iO VOYAGE
h nos états-majors, la conversation roula principalement
sur les actes de son gouvernement à Pontianak ;
nous trouvons consignés dans le journal de l’nn desoiïi-
ciers de l’expédition, des détails curieux sur ce sujet,
dont cependant la responsabilité doit rester tout entière
au narrateur « M. Gronovius, dit M. Desgraz, a
été rappelé de sa résidence sur Bornéo, à la suite des
hostilités survenues entre les Chinois daMontradok et
les Hollandais établisa 5am6as. Desactes d’une atrocité
révoltante ont été la conséquence de cette lutle ; car,
suivant M. Gronovius, des soldats hollandais prisonniers
de guerre auraient été livrés par les Chinois, tout
vivants, à des cochons qui les auraient dévorés. De son
côté le résident, usant du droit de représailles, aurait
fait enfermer dans un sac un Chinois vivant, pour le
jeter ensuite à la rivière. Parmi toutes les scènes racontées
parM. Gronovius, sc trouve le récit d’une
excursion qu’il aurait faite dans une tribu de Dayaks ;
cette peuplade s’était réunie pour célébrer l’arrivée de
quelques tèles ennemies, M. Gronovius considérait
comme un fait acquis à l’histoire de ce peuple, l’habitude
où les hommes seraient, lorsqu’ils veulent contracter
mariage, d’offrir pour cadeau de noces à leurs
fiancées une ou plusieurs tetes sanglantes d’ennemis.
L’assemblée au milieu de laquelle se rendit le résident,
se composait d’environ 400 individus de tout sexe ;
elle était réunie dans une grande case qui servait a
loger pluseurs familles. On avait préparé une liqueur
enivrante tirée d’un arbre du pays, puis on y avait délayé
la cervelle des tètes ennemies. Tous ces sauvages
burent cette liqueur, et bientôt se plongèrent dans
une ivresse complète. Alors ils se livrèrent à une orgie
qu’il est impossible de décrire. Le lendemain, les
femmes en se baignant dans la rivière, se versaient de
l’eau sur la tête avec les débris des crânes brisés la
v e ille , auxquels elles insultaient encore.
« Suivant M. Gronovius, aucun homme ne pourrait
se marier qu’en apportant une ou plusieurs
têtes en dot à sa fiancée. Gelui^qui est parvenu à réunir
plusieurs trophées de cette espèce, jouit d’une
haute réputation ; il marche la tête haute et partout
où il passe, il inspire le respect. Aucune femme, quelle
qu’elle soit, ne saurait lui refuser ses faveurs; toutes
au contraire recherchent l’honneur de devenir mère
avec lui, dans l’espérance d’avoir un rejeton aussi
vaillant que le père. Certaines tribus de Dayaks auraient
une coutume fort bizarre, celle de se perforer
le membre viril par des aiguilles de métal plus ou
moins grosses. Ces aiguilles sont aplaties aux extrémités
pour empêcher leur déplacement. M. Gronovius
en a compté neuf sur un même individu. C’était un
chef, il les portait en or. Ses sujets, moins riches, en
avaient en argent et même en cuivre. Ces dernières
donnaient souvent lieu à des plaies sérieuses, produites
par l’oxydation du métal.
« Les Dayaks habitent dans de grandes cases où se
réunit toute une tribu. Souvent ces édifices sont fort
étendus, car chaque ménage y a sa porte particulière
et son logis. Les guerres continuelles que se font'ces
peuples, et fé la t d’alarme dans lequel ils vivent cous