r
■'7(1
e.xistence aux grandes decompositions de la nature ; l’autre, le
typhus commun , n’est dû qu’à une infection circonscrite, née de
l’entassement de l’homme sur certains points.
Les diverses directions des vents sont certainement aussi la
cause des irradiations de l’infection, dont on a accusé la contagion
: celle-ci, je l’avoue, coupait court à toutes les difficultés ;
mais malheureuscnt, la dernière pérégrination du choléra à travers
le globe ne s’cn est pas contentée.
Lorsque des montagnes, des coteaux élevés coupent la direction
suivie par les miasmes ou les effluves, les plaines qui s’étendent
du côté du vent, au pied de la chaîne, reçoivent de cette circonstance
locale les influences les plus funestes; leur territoire
devient le séjour de prédilection du fléau, parce que le renouvellement
de l’air y est moins facile. Mais ces barrières pourtant ne
sont point infranchissables : les coupures plus ou moins surbaissées
qui séparent les principaux pics, les vallées où coulent les rivières
laissent bientôt passage à ces colonnes d’air sans cesse poussées
contre l'obstacle, et elles se répandent dans les vallées du
versant opposé.
Eu pénétrant dans un pays coupé de monts élevés en sens divers,
ces vents généraux perdent beaucoup de leur importance;
les brises dues aux dispositions locales sont presque les seuls courants
atmosphériques qui s’y fassent sentir. 11 en résulte qu’en
passant d’une vallée à l’autre, ils varient en raison de la configuration
inconstante du sol, et que les ramifications de l’infeclion
suivent les lignes les plus capricieuses, les plus singulières, si
l’on ne tient pas un compte minutieux des phénomènes dépendant
de la physique locale. On conçoit donc la nécessité d’étudier
la topographie des lieux successivement parcourus par les
épidémies. Car les accidents de la surface du globe modifient les
lois générales de sa météorologie; tout le monde accueillera cette
proposition de physique commune.
Les miasmes ou autres émanations qui s’écoulent d’une vallée
dans une autre, d’un versant vers un versant opposé, franchissent
1 obstacle que leur offl’ent les plus hantes montagnes, à l’aide des
raréfactions et condensations alternatives de fair. Les couches inférieures,
chargées de miasmes et d’effluves, se raréfient sans cesse,
et s’élèvent dans les hautes régions supérieures de l’air; elles s’y
condensent et se précipitent de nouveau vers les couches raréfiées
des parties basses. Il n’y a donc pas de doute que les émanations
nuisibles d’un sol infecté ne se mêlent, dans la région supérieure de
l’air, avec les vapeurs qui leur servent de véhicules, et qu’elles ne
sc retrouvent en dissolution dans les eaux fluviales. Cela explique
peut-être pourquoi les épidémies les plus meurtrières ont pai’u
suivre le cours des rivières.
Mais un seul foyer, quelque immense qu’il puisse être, peut-il
répandre l’infeclion sur toute la périphérie du globe, en franchissant
d’immenses espaces que le poison laisse intacts? Evidemment
non. Il faut donc qu’il se soit successivement développé
plusieurs épidémies. Mais alors il faut aussi admetlre quelles se
sont établies sur les points les plus favorablement disposés pour
le développement de la maladie, et qu’une autre cause inconnue
en a successivement fécondé les germes. C’est cette cause déterminante
du choléra qui voyage seule. Mais quelle est-elle ! Ici s ouvre
une immense porte aux hypothèses; elles s’offrent enfouie!
L’observation en est à son enfance, et le raisonnement est impuissant
: la cause détei’minante du choléra reste donc cachée!
1® Est-ce une modification particulière de l’électiicllé atmosphérique?
Ou sait que l’électricité de l’atmosphère a, sur notre
système nerveux, une action marquée : pendant le cours des épidémies
de choléra, beaucoup de personnes se plaignirent de lassitudes
extrêmes ; je les éprouvai mo'i-même
2® Est-ce une émanation terrestre spéciale? Rien ne l’indique;
cependant cela ne serait point un phénomène exceptionnel : au
Pérou, la terre répand une odeur marquée; la plaine de Lima
est, sous ce rapport, très-remarquable. Quelquefois même, les
émanations d’ammoniaque sulfuré deviennent tellement abondantes
qu’elles attaquent les peintures faites avec la céruse, et
qu’en très-peu d’heures, tout ce qui était blanc devient noir.
3® Est-ce une cause liée à l’état vaporeux de l’air? Pendant la
dernière épidémie de Brest, l’atmosphère fut constamment voilée ;
l’air était très-humide ; il plut très-peu en mai, juin, juillet,
* J ’ai observé très-souvent une liaison très-intime entre les affections
nerveuses, et l’élat électrique et magnétique de l'Océan atmosphérique au
fond duquel nousvivons.