Les Mammifères sont les Animaux vertébrés, vivipares, pourvus de mamelles, qui ont le sang
chaud et la respiration aérienne. Leur respiration est toujours localisée dans les poumons. Leur èircu-
lation est double, le coeur étant partagé en quatre cavités : deux ventricules et deux oreille.ttes. Leur
corps est le plus souvent revêtu de poils.
Ces caractères appartiennent à l’homme aussi bien qu’à tous les animaux pourvus de mamelles.
L’homme se trouve ainsi rangé, par tous les méthodistes, dans la classe des Mammifères. En se
•fondant sur les attributs physiques et sur la constitution organique, aucun naturaliste, en effet, ne
peut se croire autorisé à l’en séparer. Nous ne traitons pas de l’organisation de l’bomme dans cette
partie de notre ouvrage, par la raison que cette partie de la science offre un caractère de spécialité
que lui ont donné les études entreprises en vue dè l’art de guérir, et aussi les études nées du besoin
senti p ar l'homme de se connaître lui-même, e t surtout p ar la raison que l’exposition d’un tel sujet
réclame une étendue trop considérable pour n ’être pas l’objet d’un livre à part.
Il nous faut établir ce point; car, si dans tous les temps beaucoup d’esprits se sont en quelque
sorte révoltés contre l’idée d ’une association de l’homme avec les animaux qui s’en rapprochent le
plus par toutes les parties de l’organisme, depuis l’époque de Linné, les zoologistes, en général,
s’appuyant sur des faits irrécusables, n’ont tenu aucun compte des répugnances manifestées par des
écrivains le plus souvent étrangers à la science. De nos jo u rs, cependant, plusieurs savants pensent
que l’homme, par ses facultés intellectuelles, est isolé dans la création; qu’il ne doit, en aucune manière
, être associé aux animaux e t qu’on doit le considérer comme formant à lui seul un Bègne. Ce.
n ’est point pour nous le lieu d ’entrer dans une discussion à cet égard. Qu’il nous suffise de rappeler
que cette thèse a été développée avec un g rand talent et avec une connaissance entière des faits, comme
de toutes les opinions des auteurs, par notre savant professeur M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (1).
Les Mammifères Ont un nombre de représentants assez limité, si on les compare sous ce rapport
aux animaux de beaucoup d’autres classes. Leurs espèces actuellement vivantes, décrites par les naturalistes,'
ne dépassent pas le chiffre de séize à dix-sept cents. Les types de très-grande taille particulièrement
sont représentés par un nombre d’espèces fort restreint. Les débris des périodes géologiques
exhumés jusqu’à présent accroissent déjà d’une façon très-notable la série des Mammifères, e t, à n’en
pas douter, les recherches ultérieures produiront encore une grande augmentation. Les formes vraiment
typiques sont très-multipliées dans cette classe du Règne animal, relativement au nombre des
espèces. Une étude générale de l’organisation des Mammifères devient ainsi un champ extrêmement
vaste.
Avant de constater l’état actuel de nos connaissances louchant l’organisation des Mammifères et de
passer en revue les travaux qui ont élevé ces connaissances au point ou nous les trouvons, il n ’est pas
inutile de voir sous quels aspects divers les zoologistes ont envisagé les rapports qui unissent ces animaux
les uns aux autres. On aura de la sorte, par la comparaison, une idée nette de là valeur des
vues qui se sont fait jour suivant les.époques de la science et des progrès qui se sont accomplis.
(4 ) Histoire naturelle générale des Règnes organiques, t. 2 , p. 4 6 7 , chap. v u . — Des caractères qui distinguent l’homme des
animaux, e t du Règne humain. — Paris (4 856).
On sait comment .les anciens considéraient les Mammifères par les écrits d’Aristote. Le grand naturaliste
de la Grèce antique ne songe pas à établir parmi les animaux des groupes, comme le font les
zoologistes modernes, surtout lorsqu’il s’agit de divisions secondaires. Il remarque qu’on peut séparer
les animaux d ’après leur genre de vie, leurs moeurs et leurs parties. A l’égard des Quadrupèdes vivipares
( î ) , il montre les distinctions qu’on est conduit à faire par la considération de la forme de leurs
membres, par la nature de leur système dentaire, par le nombre e t la situation de leurs mamelles,
par la présence ou l’absence de cornes, etc., sans du reste s’occuper des coïncidences entre les modifications
dont il parle.
Aristote distingue chez les Quadrupèdes vivipares ceux dont les doigts sont séparés les uns des
autres et armés d ’ongles ou d e griffes, et ceux dont les doigts sont réunis et enfermés dans un sabot.
Parmi les premiers, il reconnaît plusieurs types caractérisés p ar le système dentaire. Ici, les dents de
devant ont un bord tranchant et les dents postérieures ont une surface élargie propre à triturer : ce
sont les Singes, « dont la n a tu re , dit-il, tient de l’homme e t des Quadrupèdes » ; là , les dents en
forme .de scie sont propres à manger de la chair et les ongles sont acérés, ce sont les carnivores;
ailleurs, les dents canines manquent, ce sont nos Rongeurs. Les Quadrupèdes à sabot sont distingués :
en espèces à sabots multiples comme l ’Éléphant, caractérisé encore par son système dentaire; en espèces
à deux sabots, les Ruminants, qui aussi manquent de dents sur le d evant d e la bouche ; en espèces à
sabot simple, les Solipèdes, c’est-à-dire le Cheval e t l ’Ane. Le Porc, suivanl l’auteur de Y Histoire des
Animaux, peut être classé avec les unes ou les autres, car on croit qu’en certaines contrées cet animal
a le sabot d’une seule pièce. Les Chameaux lui paraissent suffisamment reconnaissables entre tous les
Quadrupèdes p a rleu rs bosses. Enfin, parmi les Quadrupèdes, le.Stagyrite compte encore les Amphibies,
comme le Phoque, « dont toutes les dents sont en forme de scie, sans doute parce qu’il fait le
» passage dès Quadrupèdes aux Poissons, qui ont en général les dents conformés de la sorte ».
Pour Aristote, les Chauves-Souris, surtout caractérisées p a r leurs ailes de p e a u , sont des êtres
ambigus, tenant de la nature de l’Oiseau e t de celle du Quadrupède (2).
Les Cétacés ou les Baleines e t les Dauphins sont des animaux d’un type particulier, analogues aux
Quadrupèdes par leur mode de respiration e t semblables aux Poissons p ar leur forme extérieure comme
p ar leur séjour continuel dans l’eau.
L’homme représente au milieu de la création une division p articulière, celle des Bipèdes.
On a voulu souvent faire à Aristote un grand mérite de ses distinctions des différents animaux;
l’importance de ces distinctions a sans doute été un peu exagérée; la plupart, en effet, sont de la
catégorie de celles qui ont dû frapper les yeux de tous les hommes portant quelque attention sur
les êtres dont ils se trouvaient entourés.
Au seizième siècle les études scientifiques, si longtemps délaissées, reprennent faveur; mais pour
l’objet que nous examinons en ce moment, nous n’avons pas à nous.arrèter aux écrits des savants de
l’époque de la Renaissance.
Jean Rai, ce naturaliste anglais devenu célèbre par ses essais de classification zoologique, est le
( 1 ) TrtpaicoSa Çworoxa.
(2) Asp[Jl*7tTÎp«.