d’observations. En ce qui concerne les Oiseaux, on lui doit, outre ses études sur les spermatozoïdes et
sur les globules sanguins, des remarques sur les plumes (1), sur les fibres du coeur chez le Canard (2),
sur la fécondation de la Poule (3).
Jusqu’içi nous avons eu à citer peu de recherches anatomiques sur les Oiseaux, émanant d’auteurs
français ; cependant on ne restait pas inactif dans notre pays durant la dernière période du dix-
septième siècle; seulement les travaux qui s’accomplissaient en France ne furent rassemblés et publiés
qu’une suite d’années après leur exécution.
L Académie royale des sciences avait été fondée en 1666 ; cette création détermina un mouvement
scientifique important. Les élus tenaient sans doute à se montrer ; leur zèle ne fit pas défaut, et l’on doit
reconnaître que la plupart d’entre eux étaient servis par un certain talent. Ils mirent en lumière un
nombre de faits considérable, sans les approfondir beaucoup, il est v rai; mais comment leur en faire
un reproche? On était loin de songer alors à la nécessité de cette précision, de cette rigueur dans les
recherches, de cette netteté dans 1 exposition, de cette exactitude absolue dans la représentation des
objets qu’il faut, dé notre temps, toujours avoir en vue si l’on tient vraiment à honneur de sèrvir
utilement la science.
La ménagerie de Versailles fournissait aux anatomistes des animaux rares. Duverney, Méry, Claude
Peirault, portèrent ainsi leurs investigations sur un grand nombre d ’Oiseaux, particulièrement sur des
espèces étrangères à l’Europe. Souvent ils travaillèrent ensemble et, au début, VHistoire de l’Académie
n’indique même point la part de chacun d’eux.
D abord on examina la structure des plumes de l’Autruche et l’on signala la présence de corps durs,
comme des cailloux et des pièces métalliques, dans le ventricule de cet Oiseau (4).
Il fut constaté que l’oesophage des Pigeons est capable d’une dilatation plus grande que celui des
autres oiseaux. On vit leur oesophage s’enfler lorsqu’on soufflait dans la trachée, sans pouvoir comprendre
de quelle façon cet effet était produit (5).
On observa les poches aériennes dans divers oiseaux (Pintades, Autruches), et l’on reconnut (après
plusieurs autres observateurs) que les vésicules de la poitrine communiquaient par un petit trou avec
le poumon, qu’il y avait communication de celles du ventre avec les premières. On vit durant l’inspiration
celles d’en haut recevoir l’air du poumon en se dilatant, et celles d’en bas être comprimées et
pousser leur air dans les poches qui en recevaient déjà du dehors (6).
Les principaux viscères de la Grue, connue sous le nom vulgaire de Demoiselle de Numidie (Anthropoïdes
virgo) furent examinés (7). Sur le Casoar, on renouvela les observations relatives aux vessies aériennes.
Il parut que les ouvertures établissant la communication avec le poumon étaient susceptibles d’une
constriction et d une relaxion volontaires (8). Le canal intestinal de l’Ibis et de la Cigogne devinrent
1 objet de quelques recherches, et l’on pensa reconnaître une communication de la veine mésentérique
(4) Description des plumes sous le microscope.—Arcana natures détecta 4« (1695). De permis et plumis observations in
Malpighh opéra posthuma, p. 428, Amstelod (4698). Remarques sur les diverses couleurs des plumes des PerroquetÆÊOpéra
omnia, t. II, p. 322, Lugd. Batav. (1722).
(2) Opéra omnia, t. Il, p. 412, fig. 4. .
(3) Op. omnia, t. I, p. 462.
(4) Histoire deVAcadémie royale des sciences, de 4666 à 4686, 1.1, p. 436, etc. (publié en 4733).
' (5) Histoire de l’Académie, de 1666 à 4686, t. I, p. 440.
(6) Page 451. . * .
avec l’intestin, ayant injecté par la veine ou ayant introduit du lait dans l’intestin et comprimé
ensuite (1). : ' ' •
Duverney revint sur un fait déjà signalé depuis longtemps, sans toutefois paraître se douter de
l’état des connaissances acquises snr ce point ; la forme de la trachée-artère: de la Grne (Grue d ’Afrique’)
et la manière dont elle s’engage dans une cavité du sternum. D'autre part, la voix, chez le Coq,
lui sembla se produire vers la bifurcation de la trachée (2).
On constata l’acidité du suc gastrique chez le Pigeon (3). Méry s’occupa du cercle osseux de l oeil
dans différents oiseaux, et crut voir la sclérotique de l’Autruche composée de deux membranes (4).
Le même animal présenta aux anatomistes Duverney et Méry deux canaux biliaires; 1 un s insérant
dans le ventricule au-dessus du pylore, l’autre au-dessous, e t, chez le Canard, Méry signala
les vésicules osseuses situées au bas de la trachée (5).
Méry entreprit quelques expériences sur la respiration des oiseaux ; ces expériences montrèrent que
dans l’inspiration la poitrine se dilate, que le sternum s’éloigne des vertèbres, que les côtes s’éloignent
les unes des autres en s’élevant, et que les poches aériennes se remplissent d’air au moment de r a baissement
du sternum (6).
L’oeil de l’Autruche fut étudié.avec un assez grand soin. D’après les observations de Méry : deux
petits muscles tirent la paupière interne vers le grand angle de l’oeil; la paupière supérieure a trois
muscles; deux venant du bord de l’orbite vers le grand angle de l’oeil, et le troisième de là membrane
opaque de la sclérotique. Perrault montra comment la paupière interne'est tirée sur la cornée par le
moyen d’une petite corde ou tendon, et ramenée dans le: coin de l’oeil par des fibres qui la font plisser
et lui donnent la forme d’un croissant (7).
Méry, disséquant un Pélican, vit s’échapper l’air par la peau. Voulant se rendre compte de ce fait,
il fut conduit par une recherche attentive à reconnaître une communication des poches aériennes avec
des cellules sous-cutanées; il signala aussi la disposition des plumes en héxagones assez réguliers, et
les fibres musculaires allant de l’autre en s’entre-croisant'(8). Plus lard , il décrivit les deux muscles
qui ramènent la paupière interne des oiseaux dans le coin de l’oeil, l’un ayant son attache à la partie
postérieure du globe de l’oeil, l’autre à la partie postérieure de l’orbite et passant par-dessus le globe (9).
D’un autre côté, Duverney établit que les tendons s’ossifient souvent chez les oiseaux adultes (10).
Les membres de l’Académie ne se contentèrent pas-de la publication des observations détachées qui
viennent d’être rapportées. Tous leurs travaux anatomiques furent réunis par Cl. Perrault, et de la
sorte fut mis au jour l’ensemble de leurs recherches sur chacune des espèces animales qui avait été
l’objet des études des anatomistes de l’Académie. Ce sont autant de Mémoires accompagnés de nombreuses
figures (11). Dans ce recueil, les oiseaux ont une part très-considérable.
(4) Page 364.
(2) Histoire de l’Académie des sciences, t. II, de 1686 à 4699, p. 6 (4733).
(3) T. II, p. 8.
(4) T. II, p. 24.
(5) Page 48.
(6) Page 63.
(7) Page 448.
(8) Page 144.
(9) Page 279.
' (40) Journal des Sçavans, p. 249 (4689).
(41) Mémoires pour servir à l'histoire naturelle des animaux, dressés par M. Perrault. — Mémoires de l’Académie royale des
sciences, de 1666 jusqu’à 4 699 (1733).