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M 2 NOTICE BIOGRAPHIQUE.
« nous avons couru plus de dangers réels chaque
« jour que n’en offre la plus longue campagne dans
« la navigation ordinaire. Braves, pleins d’honneur,
<( les officiers ne se dissimulaient point les dangers
« auxquels je les exposais journellement ; mais ils
« gardaient le silence et remplissaienUnoblernent leur
« tâcbe.
« De ce concert admirable d’efforts et de dévoue-
« ment résulta cette masse prodigieuse de décou-
« vertes , de matériaux et d’observations que nous
« avons rapportés pour toutes les connaissances hu-
« raaines, et dont MM. de Ilossel, Cuvier, Geoffroy,
« Desfontaines, etc., juges savants et désintéressés,
« rendirent alors un compte exact.
« Mais, ajoute-t-il, si dans le cours de la campagne
« je ne ménageais point les services ni les jours de
« mes compagnons de voyage, du moins dans les
« comptes que je rendais au ministre de mes opé-
« rations, je sollicitais pour eux les récompenses dues
« à un dévouement si admirable, avec celte âpreté,
« cette énergie que donnent la conviction et la vé-
« rilé.... Inutiles efforts!... A mon retour, je vis
« qu’aucun de ces cordons accordés si souvent à l’in-
« trigue et aux bassesses, n’avait été octroyé â mes
(( nobles compagnons... Indigné, je demandai à être
« mis enjugement; j'offris même ma démission...........
« Après avoir mille fois aifronté la mort, après avoir
« couru tous les dangers qu’il est possible d’imagi-
« lie r , je ne me sentais pas la force de ramper de-
(( vaut les hommes qui disposaient des faveurs, et mon
NOTICE BIOGRAPHIQUE. M 3
«indignation était parvenue au dernier degré. »
C’était vers la fin de 1828 ; à celte époque, on se
le rappelle, une sourde agitation régnait déjà dans les
esprits, par suite du désordre apporté chaque jour
dans les affaires du gouvernement de Charles X.
Grâce à quelques personnes malveillantes, d’Urville,
comme il le dit lui-même , après avoir mille
fois affronté la mort, après avoir couru tous les dangers,
vit toutes les demandes quil était si justement en
droit de faire, indistinctement l’epoussées. Ce cruel
déboire, auquel il était loin de s’attendre , vint
abreuver son coeur d’amertume et de dégoûts. Ii en
résulta, pour le caractère de fbomme, un surcroît
d’humeur cliagrine et sombre, et son indignation était
difficile à cacher, avec les formes brusques et si peu
mondaines qui lui étaient propres, et que le rude
métier de marin n’avait pointcontribuéà modifier.Sans
aucun doute, d’Urville n’avait jamais été un bomme
du monde et encore moins un homme de cour; mais
à celte époque surtout, babilué â commander, profondément
blessé dans son amour-propre par les injustices
dont il se croyait victime, froissé par ce qu’il
appelait des dénis de justice, son esprit droit et juste
se révoltait contre les actes du pouvoir; sa parole était
brève, son abord froid, et dans sa conversation, il
ne pouvait plus dcjà se ployer à ces formes bienveillantes,
sous lesquelles les hommes de cour savent si
bien déguiser même leurs plus intimes pensées. Ce
n'est pas sans dessein que nous accusons ici plus fortement
ces quelques traits de noti-e portrait, que nous
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