F a m i l l e d e s MYGALIDES ( M Y G A L I D Æ ) .
Les Mygalides se reconnaissent assez aisément parmi les autres Aranéides, à leurs formés robustes
e t à leurs pattes épaisses, mais néanmoins les caractères extérieurs qui les distinguent n’ont rien de
frappant et surtout rien d ’absolument exclusif.
Ces Arachnides ont les yeux, au nombre de h u it, rassemblés sur une éminence occupant la partie
tout à fait antérieure du céphalothorax (deux plus grands que les autres, placés sur une ligne transversale,
et trois de chaque côté); leurs chélicères, maintenus sur un plan horizontal, avec leur crochet
se repliant exactement en dessous, le long d’une carêne; leurs orifices respiratoires au nombre dè
deux paires; leurs filières au nombre de quatre.
A ces particularités extérieures, il faut ajouter un caractère organique d’une importance plus
considérable. Les Mygalides ont leurs organes respiratoires localisés; ils ont seulement des sacs pulmonaires,
et il y a deux paires de ces organes, comme l’indique la présence d’autant d’ouvertures
stigmatiques.
Dans l’état actuel de nos connaissances, la famille des Mygalides est représentée par près d’une
centaine d’espèces décrites pour la plupart dans les ouvrages que nous avons mentionnés plus h au t, et
dans divers mémoires particuliers. Ces Arachnides, disséminés, comme les Scorpionides, dans toutes les
régions chaudes des deux hémisphères, composent le genre Mygale (Mygale), qui réunit le plus grand
nombre des espèces connues, e t quelques autres genres dont les caractères très-appréciables seront
pour nous l’objet d’une étude comparative.
Les Mygalides ont été distingués des autres Aranéides, dès l’année 1805, p a r Walckenaer (1). Us
formaient, pour ce savant, une tribu qu’il désigna sous le nom de Théraphoses (Theraphosa), groupe
pour lequel, en lui donnant une extension fâcheuse, M.*Léon Dufour proposa plus tard la dénomination
de Quadripulmonaires et La treille celle de Tétrapneumones (2 ), c’est-à-dire d’Araignées à quatre
poumons. Ces naturalistes, s’étant contentés d’un examen trop superficiel, rapprochèrent des Mygales
non-seulement des espèces qu i, pourvues de quatre orifices respiratoires, n ’ont cependant que deux
poumons (genre Dysdera) , les d eux orifices postérieurs étant en communication avec des trachées qui
se ramifient dans les différentes parties du corps, mais encore des araignées ne possédant pas plus de
deux ouvertures stigmatiques (genre Filistatd).; du re ste , la famille des Mygalides a éié bientôt
ramenée à ses véritables limites par plusieurs des zoologistes qui se sont occupés des Arachnides :
M. Sundevall, en s’attachant à la considération de l’ensemble des caractères extérieurs (3); Dugès,
en se fondant sur la connaissance qu’il avait acquise de l’organisation de ces animaux (4).
Le genre Mygale (Mygale), établi p ar Latreille en 1802 (5 ), renferme les plus grandes espèces d’A-
ranéides, les plus favorables p ar conséquent pour les études anatomiques; aussi les investigations sur
sur ce type sont-elles loin d ’avoir fait défaut. M. Straus-Durckheim avait poursuivi des recherches sur
(1) Tableau des Aranéides.
(2) Annales générales des sciences physiques, t . VI. (4 820). — Voy. aussi Latreille, Cours dEntomologie, p. 502 (4834).
(3) Conspectus Arachnidum, p. 23 e t 28 (Mygalides) (4 833).
(4) Observations sur les Aranéides. — Annales des sciences naturelles, deuxième sé rie , t . VI, p . 459-462 (Mygalées) (4 8 3 6 ).
(5) Histoire naturelle des Crustacés et des Insectes, t. m , p . 49 (4 802). — Chose fâcheuse, le nom d e Mygale, s i connu comme
désignant les Aranéides dont nous nous occupons en ce m oment, devrait être changé, car il a été appliqué par Guvier, dè s l’année
4800, à un genre remarquable de la classe de s Mammifères, le Desman.
une Mygale dé la Guyane (Aranea avicularia, Linné), et promettait sur ce sujet un travail spécial qui,
malheureusement, n’a jamais vu le jo u r; l’auteur a mentionné seulement diverses particularités relatives
au système musculaire dans le bel ouvrage qui a pour objet essentiel l’anatomie du Hanneton (1).
