tance et une contractiüté indispensable. Cette cloison nous donne ainsi deux conduits, deux tubes
dans un seul. Chacun de ces conduits a son rôle particulier : l’inférieur, ou le ventral, sert de passage
à l’eau- qui va baigner les branchies ; le supérieur, ou le dorsal, sert de passage aux matières rejetées
par l’intestin.
En enlevant le tégument autour des siphons, on met à nu des faisceaux de fibres transverses, ou
mieux circulaires, puisqu’ils régnent tout autour, sans solution de continuité (1). Ces faisceaux de
fibres sont très-irréguliers, plus gros, plus minces, plus ou moins divisés ou enchevêtrés. Au-dessous
se trouvent les faisceaux longitudinaux, non moins irréguliers que les autres, mais plus gros. Comme
les fibres.transversales sont loin d’être toutes juxtaposées, on voit aisément en dessous les faisceaux
longitudinaux quand le tégument seul a été enlevé. Enfin, sur un troisième plan, c’est-à-dire à la face
interne, on distingue encore de nouveaux faisceaux transverses ou circulaire sseulement ceux-ci
sont plus aplatis et s’observent particulièrement à la base et à l’extrémité du siphon (2).
Cette disposition musculaire si simple explique parfaitement les mouvements des deux tubes. A
l’aide des muscles longs, ils se retirent ou s’étendent à la volonté de l’animal; à l’aide des muscles
circulaires', ils se resserrent ou s’élargissent de même, suivant le besoin de faire entrer l’eau ou de la
rejeter, ainsi que les matières excrémentitielles.
Les orifices des siphons sont garnis d’espèces de petites franges ou de houppes : ce sont des bouquets
isolés dont la base est fixée à la paroi interne des tubes, renforcée dans une certaine longueur
par des fibres musculaires transversales (3).' Ces franges, dont le tissji est formé de fibres très-délicates,
dirigées en divers sens et entre-croisées, nous semblent n’avoir d’autre usage, que d’augmenter le
tact, que de rendre les extrémités des siphons plus sensibles au toucher .des objets extérieurs. Des
naturalistes ont cru voir au bout de ces houppes des yeux analogues à ceux qu’on observe au bord du
manteau des Peignes, des Spondyles, e tc .'(4).; mais nous n’avons jamais pu rien découvrir ici de
semblable, et la ténuité des nerfs de ces franges, que nous avons suivis jusqu’à l’extrémité., prouvent
qu’il y a eu méprise de ce côté.
Muscles abdominaux. -^.Nous avons décrit et représenté (5) la forme générale de la partie abdominale
de la Pholade, et ce que l’on appelle ordinairement le pied. En détachant tout le tégument de
cette portion du corps, on voit aussitôt qu’il n’existe qu’un seul muscle de chaque côté. Ce muscle
abdominal (6) s’étend de la base de la masse abdominale à l’extrémité du pied : il est formé de faisceaux
aplatis comme des lanières et allant un peu en divergeant, qui se divisent avec plus ou moins d ’irrégularité,
absolument comme lès faisceaux musculaires du bord du manteau. Les muscles abdominaux
ne peuvent servir qu’à étendre ou à retirer le pied plus ou moins.
Le pied de la Pholade paraît tronqué à l’extrémité (7) ; l ’inspection anatomique rend compte de cette
forme. Latéralement les muscles maintiennent les parois dans un certain état de rigidité ; à l’extrémité,
(4 )P I.-i,fig .8 d .
¡8 P i-1| B I
(3) Pl. i , fig.-8 et 4.2, pl. h , fig. 4 et 2, pl. iv, fig; 2.
(4 Voyez Siebold, Lehrbuch der Vergluichenden Anatomie. —Manuel d'Anatomie comparée.
(5) Pl. I , fig. 44.
(6) Pl. I, fig. 44 6.
(7) Pl. i , fig. 2 e t 44.
le tégument n’étant retenu qu’au bord par les attaches musculaires, il retombe ainsi tout droit dans
l’intervalle compris entre les attaches des deux muscles latéraux.
En arrière des deux grands muscles, les parois abdominales sont maintenues simplement par quel-,
ques bandelettes musculaires plus où moins divisées (1). .
Ajoutons enfin que l’abdomen, chez la Pholade, est encore soutenu par deux cordons musculeux
s’étendant de chaque côté de l’orifice buccal jusqu’au bord antérieur du m anteau, en passant le long
du muscle adducteur antérieur (2). ,
Dans tout le reste de l’étendue de la masse abdominale, il n’existe plus aucun muscle véritable; le
tégument seul est garni de fibres délicâtes, entre-croisées irrégulièrement. Entre le tégument et l’appareil
digestif il ne se trouve qu’un tissu lacuneux assez semblable à du tissu cellulaire ou connéctif.
Nous en verrons l’usage en décrivant les organes de la génération.
Ainsi l’examen de la myologie de la Pholade nous permet de comprendre parfaitement les mouvements
que l’animal exécute pour ouvrir ou fermer sa coquille, pour faire arriver l’eau à ses branchies,
pour repousser celle qui a été utilisée par les organes.respiratoires, pour rejeter les matières excrémentitielles,
pour comprendre aussi l’action du pied permettait à l’animal d e se déplacer jusqu à un certain
point. Seulement il y a encore autre chose à considérer dans les mouvements de la Pholade : ce Mollusque
se creuse des cavités. On a énormément discuté sur le moyen employé par l’animal dans cet
acte. Il convient de rappeler en peu de mots les diverses opinions émises a cet égard ; on v erra combien
l’étude de l’organisation des animaux est nécessaire pour se faire une idée de leurs moindres
propriétés.
II est inutile d’entrer dans aucun détail touchant l’opinion des anciens zoologistes sur la manière
dont les Pholades creusent les pierres; ils n’ont pas fait de recherches sur ce point. Il a paru aux uns
que les remarquables perforations des Pholades étaient dues à un travail purement mécanique aux
autrès, et c’est- le plus grand nombre, à l’action d’un acide produit par l’animal, mais le sujet les a
médiocrement occupés.
Cependant, dès le siècle dernier, un auteur hollandais, Leendert Bomme, directeur de la compagnie
du Commerce à Middelbourg, dont l’attention avait été. appelée sur les Pholades par les dégâts que
ces animaux avaient occasionnés en criblant de trous les bois employés dans les digues de lile de
Walcheren, s’était convaincu que les Pholades parvenaient à se loger en se servant de leur coquille
comme d’une tarière (3).
Le mémoire de cet observateur demeura ignoré des naturalistes ; c’est M. Vrolik qui récemment
en a signalé l’existence (4).
Dans ces dernières années, les différentes opinions se sont manifestées d une maniéré complété ; des
observations directes ont été suivies avec beaucoup de soin.
(4) Pl. i , fig. 44.
'(2) Pl. i , Bg. 44 a.
(3) Mémoires de la Société scientifique de Flessingue, 4778.
(4) Sur la question de priorité po.ur la découverte du mode d’action des Pholades dans la perforation des pierres'. — Lettre de
M. W . Vrolik. — Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. XXXVI, p. 796 (4853).