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navigation présenté au ministre de la marine, par
MAI. Duperrey et d’Urville, rencontra tout d’abord
de nombreuses objections; la jeunesse de ces deux
officiers, les dépenses énormes occasionnées par le
voyage de Y Uranie, tout s’opposait à ce que leur
demande fût accordée; mais ces obstacles disparurent
devant l’ardeur et l’enlbousiasrae de ces jeunes
officiers, et enfin, M. de Clermont-Tonnerre, alors ministre
de la marine, confia le commandement de la
Coquille à M. Duperrey, tandis que Jules d’Urville,
moins ancien de grade, était nommé lieutenant en
premier chargé du détail, à bord de cette corvette
destinée à aller parcourir les parages les moins connus
du grand Océan.
Avant de partir pour ce lointain voyage, Jules
d’Urville voulut revoir sa famille; il conduisit sa
femme et son'fils en Normandie; il voulut faire une
dernière visite à la tombe de son vénérable oncle de
Croisilles à qui il devait tant, et qu’une attaque d’apoplexie
avait frappé de mort en 1819 , au moment où
il allait voir son élève et son neveu, entrer dans la voie
qu’il avait si longtemps ambitionnée. Des démêlés d’intérêts
abrégèrent son séjour dans sa famille; il revint
à Paris consulter encore les savants qui l’bonoraient
de leurs conseils et de leur appui, et ensuite, muni
de leurs instructions, il se l’endit à Toulon pour
surveiller l’armement de la corvette.
Tout en poursuivant les préparatifs du voyage de
la Coquille, Jules d’Urville, doué d’une activité
infatigable, terminait la publication d’un ouvrage im-
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portant sur les plantes qu’il avait recueillies dans ses
deux campagnes du levant Cet ouvrage, auquel il avait
donné le titre de: Enumeratio Plantarum , lui coûta
cinq mois d’un travail opiniâtre et de grandes fatigues ;
car il voulut comparer chacune de ses plantes avec
celles que rapporte Tournefort. Il le publia à ses frais,
bien qu’à cette époque tout son avoir ne dépassât pas
800 fr. de rentes inscrites sur le grand livre; et au mo-
mentoùil allait entreprendre un long et dangereux
voy i'îge, « c’étaitl’uniquefortune, dit-il, quej’eusselais-
« séeàmafemme et à mon enfant, si j ’eusse succombé
« dans mon entreprise. Toutefois, si peu que ce fût, il
« m’était doux de penser qu’au moins, après moi, ces
« deux êtres chéris n’eussent pas été réduits à l’in-
« digence. »
Le 11 août 1822, la corvette la Coquille quittait le
port de Toulon, dans lequel elle ne devait revenir qu’après
une campagne de trente-deux mois, lln ’enlre point
dans le cadre que nous nous sommes tracé pour cette
esquisse biographique, d’examiner ici, ni surtout d’asseoir
un jugement sur tous les travaux exécutés par
cette expédition; malheureusement, il est vrai, le
voyage de la Coquille n’est pas encore complètement
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