Plus récemment, Dugès a fait connaître, au moyen d’excellentes figures, une grande partie de l’organisation
de la Mygale du midi de la France (Mygale coementaria, Latreille) (2), e t un auteur allemand,
Wasmann, a publié sur la Mygale aviculaire une étude anatomique fort incomplète sans doute, mais
cependant déjà très-détaillée pour certaines parties de l’organisme (3). Néanmoins, malgré les travaux
recommandables de ces savants e t quelques observations détachées que nous aurons l’occasion de rappeler,
le type des Mygalides réclamait encore bien des recherches minutieuses; on sait, par exemple,
que, si la conformation générale du coeur avait été observée dans ces Arachnides, aucune notion précise
touchant l’appareil de la circulation du sang n’était du reste acquise à la science.
L’espèce qui doit ici nous servir d e type est la plus grande que l’on ait rencontrée dans l’Amérique
du Sud.
LA MYGALE DE LEBLOND (MYGALE BLONDII).
Mygale d e L e b lo n d , Latreille. Histoire naturelle des Crustacés et des Insectes, t . VII, p . 459.
M y g a le b lo n d ie n n e , Walckenaer. Tableau des Aranéides, p. 4 (4 805).
Mygale Blondii, Latreille. Généra Crustaceorumetinsectorum, t. I , p . 8 3 , tab. 5 , fig. 4 (4806).
Hahn. Die Arachniden, Bd. 4 , s . 2 5 , tab. 7 (4 8 3 3 ).
Lucas. Histoire naturelle des Crustacés, des Arachnides et des Myriapodes, p . 335 (4 837).
Walckenaer. Histoire naturelle des Insectes aptères, t . I , p. 240 (4 807).
Cet Arachnide a une longueur de 50 à 75 millimètres du bord antérieur du céphalothorax à l’extrémité
de l’abdomen; il est en dessus d’un brun uniforme très-foncé e t revêtu de poils roussàtres ou
même rougeâtres, particulièrement sur l’abdomen, e t, en dessous, d ’un noir velouté, avec les tubes-
filières supérieurs très-longs et les articles copulateurs des pattes-mâchoires du mâle épais, un peu
coniques, terminés par une partie grêle, légèrement arquée. Il est répandu à la Guyane et au Brésil.
Les Mygales qui ont.été employées pour nos recherches, les unes vivantes, les autres conservées
dans la liqueur, provenaient du Brésil, principalement de la province de Bahia. Comparées aux exemplaires
de la Guyane rapportés p a r le médecin-naturaliste Leblond, c’est-à-dire aux exemplaires qui
ont servi à Latreille pour sa description de la Mygale Blondii, les femelles ont paru bien positivement
appartenir à la même espèce; il est resté plus d’incertitude à l’égard des mâles, à défaut de renseignements
précis touchant leur origine.
La réserve que nous montrons ici à propos d’une détermination spécifique sera aisément comprise
des zoologistes qui ont un peu porté leur attention sur les grandes Mygales des Antilles et de l’Amérique
du Sud. Ces Arachnides appartiennent à plusieurs espèces extrêmement voisines, dont les caractères
n’ont jamais été précisés d’une manière comparative p a rle s nomenclateurs. Les individus mâles
étant toujours rare s , relativement aux femelles, e t, dans la plupart des cas, les descriptions étant
tracées d’après ces dernières, il en résulte souvent une véritable difficulté pour reporter tel mâle
à l’une plutôt qu’à l’autre. Le secours précieux que donne une indication exacte de la région du
(4) Considérations générales sur Ianatomie comparée des animaux articulés, auxquelles on a joint l’anatomie du Melolontha
Yulgaris (Hanneton) (4828).
(2) Règne animal, de Cüvier, édition'illustrée— Arachnides, pl. 4 , 2 e t 3 (4 8 3 6 ).
(3) Beitr'dge zur Anatomie der Spinnen. — Abhandlungen aus dem Gebiete des Natimoissenschaftenr-Vereins zu Hamburg, Bd. I ,
s . 434 (4 8 4 6 ).