I
aucune nécessité bien reconnue, bien arrêtée e t , par conséquent,
bien sentie.
Les fièvres éruptives, avons-nous dit, sont le résultat direct
d’une grande réunion d’hommes ; la plus exacte propreté en
pareil cas ne parvient pas à en prévenir le développement, là
où sont entassées de grandes populations, un trop grand nombre
de personnes. 11 importe, ce me semble, que nous mettions
à profit ces enseignements, lorsqu’il s’agit de la construction d’une
ville nouvelle, d’une maison neuve, d’un hôpital, d’une caserne.
Le moyen, en elfet, d’obvier autant que possible aux inconvénients
inhérents à de grandes accumulations d’hommes sur un
seul point , c’cst de laisser entre chaque habitation un espace
planté d’arbres, de faire des rues larges, et d’accumuler le moins
de monde possible dans des demeures spacieuses’ .
Ce simple aperçu de ce qu’il conviendrait de faire, prouve à
quelles immenses conséquences une connaissance plus exacte des
causes des maladies nous entraînerait; aussi ii’avons-nousd’autre
but que de constater le fait; on ne saurait penser à détruire les
anciennes villes. Celte idée serait la perfection de l’extravagance;
il faut bien accepter les erreurs du passé et subir un mal qu’on
ne saurait empêcher : mais il reste bien des villes à fonder sur ce
globe, où la civilisation est si jeune encore; aussi importe-t-il
beaucoup de faire remarquer ce qu’il y a encore de gaulois dans
cette manière d’entasser, non seulement les maisons, mais encore
de construire sur l’emplacement des plus petites cours, et de réduire
1 espace qui donne accès à l’air, à la ditnension d’une espèce
de cheminée. La police iAPn/ù serait encore à temps d’empêcher
bien desabus de ce genre, sielle était bien pénétrée que là gît,en
grande partie, la cause incessante des maladies éruptives. En
vain, l’on élargit les rues, fou prend des mesures de propreté
générale, si la spéculation crée de nouvelles constructions suides
propriétés où déjà l’espace manque à leurs habitants.
Dans nos villages les plus heureusement situés, au centi’e de
pays sains, on retrouve ces maladies même sous des chaumières
* La Nouvelle-Batavia est ainsi co n stru ite; depuis, les terribles épidémies,
dont elle a été tant de fois victime, respectent les élégantes retraites
des Hollandais.
isolées, ou vivent pèle-méle, dans un espace à peine suffisant pour
deux personnes, jusqu’à douze et quinze individus. Ne pourrait- .
on pas exiger que toutes ces modestes demeures se conformassent
à un plan uniforme où se l’encontrât tout ce qui est indispensable
à la santé, espace, élévation, circulation de l’air. Petit à petit,
l’habitude de vivre dans des mai.sons commodes rendrait plus
difficile sur le choix d’un domicile, et chacun s’efforcerait de
parer son habitation, à force de propreté et d’ordre. Le cadre s y
prêterait et naturaliserait le goût de vivre à l’aise, ainsi que le
doit faire l’homme qui se respecte. Cet ordre, celte nettelé des
habitudes feraient de rapides progrès. Quant aux ho|ntaux, on
devrait bien faire cesser la méthode barbare de convertir en hôpital
d’anciens couvents; ces établissements ont une destiiiatioii
qui exige un plan spécial, qui ne saurait être conçu sans la connaissance
exacte, non-seulement des préceptes vulgaires et généraux
de l’hygiène, mais même d’après la connaissance la plus
intime possible des causes épidémiques. Deux choses capitales
signaleront l’époque de celte réforme salutaire ; la suppression
des salles trop grandes, et le transport des hôpitaux hors du
centre de nos citées, sur des points isolés et réunissant lous les
avantages de salubrité. Au centre des grandes villes, il ne devrait
exister que de petits hôpitaux annexes qui s’évaciieraient lous
les jours, au moyen d’ambulances et de précautions convenables
.
L’enlèvement des immondices des villes, une extrême propreté
constituent loules les précaulions à prendre pour prévenir le développement
du typhus ; cependant, il ne faut pas oublier qu un
lieu quelconque, une prison, par exemple, parfaitement propre,
peut être frappée du typhus par les émanations continuelles d im
égout voisin, ou de toute autre cause du même genre, dont les
exhalaisons abondantes infectent l’air dans une étendue plus ou
moins grande. Aussi serait-ce un grand bienfait de pouvoir, tous
les jours, nettoyer les égouts, en y faisant passer de grandes
quantités d’eau. A Paris, comme dans toutes les vieilles villes, il
resterait ce moyen d’obvier, autant que possible, aux graves inconvénients
d’une population trop entassée. Il faudrait faiie en
grand, pour les égouts, ce que l’on fait en petit pour le s iiiis -
seaux, au moyen de bornes-fontaines.
t , • ' (
.1 - i 11
,1 •; ■ A
i ïi