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ce monde, il lui restait le coeur dévoué d’une mère.
3Iadame d’Urville, femme sainte et pieuse, attacliée
aux idées aristocratiques qui s’éteignaient chaque jour,
sans instruction pour ainsi dire, comme presque toutes
les femmes nobles de ce temps, avait rassemblé toutes
ses espérances sur la tête cbérie de son fils aîné, Jules
d’Urville. Lorsqu’en 1797, la mort vint la priver de
son époux, ce fut une cbose étrange de voir de quel
respect elle s’efforcait d’entourer cet enfant de sept
ans, qui était devenu le chef de la famille, et, à ce titie,
suivant les moeurs de l’époque dans les familles nobles,
avait droit à l’obéissance de tout ce qui l’entourait.
Femme d’un dévouement sans bornes, pendant ces
sept années, madame d’Urville fut la providence de
sa fiimille. On le sait, la révolution marchait sans regarder
en arrière, et sans s’arrêter aux taches de
sang qui rejaillissaient sur elle. La famille d’Urville,
menacée comme les autres, dans ces jours de deuil,
ne dut sou salut qu’à sa retraite absolue et à la chute
de Robespierre ; mais elle fut obligée de quitter Condé.
Après avoir habité successivement Wassy et Vire, en
tribu errante et proscrite, elle alla s’établir à Caen.
Deux ans après, en 1796, elle quitta cette dernière
ville, et vint se fixer à deux lieues de là, dans une
petite propriété située sur les bords de 1 Orne, ou
M. d’Urville père vint mourir.
On le voit, la destinée avait réservé bien des larmes
et des douleurs aux premières années de l’enfant, bien
des luttes et des épreuves au coeur de la mère. Ces
sept années que nous venons d’esquisser rapidement,
eurent au moins cela de profitable, qu’elles apprirent
à celui qui devait, dans le cours de sa glorieuse exist
e n c e , éprouver tant de découragements, et surmonter
tant de dangers, qu’elles lui apprirent, disons-
nous, à supporter l’adversité, à cuirasser son âme
contre le malheur.
L ’année 1797 était venue, et avec elle des jours
meilleurs pour tant de têtes jadis destinées à la
hache du bourreau. Le calme et la sécurité avaient
de nouveau pris place au foyer de la famille
d’Urville, si longtemps inquiète et désolée. C’est alors
que s’oùvrit une ère nouvelle pour le fils aîné de cette
famille; il allait commencer à s’instruire; l’enfant allait
devenir bomme.
Lorsqu’on étudie la vie des hommes illustres, en
suivant la marche de ces existences dont il ne nous
reste que le souvenir, on se plaît à chercher si leurs
premiers pas dans la vie n’ont pas été marqués par
quelque signe précurseur de leur destinée future;
mais celle du marin célèbre qui nous occupe, n’indique
rien qui ait pu faire entrevoir d’abord la brillante
carrière qu’il devait parcourir. Enfant, sa constitution
est frêle et délicate; son maintien , il est vrai,
est calme, et son visage pensif; mais rien en lui n’annonce
le navigateur habile et intrépide, le voyageur
aussi ardent que Christophe Colomb, aussi audacieux
que Vasco de Gama. Quelque cbose cependant, pour
un observateur attentif, pouvait faire deviner le savant
botaniste qui dota la France de si riches collections.
A l’àge de sept ans, ses promenades favorites I I
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