1840
Scpleiiibre.
J’appris encore (pie, depuis peu, les Anglais avaient
établi à Sainte-Hélène un observatoire magnétique,
afin d’y faire des observations pendant toute la durée
de l’expédition commandée par le capitaine Ross. Il
était dirigé par 31. Lifioy, jeune officier d’artillerie,
plein de mérite et possédant des connaissances
fort étendues. 3Iallieurcusement, cet officier avait
iixé le siège de scs opérations dans l e . palais neuf
qui fut bâti pour servir de demeure à Napoléon, et qui
ne fut jamais habité par l’illustre exilé. Je ne pus me
décider h entreprendre une course longue et pénible
pour aller visiter cet observatoire.
0 Le 9 septembre , nous avions reçu notre provision
d’eau ; à deux heures , la moitié de l’équipage,
qui était allée à terre en permission, fut de retour à
l)ord, et alors rien ne nous retenant plus au mouillage,
nous remîmes immédiatement à la voile.
Notre navigation ne présenta plus aucun événement
digne d’ôtre rapporté. Le 12 octobre, nous profilâmes
du calme pour essayer de faire une sonde
lliermomélrographique ; mais à peine avions-nous
filé huit cents brasses de ligne qu’elle se rompit.
Heureusement rinstrument qui avait été placé dans
le cylindre en cuivre, avait été comparé quelques
jours auparavant.
20 Octobre. Le 20 octobre, nous étions en vue de Sainte-Marie,
la plus orientale des îles Açores ; poussés par une belle
brise du S. S. E . , nous la dépassâmes rapidement.
Après quelques jours de calme, nous atteignîmes de
forts vents de N. 0 . qui nous amenèreiil le 31 oclobrc
en vue de la côte d’Espagne. Le lendemain, nous^^
entrions dans la 3Iéditerranée ; enfin le 6 novembre,
à quatre heures du soir, nous aperçûmes le cap Sicié ;
le temps était brumeux et la pluie tombait à torrents ;
nous étions tous sur le pont, avides de contempler
la terre de France, et à dix heures du soir, nous
laissâmes tomber pour la dernière fois l’ancre dans la
rade de Toulon, au milieu de l’escadre commandée
par l’amiral Lalande. Il y avait trente-huit m o is,
juste à pareil jour, que nos deux corvettes avaient
quitté le port de Toulon pour entreprendre leur campagne
d’exploration.
Le lendemain, à six heures du matin, nous obte- ^
nions la libre entrée. Nous vîmes avec joie 31. Lafond,
pour qui nous avions conservé des inquiétudes sérieuses
après son départ de Batavia, accourir vers
VAstrolabe; il se chargea de faire le service nécessaire
du bord pendant que tous nous allions à terre
revoir nos familles, et apprendre des nouvelles qui
nous intéressaient si fort. Quant à moi, il était temps
d’arriver : mes souffrances avaient cruellement augmenté,
et j ’eus besoin de tous les soins qui me furent
prodigués pour pouvoir, au bout de deux mois, me
rendre à Paris, où m’appelaient les ordres du ministre
de la marine. Je m’occupai immédiatement de
la rédaction des matériaux recueillis dans le cours de
la campagne*.
* Notes 3 et 4.