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VOYAGE DANS L’OCÉANIE.
La veille de noire départ de Samboangan nous eûmes la d o u leur
de perdre l’un de nos meilleurs matelots, nommé Avril. 11
avait reçu à l’arrivée, dans le travail de la manoeuvre, une lé«^ère
blessure qui semblait à peu près guerrie, quand il fut tout à coup
saisi d’uiie attaque de tétanos qui l’enleva en vingt-quatre heures,
malgré tous les soins des médecins. Ce brave homme, que chacun
à bord aimait et estimait, laisse une femme et deux en fants
en bas â g e , qui mériteront certainement toute votre sollicitude.
Aujourd’hui tout le monde sc porte b ien, excepté l’élève de
première classe, M. Lafond, atteint d’une maladie clirouique,
pour laquellele médecin juge le repos e lle sé jo u r à terre indispensables
pour son traitement. En conséquence, j ’ai pris le parti de
le renvover en France par le navire de commerce \oBombaj, capitaine
Gaubil, qui mettra incessanieiit à la voile pour Bordeaux.
Veuillez agréer, etc.
Rade de Batavia, le 4 octobre 1839.
Je .¡en s de mu,lier sur la .-acle de Batavia , ou je vais essayer
de me procurer du viu pour les equipages, cer.ain qu il y sera .à
meilleur prix qu’à Hobarl-Towu ; s’il „ ’y eu a pas sur la p la c e,
ee q u e je c ra ïu sfo r t. d’après ee qu’on m’a dit à Samarang, des
demain jo remettrai sous voiles pour continuer ma route...............
Corvette VAstrolabe, Hobart-Town , le 15 décembre 1839.
Alonsieur le iMinistre,
d ur lm r e s p é r a n c e s ,
d a it près de huit mois, pour l’exécution des immenses travaux
qu nous venons d accomplir dans les archipels des Moluques,
la Sonde et des Plulippines, en retour elle nous a fait payer
chm^ement ses faveurs dans notre dernière traversée. ^
Geureux d avoir pu échapper, dans nos diverses relâches et
meme a Batavia , aux maladies si fréquentes et si meurtrières do
PIECES JUSTIFICATIVES. 177
ces parages; jaloux surtout de conserver un aussi précieux avantage
, à mon arrivée à Samarang, contre ma coutume, j ’avais
consigné nos deux équipages sur leurs navir es, et les ofiiciers
avaient eu seuls la permission de communiquer avec la terre.
Aussi quittâmes-nous celte rade avec deux ou trois malades seu lement
et en marche parfaite de convalescence.
Durant les deux jours que je dus passer à Batavia pour recevoir
le vin que j ’avais demandé, le commis d’administration
alla dans la ville pour régler les comptes avec le fournisseur ;
nulle autre personne , pas même m o i, ne bougea des corvettes ,
il y avait donc tout lieu d’espérer que nous quitterions ces contrées
sous les meilleurs auspices.
Cependant, avant de leur dire un adieu définitif, je voulus
remplir encore l’article de mes instructions qui me recommande
de visiter au moins un port de la côte de Sumatra; nous avions
reconnu une assez bonne étendue de sa côte orientale dans les
détroits de Banka et de Durion; mais le temps qui me talonnait
alors , ne m’avait point permis de m’arrêter ailleurs qu’à Singapour;
cette fois je choisis un point de la baie Lampoung, près
de la rade de Rajah-Bassah. La nature du sol, l’aspect des lieux,
la libre circulation de l’air dans une rade ouverte à tous les vents,
repoussaient toute idée d ’influence pernicieuse. Les collections
d’histoire naturelle s’enrichissaient d’objets précieux, et chacun
se félicitait des avantages de cette station ; mais, dès le troisième
jour, les rapports des médecins m’annonçaient que sur chaque
corvette, trois ou quatre personnes offraient des symptômes de
dyssenterie; bien qu’ils fussent loin d’étre alarmants , à l’instant
même, je donnai l'ordre de l’appareillage, les ancres furent levées
et deux jours après nos bâtiments perdaient de vue les côtes l’o-
doutées de J a v a , pour cingler vers les parages tempérés de la
Tasmanie. Tout en faisant des progrès, durant une quinzaine de
jours , la maladie fut loin de nous inquiéter sur le sort de ceux
qui en étaient atteints; mais, dans les derniei’s jours d’octobre,
elle prit le caractère le plus sinistre et le plus rebelle à tous les
efforts de la médecine. E n fin , nous eûmes la douleur de perdre
dix-sept personnes de l’expédition, savoir : onze sur la Zélée et
six sur XAstrolabe; dans ce nombre se trouvent trois officiers, savoir
: MM. Marescot, Lafarge et Gourdin ; je l'egrette bien vive-
X. 12
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