thorax et de trois paires situées vers ses bords latéraux. La forme extérieure de ces organes a été
décrite précédemment (1); et quant à leur structure, nos investigations, qui ont dû ici être assez
limitées, ne nous ont conduit à la constatation d ’aucune différence avec la structure des veux des
Scorpionides. Pour ce qui est de l’ouïe, de l’odorat et du goût, nous manquons de toute donnée.
A l’égard du tac t, après avoir reconnu combien la sensibilité générale du corps devait être émoussée
par suite de la résistance des téguments, on a vu que ce défaut était compensé par la présence de la
queue. La queue, en effet, douée d’une grande flexibilité, garnie de poils plus ou moins roides et
serrés, pouvant être ramenée aisément au-dessus du corps et portée dans toutes les'directions au gré
de l’animal, paraît avoir les qualités nécessaires pour que notre Arachnide puisse acquérir une notion
des objets qui l’environnent.
Comme chez les Scorpions, les pattes sont conformées pour rendre le toucher assez sensible. Le
tissu souple qui revêt le tarse en dessous, les crochets qui le terminent, les épines mobiles qui garnissent
chacun de ses articles, les poils qui se trouvent sur les jambes et les cuisses, sont autant d ’instruments
propres à l’exercice de ce sens. En outre, les tarses antérieurs, d’une conformation particulière
dans notre Thélyphone, étant devenus de véritables tiges multi-articulées très-flexibles, augmentent
encore nécessairement la faculté du tact.
A P P A R E IL D IG E S T IF .
Le tube digestif du Thélyphone est un tube parfaitement droit, depuis la bouche jusqu’à l’orifice
an al, dont les différentes parties sont marquées par des étranglements et des dilatations bien prononcées.
Un appareil glanduleux enveloppe l’estomac. Le foie remplit presque tout l’abdomen et entoure
en tièrement Pi ntestin.
Bouche. — OEsophage. — L’orifice buccal est semblable à celui du Scorpion ; caché au-dessous dés
antennes-pinces, il consiste en une simple petite fente ayant des bords flexibles, située au-dessus de
l’appendice buccal impair.
L’oesophage, qui débute par un pharynx un peu dilaté en arrière, est un tube grêle assez long,
d ’abord cylindrique, élargi postérieurement et d ’une manière un peu brusque en un jabot assez
renflé (2). Celui-ci offre de chaque côté une dilatation anguleuse, produite par un ligament attaché
aux branches antérieures du plancher sternal, qui exerce une certaine traction. L’oesophage lui-même,
près de ¿on origine, est maintenu latéralement p ar un faisceau de fibres musculaires. De la sorte, la
portion antérieure du tube digestif se trouve tendue et empêchée de subir aucun déplacement durant
le passage des substances alimentaires. Ces ligaments, à n’en pas douter, aident au travail de la
déglutition par les mouvements qu’ils doivent imprimer à l’oesophage, comme déjà nous l’avons fait
remarquer à l’égard du Scorpion pour des dispositions analogues.
Les parois de l’oesophage sont fort minces, et ne présentent à l'intérieur que quelques plissures plus
ou moins apparentes dans l’état de vacuité du canal.
(■■1) Pag. 440.
(S) Pl. 9 , fig. 4 , 2 e t 3 a.
. Estomac. — Glandes stomacales. — L’estomac succède à la portion élargie de l'oe sophage, c’est-à-dire
au jabot. 11 occupe la moitié postérieure de la cavité céphalolhoracique, ce qui' montre que son déve-
loppement est considérable. Dilaté presque dès son origine, il se rétrécit d’nne manière très-sensible à
sa jonction arec l'intestin. Il présente de chaque côté quatre coecdms ou d iv e r lim lm d ’une ampleur
toujours remarquable, mais variable, néanmoins, suivant leur état de plénitude ou de vacuité (1).
D’ordinaire, l ’extrémité de ces coecums atteint les parois latérales de la cavité thoraciquej le premier
d entre eux est dirigé en avant et remonte quelquefois jusque sur les côtés de l ’oesophage; souvent
aussi on le trouvé plus ou moins recourbé et ramassé sur lui-même. Le second arrive par le bout entre
l origine des pattes de la première et de la deuxième paires; le troisième, au-dessus de l’origine des
pattes de la troisième p aire, et le quatrième vers la base des pattes postérieures. Ces dcecums s’écartent
donc les uns des autres de la base au sommet. Ils sont presque cylindriques et arrondis à l’extrémité,
mais on ne saurait décrire leur forme bien rigoureusement; dans certains cas, on les voit très-
■dilatés; au contraire, chez les individus qui ont subi un long jeûne, ils sont plus ou moins flasques
et aplatis (2).
En ouvrant l’estomac, on reconnaît que les coecums communiquent librement avec sa cavité, sans
qu il y ait aucun rétrécissement marqué à leur origine. Les matières ingérées dans l’estomac entrent
donc dans les dive rticu lum dès que celui-ci vient à se remplir.
Les parois de l estomac ont très-peu d’épaisseur; néanmoins, les tuniques qui le constituent deviennent
distinctes sous un grossissement d’environ 300 diamètres. La tunique interne semble composée
de granules extrêmement fins et se trouve tapissée par un mince épithélium ; la tunique externe est
fibreuse ; ce sont surtout des fibres transversales que nous avons nettement distinguées (3). Cette tunique
est revêtue extérieurement p a r une membrane de la plus grande délicatesse, dans laquelle nous n’apercevons
aucune structure. Les parois des coecums offrent une disposition semblable ; seulement, le tissu
fibreux, bien reconnaissable près de leur origine, ne se montre plus vers lèur extrémité.
Nous n ’avons du reste pu songer à approfondir notre étude de la structure des parois des différentes
parties du tube digestif dans le Thélyphone, avec des individus conservés dans la liqueur et encore
en nombre insuffisant.
Les glandes stomacales, dans cet Arachnide, ressemblent à certains égards beaucoup plus à celles
des Aranéides qu’à celles du Scorpion. Comme dans ce dernier type, cependant, ces glandes sont de
deux sortes bien faciles à reconnaître à la première inspection. Les unes revêtues d’une enveloppe
fibreuse, assez épaisse, dont la surface est lisse, entourent les côtés de l’estomac et embrassent étroitement
les coecums ou diverticulum aussi bien en dessus qu’en dessous. L’enveloppe détachée, on
découvre un tissu très-dense, circonscrivant une m ultitude de petites cavités ou plutôt d'utricules assez
régulières dont les parois sont granuleuses ; mais, faute de matériaux en quantité suffisante, nous n’avons
pu poursuivre l’examen de ces parties délicates. Dans les Aranéides, il existe des glandes de
'(4) P l. 9 , fig. 4 ; 2 o, c , et 3.
(2) Dans notre figure 4, l’estomac est représenté en position, vu en dessus. Dans le s figures 2 et 3 , il est plus grossi e t représenté
en dessous. Ces figures ont été faites d’après deux individus différents; e t comme on s ’e st attaché à reproduire tous les détails avec
une entière exactitude, il est permis, d’après ces exemples, de juger des petits changements de forme ou de direction que peuvent
subir le s diverticulum de l’estomac.
(3) Pl. 8 , fig. 4 6 , 2 6 , e t 3.