rintei'valle qui sépare Coupang de Bourbon, où nous mouillâmes
le 2 juillet. Grâce aux mesures prises par le gouverneur de cette
colonie, nous pûmes su r -le -c h am p remplacer nos vivres, qui
étaient entièrement consommés, et dès le 3o remettre à la voile.
A la demande et dans le bien du service, je consentis à recevoir
sur chacune des corvettes quarante soldats du détachement de la
colonie, qui avaient droit à être rapatriés. Ces bommes se sont
très-bien conduits durant toute la traversée.
Je fis, à Sainle-Hélène, une station de deux jours, pour remplacer
notre eau. Acelte époque (d u 7 au 9 septembre), on attendait
avec impatience, dans celte île, l’arrivée du prince de Joinville
avec ses deux navires. Toutes les dispositions étaient déjà
prises pour la remise du corps de Napoléon.
A Bourbon, j ’avais déjà vu avec plaisir, M. le Ministre, que
trois officiers de l’expédition avaient reçu de l’avancement, savoir
: deux au choix et un à l’ancienneté. En arrivant en France ,
je m’attendais à trouver également accueillies les demandes que je
vous adressai à notre second retour des glaces. Sans doute, l’unique
motif de ce retard a été le désir de connaître la fin de notre
campagne. Dans cet espoir, j’ai l’honneur de vous représenter
encore une ibis le tableau général de toutes les demandes faites
dans le cours de la mission ; vous verrez que mes prétentions sont
loin d’être exagérées. Cependant, pour le cas où vous trouveriez
impossible de faire droit à toutes mes propositions, j’ai eu soin
de disposer les noms dans l’ordre de préférence suivant lequel je
désii'e qu’elles soient accueillies.
Malgré la gravité de la position qui retient sous les drapeaux la
plupart des marins français, il me sera sans doute permis, M. le
Ministre, de vous représenter qu’il y aurait une sorte de cruauté
à refuser un congé de six mois, ou de trois mois au moins, aux
marins de \ Astrolabe et de la Tjélée; d’ailleurs il serait probable
qu’une pareille mesure ravirait à la Fran ce cette poignée d’hommes
précieux échappés à tant de dangers et de chances affreuses,
mais encore tout meurtris des coups de ce long combat de trente-
h uit mois qui a moissonné tant de leurs braves camarades.
Pour moi, M. l’amiral, tout en surveillant l’expédition des nombreux
objets destinés au dépôt général de la marine, au muséum
d’histoire naturelle et au musée naval, tout eu attendant votre
ordre pour me rendre à Paris, je vais tâcher de raffermir un peu
une santé très-délabrée et qui, depuis quelque temps, ne me promet
que des chances peu flatteuses pour l’avenir.
Quelles que soient les intentions de Sa Majesté au sujet delapu-
blication de cette gigantesque expédition, je vous prierais de donner
l’ordre à M. le docteur Hombron, chirurgien-major de Y As trolabe,
d’accompagner ces récoltesafîn d’assister à leur déballage,
à leur remise , et surtout afin de surveillei' leur sage répartition.
11 est à désirer que les intéressantes écoles de médecine de nos
ports s’enrichissent des nombreux doubles que nous rapportons,
plutôt que de les laisser s’entasser dans la métropole, pour y dépérir,
y être gaspillés, ou tout au moins y devenir inutiles aux
progrès des connaissances.
Tel a été le sort d’une bonne partie des objets rapportés dans
ma précédente campagne. J ’espère que, sur ce point, vous pai’-
tagerez complètement ma manière de voir.
Veuillez agréer, etc.
Paris, le 16 novembre 1840.
A M. LE CAPITAINE DE VAISSEAU DÜMONT-D URVILLE, A TOULONMonsieur
le commandant,
J ’ai reçu le lapport que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser
le 8 de ce mois, pour m’annoncer l’ai’rivée à Toulon des
corvettes XAstrolabe et la Zélée.
J ’ai suivi, avec un très-vif intérêt, dans ce rapport l’aperçu des
opérations faites à bord de l’expédition, sous votre commandement,
depuis son départ d’Hobart-Town.
J'ai vu qu’animé d’un noble zèle pour la science, vous avez su
faire tourner à son profit chacune de vos relâches, et que d’importants
matériaux sont le fruit de cette périlleuse et longue
campagne.
Bien qu’il n’entrât pas spécialement dans l’accomplissement de
la tâche que vous étiez appelé à remplir, de veiller aux intérêts