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172 VOYAGE DANS L’OCEANIE.
reste de nos opérations au travers des îles de l’areliipel Indien.
Nous quittâmes Singajwur le 2 ju ille t, passâmes entre la
pointe de Romanie et Pedro-Branco, p u is, gouvernâmes directement
sur Bornéo après avoir reconnu les Anamhas du S u d , les
îles Vtctory, Saddle et Sambilan; le 8 ju ille t, vers m id i, je
mouillai en pleine cô te , par quatre brasses et demie, à quatre
milles environ de l’emboucbure de la rivière de Sambas. Les
naturalistes , l’ingénieur et quelques officiers furent sur-le-cbamp
expédiés à terre pour reconnaître le cours du fleuve.
Il leur fut démontré qu’il était impossible d’y faire entrer les
corvcltes ; a u ssi, dès le jour suivant au lever du soleil, je m’empressai
de quitter ce mouillage nullement sûr avec la mousson
d’ouest; et bien m’en prit, car deux heures après il survintjdcs
rafales d’une violence extrême, qui auraient pu nous causer di's
inquiétudes graves , si nous les eussions l eçues au mouillage.
Nous passâmes ensuite entre les Nalunas du Sud et la côte de
/ïor«éo, remontâmes au N .E ., nous subîmes la queue d’un typhon
par la latitude de Cà 7 degrés N. ; et dans la journée du 10, nous
prolongeâmes, a petites distances, les îles Balambangan, Banguey,
Mangsce, Cagayan-Solo dont nous fîmes la géographie. Le 20,
nous attaquâmes le vaste archipel de Solo, près du groupe Taiul-
Tawi, et le 21 , dans l’après-midi, nous mouillâmes devant la
ville de Soog, résidence du sultan , cbef de toutes ces îles.
J’ai déjà eu l’honneur de vous prévenir, M. le Minisire, qu’à
Singapour, ¡'avais appris que ce prince indien avait dû écrire,
il y avait un an environ , au Roi des Français, pour l'inviter à
envoyer dans son île des navires de commerce, leur promettant
sécurité et protection contre les nombreux ¡lirates qui relèvent
de son autorité. En lui faisant une courte v isite, mon but était
de le fortifier dans ces intentions bienveillantes, et en même
temps de m’enquérir des ressources que notre commerce pourrait
retirer de cette nouvelle issue pour ses produits.
En conséquence, dès le 22 au matin, après l'avoir fait prévenir
par un officier, AI. le capitaine Jacquinot et moi accompagnés de
la plupart des officiels de l’expédition et d’une escorte de 24 marins
armés , nous allâmes lui faire une visite officielle; nous v îmes
bientôt que le premier effet de cette démarche de notre pan ,
fut de frapper de terreur et d’inquiétude toute cette population ;
PIÈCES JUSTIFICATIVES. 173
le sultan lul-mème semblait en proie aux pl us vives appréhensions.
Malgré les cadeaux assez généreux que je lui f is , malgré mes protestations
amicales , durant toute l’entrevue , il sembla inquiet et
très-mal à son aise: son premier ministre,/)«/oM-/17o/oii, homme
d’un caractère plus d é c id é , d’un esprit plus souple et qui paraissait
avoir eu de plus fréquents rapports avec les Européens, se
rassura mieux , et ne tarda pas à répondre d’une manière assez
convenable à mes questions. 11 avoua qu’il avait, en effet, écrit au
Roi des Français, ainsi que le su ltan, déclarant qu’il désirait
voir les Français à Solo , promettant qu’ils y seraient reçus avec
considération et amitié, sans avoir rien à redouter de la part des
forbans.
Alors, je m’informai de la qualité des produits qu’ils aimeraient
à recevoir de la France, comme de ceux qu’ils pourraient offrir à
nos navires : on me répondit que tous les objets de fi-ance seraient
bien venus, surtout les étoffes, les meubles, les armes, les instruments
, etc. ; et que les Français trouveraient en échange , de la
nacre, des perles, de l’écaille du tripang et des nids d hirondelle,
e t c ., etc. Eu égard à la nature de tous ces produits de retour,
et au petit nomlare des individus qui pourraient acheter et
payer en numéraire, il est évident que de semblables spéculations
n’offriraient à nos navires que des chances bien précaires et encore
plus bornées. Ce genre de trafic ou plutôt de brocantage, ne peut
guère convenir qu’aux navires espagnols de Alauille, qui sont en
majeure partie ou prcsqu’en totalité armés de naturels des Philip-
pinesou de Aliudauao, passent quatre ou cinq mois sur la rade de
Solo, et s’en vont quand iis ont pu compléter leur cargaison , la
vendre sur les marchés de Canton et de Alacao.
Nonobstant sa bonne volonté apparente , le ministre Molou ne
crut pas pouvoir nous autoriser à parcourir son î l e , ni meme
les environs de la ville , il se rabattit constamment sur les mauvaises
intentions des naturels de la montagne, qui nous tueraient
infoillibleme.«!t, sans égard pour les ordres du sultan ; cela est
bien possible ; mais, d’un autre côté , je voyais facilement que les
habitants et les chefs de la ville eu x-m êmes, n’étaient pas encore
parfaitement rassurés sur nos intentions. Us nous prenaient pour
des Hollandais venus pour tirer vengeance de quelques actes de
piraterie, récemment exercés contre leurs navires par ces pirates.
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