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24 L’ORGANISATION DU RÈGNE ANIMAL.
le cerveau, les ganglions abdominaux et les ganglions postérieurs ou branchiaux. Il y a en outre quelques
noyaux accessoires.
Les centres nerveux ont tous une coloration jaune bien prononcée; leur consistance est très-molle.
Formés d’une multitude d’utricules entre lesquelles il y a peu de cohésion, si l’on vient à déchirer le
névrilème, cette pulpe se répand avec la plus grande Facilité. Du reste, par l’examen microscopique,
nous n ’avons pu constater qu’une parfaite homogénéité dans cette substance nerveuse (I).
Le névrileme a au contraire une grande résistance; cette résistance est telle que si l’on fait sortir
toute la pulpe médullaire, le névrilème conserve à peu près la forme du ganglion.
Dans la constitution des nerfs, malgré des observations cent fois répétées, nous n’avons pas réussi à
distinguer autre chose qu’un seul faisceau de fibres naissant des corps ganglionnaires. Aucune fibre ne
nous a paru passer au-dessus ou au-dessous de la pulpe des masses médullaires abdominales et branchiales.
Ainsi, en examinant aux deux extrémités l ’origine des conneclifs qui unissent les ganglions céré-
broïdes aux ganglions abdominaux et aux ganglions branchiaux (2), nous avons vu les fibres nerveuses
se perdre au point où elles sont en contact avec la pulpe médullaire (3). S’il existe dans les nerfs de
ces Mollusques des faisceaux de fibres particuliers pour la sensibilité et la motilité, par aucun moyen
nous ne sommes- parvenu à les rendre distincts, comme on y parvient si aisément chez la plupart- des
Articulés à l’aide de certains agents et notamment de l’essence de térébenthine, qui a la propriété
de raffermir et de rendre d’un blanc opaque le système nerveux de la plupart des animaux invertébrés.
Dans les nerfs de la Pholade comme dans ceux de tous les Acéphales en général, les fibres sont
parallèles, peu tendues, faiblement serrées et extrêmement molles. Le névrilème qui les entoure est au
contraire très-solide. Cette structure permet sans grande difficulté de faire passer une injection dans les
gros troncs nerveux. En ouvrant soit le ganglion, soit le nerf lui-même pour introduire l’extrémité de
la seringue, on arrive aisément à faire pénétrer un liquide coloré. Le liquide refoule les fibres nerveuses,
et le névrilème remplit l’office des parois d’un vaisseau. Il va sans dire que l’injection ne saurait
jamais s’étendre bien loin ; les fibres nerveuses refoulées et accumulées sur un point constituent
tout aussitôt un obstacle invincible au passage du liquide injecté. -
Chez les Acéphales, les ganglions cérébroïdes n ’ont aucune prédominance manifeste sur les autres
centres, médullaires, soit par leur volume, soit par l’importance des organes auxquels ils envoient leurs
nerfs. Dans laPhoIadè même leur dimension comparée à celle des ganglions postérieurs ou branchiaux
est très-réduite. S’ils ont une prédominance, on peut la voir seulement dans leur position antérieure,
et dans ce fait qu’ils sont unis par des conneclifs, d’une p a rt, aux ganglions abdominaux, et d’autre
p a rt, aux ganglions postérieurs, tandis que ceux-ci n e sont pas unis entre eux.
D’après la disposition et la structure du système nerveux de ces Mollusques, on doit croire que le
sentiment d ’une impression extérieure peut être reçu au même degré et indifféremment par l’un ou
l’autre des centres médullaires, suivant la partie du corps qui est affectée. Des expériences faites sur
les animaux vivants sont de nature à confirmer pleinement cette opinion.
Si sur une Pholade ou tel autre Acéphale vivant on touche les parties environnantes de la
bouche, en ayant soin de ne produire aucun ébranlement sur les autres points du corps, on voit
aussitôt se contracter chez l ’animal la portion parcourue par les nerfs qui naissent dés ganglions céré-
I I Pl. H, fig. 3.
(2) Pl. n , fig. | c, 5 6 , 6 6.