avec prière de lui
donner de la publicité par la voie des Annales maritimes et du
Bulletin de la Société de géographie; car, après notre exploration
des glaces et des terres antarctiques, ce sera le morceau le plus
important du voyage.
’Yeuillez agréer, etc.
Eade de Batavia, 18 juin 1839.
Monsieur le Ministre,
Depuis notre départ d’Amboine, depuis quatre mois environ,
un bonheur presque constant a présidé à toutes nos opérations,
et nous avons pu exécuter une masse de travaux au moins double
de celle que nous pouvions raisonnablement espérer; l’aperçu
rapide queje vais avoir l’bonneur de vous en donner vous démontrera
que je n’exagère point.
Le 18 février, nous avons cjuitté la rade d’Amboine, où nous
avons été si généreusement accueillis, et je me dirigeai sur les îles
Banda, autant pour avoir une idée de ses fameuses plantations de
muscadieis que pour saluer le gouverneur des Moluques, alors
en tournée d’inspection dans ce petit archipel.
Le 21, nous étions mouillés dans le joli canal qui sépare
Banda-Bessar de Bandn-Neïreï. M. le colonel-gouverneur de
Stuers et AI. le résident de Banda nous comblèrent de prévenances
et de politesses. Juste appréciateur des travaux de notre
mission, le colonel de Stuers enrichit nos collections d’un beau
doityong vivant et d’un animal voisin du Potorou , qui formera
peut-être le type d’un genre nouveau. En outre, il voulut
bien lui-même, dans une charmante excursion, nous montrer les
superbes plantations qui font la richesse de ces îles, et nous e x -
pliqvier, avec la plus grande complaisance, les manipulations d iverses
que subit la muscade avant d’être expédiée pour la métropole.
Avec d’aussi aimables hôtes, le temps fuyait avec rapidité.
Pourtant je remis à la voile le 2Ô février. Ayant rallié la côte
S. E. de Ceram, nous en fîmes la connaissance aussi bien que
celle des îles Kessing, Ceram-Laut, Goram, Tenimbar, Mata-
Bella, Mana-PVolka et Tosva, si vaguement configurées sur les
meilleures cartes.
Ensuite, poursuivant notre route à l’E ., nous attaquâmes les
hautes terres de la NouvcUc-Guinée, près la pointe du S. 0 . et
la prolongeâmes l’espace de quatre-vingts lieues environ, jusqu’à
la rivière Outanata. Là, revenant au S., je me diiigeai vers le détroit
de Torrès , pour constater si la fin de la mousson’d’O. me
pei’mettrait encore d’en effectuer le passage.